Vie

Las Boleadoras : Des pieds et des mains

Las Boleadoras, danse traditionnelle argentine utilisant des instruments de chasse et de guerre, a largement dépassé les frontières de ce pays en intégrant le milieu du spectacle. Et on peut désormais y être initié à Montréal.

Ann Bernard est une artiste multidisciplinaire, danseuse, percussionniste, chorégraphe, clown, qui propose désormais ce cours, pour le moins particulier… C’est en 1984 qu’elle a été initiée à cet art, alors que son père travaillait comme musicien pour le Cirque du Soleil. "À la base, je voulais être danseuse, je faisais alors de la danse classique, du jazz moderne et un peu de flamenco." C’était sans compter sa rencontre avec un trio qui présentait des spectacles de boleadoras, spécialité mariant la technique des mouvements de pieds (zapateos) et le maniement des boleadoras (ou bolas). "J’ai appris avec un des membres du trio, Luis, un Argentin qui s’est établi au Québec en 1986." Pendant trois mois, et huit heures par jour, Ann pratique ce qui va devenir son art et son métier, puis suit des cours de perfectionnement en Argentine. On la retrouve ensuite notamment au coeur d’un trio qui se produira 1500 fois dans Saltimbanco, du Cirque du Soleil, mais aussi dans divers spectacles et créations, au Canada aussi bien qu’en Europe ou en Asie.

Outil de plaisir

La discipline, qui s’enseigne désormais à Montréal, s’adresse autant aux hommes qu’aux femmes. Ces dernières y trouveront peut-être, à l’instar d’Ann, "une façon d’exprimer des émotions, de prendre sa place en faisant du bruit, de développer le côté macho qui est en nous".

Si la technique est importante, il reste que le but ultime est le plaisir. Alors on fait fi de nos craintes et de nos conditionnements, notamment concernant une éventuelle incapacité à battre la mesure, et on se lance! "Le rythme, c’est le coeur, ses battements, notre pulsion intérieure. Souvent, c’est la panique qui fait que l’on ne l’entend plus." On se relaxe, donc, et on suit les directives de notre professeure, qui nous fait faire des exercices rythmiques avec les pieds seulement, puis les mains, et les deux combinés.

Reste le travail de la manipulation des boleadoras. "C’est le même type de difficultés que l’on peut connaître quand on apprend à jouer d’un instrument de musique. Je donne des repères pour que l’on s’amuse avec ça… et de l’énergie!" Ça, on n’a aucune difficulté à l’imaginer, surtout quand on sait qu’Ann accompagne les élèves au bombo, un tambour utilisé dans le folklore d’Amérique du Sud, notamment argentin.

Si on devait tout de même indiquer un prérequis, ce serait quoi? "C’est comme tout… la patience! La base, c’est un mélange de rythme et de coordination, il faut évidemment synchroniser les mouvements."

Le matériel consiste en des boleadoras, qu’Ann fabrique – "elles ne sont pas très lourdes, donc elles font moins mal quand on se frappe!" – et prête ou vend à ses élèves. On commence avec des souliers de marche ou de course. "Après, on peut trouver des souliers qui font du bruit."

Pour de l’information concernant la prochaine session de groupe (prévue au courant d’avril), les cours privés, les stages d’initiation d’une fin de semaine, et surtout voir des vidéos d’Ann Bernard en action, on consulte le site www.annbernard.ca.