Vie

André Carpentier : Au café, un artiste

Dans son dernier ouvrage, André Carpentier invite ses lecteurs à flâner avec lui dans les cafés de Montréal. Rencontre.

André Carpentier est un flâneur. Dans Ruelles, jours ouvrables, il faisait l’apologie des petites cousines de nos grandes rues. Avec Extraits de cafés, l’auteur et professeur de géopoétique à l’UQAM continue son exploration des lieux qui donnent à la ville son âme.

Un café, c’est "un réseau de tensions dynamiques échappant, le plus souvent, à notre regard fané de tous les jours", écrit Carpentier. Ce n’est, au fond, qu’un contenant, une tasse vide. Pour Carpentier, c’est le contenu qui compte, le mariage d’un lieu et des gens qui viennent le visiter, qui se l’approprient.

"Ce qui m’intéresse, c’est la vérité du café, plus que l’exacte description du commerce. L’intérêt n’est pas de faire la chronique de ce que je vois, mais plutôt de décrire l’effet que ça produit sur moi", explique-t-il lors de notre rencontre au Café Souvenir, rue Bernard.

Extraits de cafés est donc une collection de vignettes. Les chapitres se présentent comme des miscellanées de moments glanés à la volée, au coin d’une table ou d’un comptoir. On y croise des couples qui babillent, des étudiants amorphes, des goujats pressés, des jeunes filles en fleurs, des familles nombreuses, des amis en vadrouille.

"La tradition autorise à écrire dans les cafés", rappelle l’auteur en préface au livre. C’est ce qui lui a permis de jouer les espions. "J’ai récolté énormément d’anecdotes. C’est un procédé qui rappelle celui de Philippe Delerm: l’épuisement d’un lieu, d’un endroit. La difficulté pour moi a été de faire le tri de toutes mes observations. Le livre aurait pu être trois fois plus long!"

Le cliché de l’écrivain de café, qui travaille dans son coin, évoque une autre fonction du café. C’est tout autant un lieu de rencontre qu’un lieu d’isolement. "Le café est le lieu de la solitude parmi les autres. Il y a sans doute un discours de psychologue autour de la différence entre être seul chez soi et être seul dans la multitude. Assis à la table d’un café, on est dans le monde. On peut y mener, simultanément, une double vie, à la fois solitaire et sociale."

Extraits de cafés
d’André Carpentier
Éd. du Boréal, 2010, 342 p.