Voir: Vous êtes originaire de la Bulgarie. Est-ce là que vous avez appris le métier de charcutier?
Stoyan Napoleonov: Un peu. Mon père, mon grand-père et mon oncle étaient charcutiers. J’ai appris le métier avec eux là-bas, mais ensuite j’ai fait plein de choses différentes, en Bulgarie mais aussi au Portugal et en Espagne: j’ai travaillé dans les domaines de la construction et du rembourrage, puis j’ai été plongeur sous-marin – je ramassais des escargots que les Japonais achetaient à prix d’or. Je faisais des boulots payants avec l’objectif d’immigrer au Canada, ce qui est finalement arrivé en mai 2005.
Aviez-vous comme objectif d’ouvrir une charcuterie à votre arrivée ici?
Je souhaitais avoir un commerce, mais je n’avais pas de projet défini. En nous promenant en ville, ma femme et moi avons constaté qu’il n’y avait vraiment pas beaucoup de charcuteries à Québec. Dans les boucheries, il y a seulement des produits de base: jambon, saucisses, bacon, cretons et pâtés. J’ai donc décidé d’ouvrir ce type de commerce. J’ai reçu beaucoup d’aide grâce aux nombreux programmes québécois de soutien au démarrage d’entreprise. Comme mes compétences n’étaient pas reconnues, j’ai fait un DEP en boucherie à l’École hôtelière de la Capitale, puis j’ai ouvert la boutique en juin 2009.
L’Artisan charcutier, c’est quoi?
Une offre très variée de charcuteries toutes faites maison, une caractéristique qui attire beaucoup les clients. Je fais des recettes de ma famille, mais aussi des recettes apprises dans mon cours. En plus des charcuteries bulgares et arméniennes, uniques à Québec, je fais du pastrami, du salami, du capicollo, du chorizo, diverses saucisses, du boudin, des pâtés, du jambon, du bacon, etc. Sur un plan plus symbolique, L’Artisan charcutier, c’est aussi une passion, la réalisation d’un rêve. C’est une nouveauté qui comble un manque et qui gagne à être connue.
Quelles sont les charcuteries bulgares et arméniennes?
Il y a d’abord la saucisse fumée bulgare, au porc et boeuf; le soujouk, une saucisse arménienne piquante à l’agneau, qui ne goûte pas du tout comme la merguez; puis la rosette bulgare, un produit très typique. Il s’agit d’une saucisse enroulée comme un escargot autour d’une brochette. Le restaurant Le Cercle en a mis à son menu.
Pourquoi vous êtes-vous installé dans Limoilou?
C’est un quartier qui a beaucoup de potentiel. Il est aussi très bien situé, c’est central. Malheureusement, dans le coin où se trouve mon commerce, ça reste difficile de se faire connaître. On n’est pas dans un secteur "européen" comme la 3e Avenue, où les gens font leurs courses à pied. L’Artisan charcutier roule grâce à la qualité des produits et aux clients fidèles. Plusieurs ont à coeur de nous faire connaître; quand ils passent acheter des charcuteries avant d’aller à une fête, ils ramassent plein de cartes d’affaires qu’ils distribuent ensuite à leurs amis, à leur famille…
Vous habitez aussi dans Limoilou. Qu’est-ce qui vous a attiré ici?
On a des amis bulgares qui sont arrivés avant nous, et ils nous ont trouvé un appartement à côté de chez eux. On avait choisi Québec, car je n’aime pas les grosses villes. Et ici, il y a beaucoup de possibilités pour démarrer une entreprise, c’est tout un avantage! Ça a quand même été un choc quand on est arrivés. Le plus difficile était évidemment le français, mais le mode de vie nous a aussi surpris. La ville, la vie est différente de ce qu’on trouve en Europe. Par exemple, dans le quartier résidentiel où on habite (Sainte-Odile), il n’y a pas de commerces accessibles à pied pour faire ses courses, pas de café, de restaurant… C’est un grand choc culturel. Mais il faut s’adapter au pays d’accueil, changer son point de vue. Moi, j’ai vraiment envie de rester dans le quartier.
Quels sont vos projets?
Vendre des charcuteries fines, comme du saucisson sec et du filet de porc séché, sans agents de conservation. Ces nouveaux produits sont présentement en analyse; il me reste à obtenir l’autorisation de les vendre. J’ai aussi un plan marketing pour cet été qui, j’espère, nous aidera à être connus. Si on pouvait attirer d’autres commerçants autour pour créer un secteur de destination, ce serait génial!
L’Artisan charcutier
1695, ch. de la Canardière
418 704-4010