La construction, entamée au début du mois de décembre, est achevée. Ou presque. Avec ses 5,4 mètres de haut et ses 3000 mètres carrés de superficie, l’Hôtel de glace impressionne. Trente-six chambres et suites thématiques. Plusieurs à-côtés. Mais, surtout, une maîtrise affinée de la construction de neige ou de la sculpture de glace. Les matériaux deviennent à la fois le médium et l’objet. "La magie opère dans la rencontre entre eux deux, c’est avec ça que les artistes doivent être capables de jouer. D’ailleurs, lorsqu’on construit l’hôtel, il y a toujours une question à laquelle il faut pouvoir répondre: pourquoi est-ce qu’on le construit en neige et en glace? Il faut pouvoir dire que ce qu’on fait ici, on ne pourrait pas le faire avec d’autres matériaux", explique le président-directeur général de l’Hôtel de glace, Jacques Desbois.
Le point de départ du travail? Une thématique. Une direction artistique. Pour le 10e anniversaire, c’est à la nordicité qu’on s’est intéressé: conditions géographiques, répercussions culturelles et sociales, univers glacé. Ainsi, pour 2010, on a construit un igloo de 40 pieds de diamètre au coeur de la structure. Et, au fil des activités, on y explore différentes thématiques en lien avec le Nord, des préoccupations environnementales au mode de vie des communautés innues. "En 10 ans, on peut dire qu’on a positionné l’Hôtel de glace comme événement, comme outil d’émerveillement. Et on a aussi pris conscience que notre hôtel, ce n’est pas seulement un objet, c’est maintenant aussi un médium", observe le directeur. Une réflexion qui, à certains égards, a influencé le travail des artistes. Sans excès, toutefois: "On n’a pas besoin de dire qu’on conçoit chaque pièce en fonction de la thématique: l’ensemble de l’oeuvre, en tant que tel, représente le thème de la nordicité."
Ainsi, une suite, réalisée en collaboration avec Équiterre, reprend le thème des ours polaires de Copenhague. D’autres reproduisent des fonds marins, créent une ambiance de recueillement sous la neige, ou s’inspirent des roses pour amener une ambiance particulièrement romantique. "Dans l’hôtel, le défi d’aménagement, il est à l’intérieur. C’est un défi de design. Sur le plan de la structure, il est conçu pour être protégé des changements de climat. Dehors, il ne paie pas vraiment de mine: il faut franchir la porte pour le découvrir véritablement", note Jacques Desbois. Et de plus en plus, les artistes occupent tout l’espace: chambres, couloirs, salles communes, sculptures de neige et de glace, jeux de lumière. Certains aménagements sont développés selon des thématiques dirigées. D’autres, à l’initiative des artistes ou du directeur artistique. L’essentiel? Se renouveler. Et offrir une variété d’ambiances. "La structure est comme un grand labyrinthe, car il faut qu’il y ait de la découverte. D’ailleurs, le ton est donné à l’entrée: elle n’est pas directe, il faut la trouver! Ça change le coup d’oeil, la relation que les visiteurs auront avec la structure."