Le travail sur l’Aéroport de Québec s’est terminé en 2008. Les échéances étaient serrées, pressantes: il fallait avoir terminé les travaux pour le Sommet de la Francophonie. Les plans n’étaient pas terminés que la construction était déjà commencée. Un véritable marathon. Surtout considérant l’ampleur de la structure: "Un aéroport, c’est un peu comme un gratte-ciel, mais couché au sol. Si on la mettait à la verticale, la construction serait plus haute que le Complexe G", lance l’architecte Marc Letellier. Avec son équipe de GLCRM Architectes, il a mis en place les bases qui ont guidé la réinvention. "On a écouté le client, vu ce qu’il voulait. Puis, on a tenté de faire le meilleur bâtiment dans un contexte donné – économique, temporel, urbain – tout en analysant le rapport du bâtiment avec ceux qui l’entourent, les fonctions des espaces qui le composent. Il fallait coller d’abord et avant tout aux besoins du projet, essayer de trouver la meilleure solution qui y répondrait."
Un élément, essentiel, ressortait des objectifs de l’agrandissement: faire de ce lieu une signature pour la ville de Québec, lui donner un côté identitaire fort. La solution? Des matériaux symboliques. Utiliser sur certains axes du verre dépoli qui prend l’apparence d’un bloc de glace. Créer un plancher de granit fait de pierres de la Beauce. Construire une colonne qui rappelle un mât de bateau. Bref, s’assurer que, dans la construction, on crée des rappels d’éléments phares de la capitale. Qu’on connecte l’aéroport avec l’ensemble urbain auquel il est lié. Un lien esthétique, donc, et aussi structurel: lorsqu’on y arrive, via le boulevard de l’Aéroport, le bâtiment chapeauté d’un grand panneau projetant des images de voyage rappelle le profil de la ville. "C’est octogonal, il y a une découpe plutôt urbaine: on se sent plus en ville. Alors que, de l’autre côté, vers les pistes d’atterrissage, il y a plutôt une courbe qui fait allusion à la vélocité de l’air sur l’aile d’un avion", explique Marc Letellier.
Cela dit, il ne faut pas limiter l’aménagement à l’aspect esthétique. Le lieu doit être d’abord et avant tout accueillant, chaleureux. Et fonctionnel. L’architecte a ainsi choisi de regrouper point de fouille et salle d’attente. "Il faut dire qu’un aéroport, c’est avant tout fonctionnel. Sa forme est dictée par l’agencement des avions et des passerelles d’embarquement. Sa structure est extrêmement réglementée." Dans tout ça, des locaux aérés. De grands espaces. Tout pour que le passager puisse, intuitivement, s’y retrouver. Bref, qu’il y ait suffisamment d’éléments qui puissent en faire un lieu unique, mais, en même temps, que l’endroit s’inscrive dans l’esprit général des aéroports, ici et ailleurs. "C’est une nouvelle porte d’entrée pour Québec qui est digne de la ville, qui est identitaire, qui lui donne une signature. C’est un axe chaleureux par ses espaces, ses volumes. Et c’est aussi un lieu convivial, malgré l’aspect parfois inquiétant associé aux voyages."