Vie

Ramoisy Tremblay : Allier historique et contemporain

Respecter l’historicité d’un bâtiment sans renier l’intégration d’éléments actuels. C’est là l’approche des architectes de Ramoisy Tremblay dans la restauration de bâtiments anciens. Une approche qui leur a d’ailleurs valu récemment un Mérite d’architecture de la Ville de Québec.

Lorsqu’on parle de restauration, nécessairement, il faut se questionner quant au regard à porter sur l’édifice concerné. "Il faut se positionner par rapport à la valeur même du bâtiment", indique l’architecte Lucie Tremblay, de la firme Ramoisy Tremblay. Dans le cas du projet qui leur a valu un Mérite d’architecture, la maison Robert-Paré, dans le Vieux-Port, cette valeur était incontestable, tant en raison de son architecture que de son histoire. Construit en 1876 par un architecte reconnu, ce bâtiment conçu pour lier logement et commerce a été le premier immeuble à toit plat dans la capitale.

Lorsque la SODEC, propriétaire de l’endroit, contacte la firme Ramoisy Tremblay, il est décidé que le bâtiment sera requalifié en respect de ce qu’il était à l’époque. On rétablit l’aménagement du toit plat. On intègre des fenêtres de bois, façon traditionnelle. Et on fait appel à des artisans pour une bonne part du travail, par exemple pour la maçonnerie et la ferblanterie. Comme l’édifice est désaffecté depuis trop longtemps, on doit tout reconstruire l’intérieur, mais on le fera dans le respect de ses fonctions d’antan. Vif contact avec l’histoire, donc. Mais pas de mimétisme: il fut décidé de ne pas cacher les interventions modernes. Exemple? Sur la façade, vieilles et nouvelles pierres se côtoient, bien discernables.

Cette idée d’intégration du neuf et du vieux, du moderne et de l’ancien peut être appliquée de différentes manières. À preuve, une autre intervention, à venir, sur le Musée des Ursulines, dans le Vieux-Québec. Le projet? Un ascenseur. Construit en annexe au bâtiment, il sera couvert de plaques d’aluminium et relié au musée, construit en 1837, par des couloirs de verre. "Dans ce cas, on a préféré se distinguer avec une approche plus contemporaine." Il s’agit de signifier l’apport actuel. De laisser voir, clairement, que la nouvelle fonction date de 2010. "De plus, l’ajout ne vient pas altérer le bâtiment par une approche destructive: les couloirs passent par des fenêtres et, de cette manière, on ne vient pas briser le bâtiment." L’intervention sera faite avec soin. Et apportera une donnée nouvelle à l’endroit, notamment avec la lumière qui se reflétera des parois d’aluminium aux murs rocailleux des autres édifices.

Pourquoi cette approche? "Il s’agit de montrer que les bâtiments vieillissent, qu’ils s’adaptent. Pourquoi tenter d’imiter un bâtiment vieux de 200 ans alors que l’intervention est complètement contemporaine? On peut plutôt saisir l’évolution d’une trame bâtie: le patrimoine n’est pas seulement bon s’il a 200 ans! Si on fait quelque chose maintenant, on peut avoir une position franche, avec une approche actuelle, faire quelque chose de beau aujourd’hui", lance Lucie Tremblay. Un choix effectué en accord avec l’environnement bâti qui l’entoure. "Le patrimoine a une histoire. Si on veut la continuer, il faut construire en ayant une pensée actuelle."

Ramoisy Tremblay Architectes
89, rue Saint-Pierre
418 694-0936