Mauvaise idée de faire l’essai de ces nouveaux supports à vélos du RTC tandis que la température extérieure, tentatrice, flirte avec un point de congélation qui se laisse charmer. "Salope", maugrée-t-on tandis qu’on ressort gants et tuque qu’on croyait rangés pour de bon. C’est que le droit sacré du public à l’information, lui, ne connaît pas la température moyenne pour un 10 mai.
On attend donc à l’arrêt, emmitouflé et fébrile, puisque pour tout amant de la petite reine (surnom affectueux de la bicyclette), cette nouveauté est absolument réjouissante. On avait vu à quoi la chose peut ressembler dans certaines villes de Californie, même dans celles qui sont assez peu enclines à donner de la place au vélo (comme San Diego), se disant qu’il en faudrait du temps avant qu’elle fasse son apparition chez nous.
Et vlan, pour nous donner tort, depuis le 1er mai, les autobus articulés du parcours 801 (et bientôt ceux du 800) sont équipés de supports, conçus pour porter deux vélos à la fois, et dont on nous promet qu’ils sont faciles d’usage.
Avant le départ, on visite le site du RTC où, étape par étape, on décompose la manoeuvre à effectuer lorsque le gros bus vert s’immobilise. Ça semble si enfantin qu’on n’y croit pas.
Pourtant, quand le moment se présente enfin de trouver quelques failles au système, le journaliste emmerdeur reste sur sa faim. Le support descend facilement quand on tire sur la poignée qui lui permet de se déployer, tandis que le bras qui maintient la bécane en place se manie avec aisance. Et pendant le parcours, le vélo ne bouge presque pas.
"On a quand même eu quelques petits problèmes, révèle le chauffeur auquel on tire les vers du nez. Si vous n’êtes pas très grand ou fort, que votre vélo est coincé entre l’autobus et un autre vélo, ça se pourrait que vous ayez de la difficulté à le descendre de là." Et ne comptez pas trop sur l’aide des chauffeurs: le règlement leur interdit de descendre de leur engin pour vous donner un coup de main.
Mais tandis que des passants dévisagent, incrédules, mon vieux mulet de ville qui précède de quelques centimètres l’immense boa vert sur roues, notre conducteur conclut dans un élan d’enthousiasme: "Si tu travailles en ville, c’est parfait. Tu peux venir en bus, repartir en vélo, ou l’inverse, et tu peux faire les petits déplacements avec le vélo aussi. Les gens commencent à l’utiliser, t’es mon deuxième aujourd’hui… Ça va marcher." On l’espère aussi.
Réseau de transport de la capitale: www.rtcquebec.ca