La fleur n’est pas seulement celle que l’on offre, contrit, pour excuser l’inexcusable, ou signifier à mots couverts son désir. Elle affole aussi les sens, hymne à la joie et au repos de l’âme, véritable concentré de bien-être. Mise au rancart au cours des dernières décennies à grands coups de composés chimiques, son exquise délicatesse est de nouveau de mise et vient nous conter fleurette… dans nos salles de bain comme dans nos cuisines.
L’huile à la bouche
Les fleurs ont la cote chez les gastronomes. On a découvert, avec le retour à l’authenticité, les vertus gustatives de la bourrache, de la rose ou de la primevère, qui ont rejoint dans nos assiettes la lavande, la verveine, le fenouil ou la coriandre. Leurs utilisations sont variées, de la note colorée au restaurant-épicerie fleur Fuchsia, qui s’est fait une spécialité d’ajouter à ses petits plats salés et sucrés des fleurs comestibles (on peut aussi les acheter en petits pots pour cuisiner chez soi), aux fameuses infusions à base de fleurs d’hibiscus, menthe et eau de fleur d’oranger du restaurant Rumi. Mais la vraie trouvaille réside dans les huiles essentielles de fleurs, que Mélinda Wilson, créatrice de la gamme de produits de soins naturels Les Plaisirs d’Olivia, mitonne au même titre que les épices ou les plantes vertes: lavande, néroli, rose et ylang-ylang. "Les grands chefs en Europe utilisent couramment les huiles essentielles. Une seule goutte correspond à la saveur d’un bouquet, c’est incroyable la différence que ça peut faire dans une crème fouettée", précise-t-elle. On les utilise donc avec modération, et surtout dans les plats sucrés ou les boissons: gâteaux et salades de fruits, rhum, miel… Huiles essentielles, pour la cuisine et le bien-être, de Mélinda Wilson, éd. Fides, 2010, 191 p.
Les fleurs dans la peau
"Les fleurs sont très liées à la détente, à l’idée du bonheur", aime à dire Mélinda Wilson, intarissable sur ce terrain. Pas étonnant qu’on les retrouve depuis toujours dans les onguents, crèmes et autres délices pour la peau. Comment trouver SA fleur? "On est d’abord attiré par le parfum, mais aussi, inconsciemment, par ce dont notre corps a besoin. Les personnes tristes vont naturellement aller vers l’huile essentielle de néroli, on ne peut pas être de mauvaise humeur avec le néroli! Une personne stressée va plutôt se diriger vers la lavande, aux vertus calmantes, antistress." Les vertus, l’huile essentielle de rose semble toutes les posséder: elle raffermit, régénère, adoucit la peau, calme les irritations. Pas étonnant que de nombreux produits de l’industrie cosmétique s’en réclament. L’huile essentielle d’ylang-ylang, quant à elle, est un hydratant puissant et divin, couramment utilisé dans les Antilles.
Des fleurs partout. Sur le site Internet Les Âmes fleurs, elles s’étalent en corolles sur les petits pots et bouteilles des produits maison: crème tonique aux hydrolats de rose et d’hamamélis, crème anti-moustiques aux huiles essentielles de géranium et d’eucalyptus citronné, etc. La créatrice de la marque, Marie-Christine Vallières, a découvert les vertus des fleurs (et de l’herboristerie en général) par hasard: "J’avais développé une urticaire dont je n’arrivais pas à me débarrasser par le biais de la médecine traditionnelle. Je suis allée à la boutique Rachelle-Béry, on m’a donné un onguent au calendula, et deux jours plus tard, c’était fini!" Elle partage désormais son savoir-faire avec le public sous forme d’ateliers et de consultations. "J’ai aussi été la première en herboristerie à développer un partenariat avec des spas (Espace Nomad et Spa Zazen), qui utilisent mes produits."
Des fleurs à cueillir
Les écoles d’herboristerie sont au nombre de trois au Québec. L’endroit idéal pour apprendre à reconnaître les fleurs (et les plantes) qui poussent au Québec et dont on fera usage autant dans le domaine de la beauté que de la santé. À l’école Flora Medicina, on peut, en néophyte, apprendre en quatre cours du dimanche les bases de l’herboristerie. "Les fleurs ont des vertus médicinales avérées, fait remarquer Anne Vastel, professeure à l’école. On peut les acheter séchées dans les boutiques spécialisées et les utiliser en bain de vapeur, par exemple, pour celles qui font de l’huile, comme la camomille, la lavande ou l’achillée millefeuille. Leurs effets bénéfiques vont des soins de la peau aux problèmes liés au système digestif ou nerveux, et chaque région du globe a ses fleurs privilégiées." Et de citer, en vrac, les noms de fleurs qu’on peut ramasser un peu partout au Québec: prunelle, "pour le système respiratoire, les amygdalites chroniques…", millepertuis, "aux propriétés antivirales et antidépressives", et celles qu’on peut cultiver sur son balcon: calendula, "cicatrisante et anti-inflammatoire, très utilisée dans les cosmétiques pour bébés", camomille et lavande, dont les semis sont vendus en boutiques spécialisées ou sur les marchés (Jean-Talon). À vous de jouer…
Carnet d’adresses /
Fuchsia: 4050, rue Coloniale, Montréal, 514 842-1232
Rumi: 5198, rue Hutchison, Montréal, 514 490-1999
Les Plaisirs d’Olivia: www.lesplaisirsdolivia.com
Les Âmes fleurs: www.lesamesfleurs.com
Rachelle-Béry: www.rachelle-bery.com
Spa Espace Nomad: 4650, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514 842-7279, www.espacenomad.ca
Spa Zazen: 209, rue Saint-Paul Ouest, Montréal, 514 287-1772, www.spazazen.com
Flora Medicina: 514 725-7542, www.floramedicina.com
La Bottine aux herbes: 3778A, rue Saint-Denis, Montréal, 514 845-1225, www.bottineauxherbes.com
Noblessence: www.noblessence.com