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Coco Rocha et la dictature de la maigreur : Coco accuse!

La top canadienne Coco Rocha, égérie d’Yves Saint Laurent, s’attaque à la dictature de la maigreur et en appelle à la responsabilisation de l’industrie de la mode. Entrevue exclusive.

La top-modèle canadienne Coco Rocha a défilé pour Marc Jacobs, Jean-Paul Gaultier, Prada, Chanel, Diane von Furstenberg. Mais certains designers la boudent. Le problème? L’égérie d’Yves Saint Laurent avouait récemment au New York Times que dans certains cercles, on la trouvait trop grosse. Coco Rocha porte du 4. Pour défiler à New York, il faut porter du 0. C’est 14 tailles de moins que la moyenne des Américaines.

En personne, Coco Rocha, 21 ans, est époustouflante: une grande perche filiforme aux jambes interminables et au regard hypnotique. Elle a des hanches, des seins. Mais voilà, dans une industrie qui oblige les mannequins à ressembler à des adolescentes prépubères, avoir un corps de femme peut être un handicap. "C’est une question qui me tient particulièrement à coeur. À mes débuts, on m’a souvent demandé de perdre du poids, et j’obtempérais. Mais maintenant, j’ai assez confiance et assez d’expérience pour dire non aux voeux irréalistes de certains clients. Je considère qu’en tant que mannequin, j’ai la responsabilité de projeter une image saine. Des millions de jeunes filles nous prennent comme modèles. Mais si les mannequins crèvent elles-mêmes de faim ou, pire, souffrent d’anorexie, on entre dans un engrenage particulièrement malsain et dangereux", nous confiait-elle lors d’un petit-déjeuner en tête à tête.

J’accuse!

La Vancouvéroise annonce un nouveau genre de mannequins. "Nous sommes à l’ère des médias sociaux, la conception du mannequin en tant que déesse muette et inaccessible ne tient plus." Comme beaucoup de ses collègues, Coco anime son blogue, alimente un compte Twitter et une page Facebook, autant de moyens qui lui permettent d’entretenir des liens avec ses fans et ses consoeurs mannequins. Mieux encore, Coco n’hésite pas à utiliser ces nouvelles tribunes pour faire connaître ses opinions, quitte à faire la leçon à l’industrie qui la rendue riche et célèbre. "Être un mannequin, ce ne pas être une marionnette!" commentait-elle en entrevue.

Coco Rocha publiait le mois dernier sur son blogue une condamnation des excès de la mode, son J’accuse, en quelque sorte.

"Nous pouvons certainement tous comprendre en quoi il est moralement condamnable de dire à une jeune fille de 15 ans qui est déjà mince qu’elle est trop grosse", a-t-elle écrit. "Il est inexcusable qu’un adulte demande à une enfant de perdre du poids de manière non naturelle, mettant sa santé en péril. Qui peut défendre une esthétique qui fait des femmes des squelettes émaciés? Est-ce de l’art? La mode devrait sublimer le corps humain, pas le détruire."

C’est parce qu’elle aime la mode que Coco n’a pas peur de prendre d’assaut ses employeurs potentiels. "J’adore la mode, ça peut être un art. Vous savez, la récession est passée par là. Beaucoup de maisons vont mal. De jeunes designers s’imposent, les méthodes de travail changent, deviennent plus efficaces. Et puis les grandes marques n’ont plus vraiment le luxe de ne pas se fier à l’opinion publique et d’ignorer leurs responsabilités. Puisque tout change, c’est l’occasion de s’attaquer aussi à la dictature de la taille 0. C’est ce qu’essaie de faire le CFDA (Council of Fashion Designers of America). Mais c’est un combat difficile qui nécessite les efforts de l’industrie de la mode au complet."

www.ohsococo.blogspot.com