Et le gagnant est… la firme néerlandaise OMA (Office for Metropolitan Architecture)! Ce sont ses plans qui ont été retenus pour le projet du nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts du Québec par le jury présidé par Charles-Mathieu Brunelle, des Muséums nature de Montréal, et dont faisait notamment partie John Porter. Grande favorite parmi les cinq firmes finalistes, OMA est basée à Rotterdam et possède des bureaux à New York – où le projet a été conçu – et à Pékin. Menée par l’architecte de renom Rem Koolhaas, elle a réalisé, entre autres, la Casa da Música de Porto, au Portugal, et la Bibliothèque centrale de Seattle.
Les défis qu’OMA avait à relever pour gagner le coeur des jurés étaient nombreux, et les contraintes aussi: respecter l’héritage patrimonial du site et des alentours tout en s’inscrivant sans ambages dans le 21e siècle, rallier l’urbain et la nature, miser sur le développement durable… Tout ça en offrant de nouvelles galeries, dont des espaces pour exposer des oeuvres tirées de la collection du MNBAQ qui dorment présentement dans les réserves. Au total, le nouvel édifice ajoutera plus de 10 000 m2 de superficie à l’institution et augmentera les espaces d’exposition de 90 %.
GARDE À VUE
Le projet donnera un visage résolument plus moderne à ce segment de la Grande Allée, avec un immense hall d’entrée vitré de 14 m de hauteur. Plus qu’une entrée, c’est une véritable "place centrale" qui a été imaginée par OMA, nous explique l’architecte du bureau de New York et co-chargé du projet, Shohei Shigematsu.
Le verre, omniprésent dans l’édifice, affirme l’ouverture sur l’extérieur et offrira plusieurs vues inédites sur Québec. Pour intégrer le pavillon à son environnement, la firme a pris le parti de l’étagement harmonieux, une proposition qui a vraiment séduit le jury: "Notre solution pour concilier la ville et la nature a été de superposer les nouvelles galeries en trois volumes de grandeurs décroissantes, ce qui vient créer une cascade ascendante qui va des Plaines jusqu’à la ville. Ainsi, la nature déborde dans le musée par les lucarnes et les fenêtes et le musée déborde dans le parc grâce aux terrasses" Du pavillon, un grand couloir souterrain donnera accès à l’édifice Gérard-Morisset.
Conscient du sujet sensible de la mise en valeur du patrimoine, la firme a tenu à incorporer des éléments de maçonnerie provenant de l’ancien couvent des Dominicains – qui sera démoli pour laisser place au nouvel édifice – dans le hall et la cour du pavillon. Quant au voisin immédiat qu’est l’église Saint-Dominique, OMA a "voulu préserver intact le symbole dominant de l’église" en faisant en sorte que le pavillon n’obstrue jamais le clocher, explique M. Shigematsu. Donc, même si le pavillon atteindra 21 m de hauteur, il a été conçu de telle façon que l’église ne sera pas avalée par l’ombre de son nouveau voisin.
Bref, des défis stimulants pour l’entreprise, qui a travaillé à l’élaboration du projet en partenariat avec l’équipe québécoise de Provencher Roy + associés architectes et qui pourra avoir la fierté de voir un tout premier édifice de son cru construit au Canada.