Vie

Transformer sa cour arrière : Auprès de mon arbre

Habiter en ville ne signifie pas renoncer à son fantasme du havre de paix personnel. Comment transformer sa cour arrière inhospitalière en espace de vie.

Aujourd’hui, si l’on transforme sa cour arrière, ce n’est plus pour en faire un jardin décoratif, mais un véritable espace de vie. "Quand j’ai commencé, il y a 12 ans, tout le monde voulait un jardin anglais. Depuis un certain nombre d’années, l’espace extérieur devient un prolongement de la maison. On s’y repose; on y mange; on y joue", constate Stuart Webster, propriétaire de DaccordWebsterPaysage, l’agence qui est régulièrement lauréate du concours d’aménagement paysager de l’Association des paysagistes professionnels du Québec. Mais on ne veut pas simplement d’un espace de vie; comme le souligne l’architecte paysagiste, "les gens veulent des espaces plus faciles à entretenir. Paradoxalement, les jardins d’aujourd’hui ont moins d’espace végétal et plus d’éléments en dur".

Définir un objectif

Avant de faire de sa cour arrière le havre de vie dont on rêve, il faut avant tout se demander à quoi il va servir. Ça semble tomber sous le sens, et pourtant… "Les gens recherchent avant tout de l’intimité, mais ils veulent aussi que cet espace extérieur soit un prolongement de la maison. Il faut faire un choix", fait remarquer Katée Monette de Breault et Monette, architectes paysagistes, qui a une longue expérience dans l’aménagement de cours arrière à Montréal. L’architecte de paysage explique qu’à Montréal, le jardin arrière est souvent en contrebas par rapport au rez-de-chaussée de la maison. "Si, pour des raisons pratiques, on décide d’être au même niveau que la cuisine, on va avoir une terrasse à 4 pieds dans les airs qui va manquer d’intimité." La solution est alors de n’aménager que la partie basse ou d’assumer son choix de galerie contiguë à la cuisine en plantant un gros arbre au milieu du terrain pour obtenir ainsi l’intimité souhaitée.

Compartimenter l’espace

C’est dire que tout va dépendre de l’utilisation que l’on veut faire de sa cour arrière. "Il faut identifier un élément focal autour duquel tout l’aménagement de l’espace va se construire", explique Stuart Webster. Cet élément peut être une piscine ou un espace conçu pour relaxer ou pour manger. "La première utilisation est un équivalent du lounge; la deuxième, c’est un endroit pour manger", note l’architecte. Et à l’instar de la maison, il faut compartimenter l’espace pour mettre en valeur sa fonctionnalité (cuisine, salon, salle à manger, etc.). Pour ce faire, on va créer différents niveaux, en utilisant la topographie de l’espace ou en créant des îlots artificiels, sous forme de terrasses en pierre ou en bois. "Les plantations sont utilisées désormais comme des éléments de contraste et des accents de couleur pour délimiter naturellement les espaces", ajoute Stuart Webster.

Astuces et perspectives

Et il ne faut pas perdre de vue que tous les espaces fonctionnels ainsi créés doivent être articulés autour d’un point central. "Les lignes de perspective entre cet espace extérieur et l’intérieur de la maison, et au sein de l’espace lui-même, se définissent à partir d’un élément focal comme une fontaine, un édicule ou une statue, par exemple", précise Stuart Webster. C’est cet élément qui donne du sens à l’espace. Il suffit, pour comprendre, d’écouter Katée Monette parler de perspective: "Si vous plantez un arbre au milieu de votre cour étroite, vous allez donner l’impression qu’elle est plus grande parce que vous allez créer deux espaces, l’un avant l’arbre, l’autre après. En revanche, si vous matérialisez le périmètre de votre espace avec des petits végétaux, vous allez produire un sentiment d’exiguïté. En fait, plus on va chercher de la verticalité, plus on agrandit l’espace."

C’est une astuce à retenir, car, comme le fait remarquer l’architecte paysagiste, il n’y a pas à Montréal de réglementation limitant la hauteur des arbres. Cela dit, comme on est tout de même responsable des dégâts que peut occasionner l’arbre qu’on a chez soi, il vaut mieux choisir les espèces que recommande Hydro-Québec (pour protéger ses lignes électriques), comme le tilleul, le cerisier ou le pommetier…

Et les matériaux…

Une fois définie la vocation de notre espace, il faut choisir les matériaux qui vont en faire l’esprit. Car, comme le souligne Katée Monette, "c’est le style du jardin qui va nous orienter pour le choix des matériaux. Si on veut quelque chose de contemporain et épuré, on va opter pour du béton coulé et du bois d’Ipé; si on veut un jardin vernaculaire, on va mélanger des pierres naturelles comme de l’ardoise, des roches fossilisées, des pierres trouvées au hasard d’une promenade"… Et chaque matériau a ses avantages et ses inconvénients. La pierre ne demande pas d’entretien, mais retient la neige plus longtemps; une terrasse en lattes de bois permet de profiter de son jardin plus tôt, mais doit être protégée régulièrement avec un scellant…

Breault et Monette, architectes paysagistes: www.bmap.ca
DaccordWebsterPaysage: www.swdla.com