Le transport en commun a-t-il son rôle à jouer dans la densification? En un mot: oui. "Nous, on le répète tout le temps: il faut densifier autour des axes du transport en commun, les axes structurants", lance Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale. Un regard partagé par Geneviève Vachon, professeure à l’École d’architecture de l’Université Laval: "Pour construire la ville sur la ville, il faut le faire là où les citoyens auront le choix quant à leurs moyens de déplacement et pourront également bénéficier d’une disponibilité de produits et de services." La clé? Transports, collectifs et actifs. Commerces de proximité. Types résidentiels variés. "Et ça englobe toute la ville! Dans un axe de 500 m autour des parcours d’autobus, on est à 6 minutes de marche d’un arrêt. Ça veut dire une bande d’un kilomètre de large à développer", poursuit M. Turgeon.
Comment procéder? Par la densification douce. Tout particulièrement dans les banlieues de première couronne. Transformer les bungalows. Ajouter des logements supplémentaires. Développer de nouveaux centres. Les lier les uns aux autres. Et métisser les usages, ajoute Johanne Elsener, présidente du Comité des arbres de Sainte-Foy-Sillery: "Pourquoi ne pas placer des commerces au rez-de-chaussée, des bureaux par la suite, puis des appartements ou des condos dans les plus hauts étages?" "Pour bien évaluer les zones à densifier, il faut regarder notre démographie, notre tendance à la croissance, ajoute Geneviève Vachon, aussi membre du Centre de recherche en aménagement et développement. On va actuellement vers un vieillissement marqué de la population. Oui, il y a un boum de développement, mais bientôt, on s’attend à un plateau. Ainsi, il ne faut pas oublier les banlieues existantes. Il faut construire la ville sur la ville dans des secteurs qui sont déjà bien desservis." Quitte à y consolider les ensembles déjà présents qui, souvent développés dans les années 1960 et 1970, auront de toute façon besoin d’un coup de jeune. "Il faudra les rénover dans une optique de consolidation de ces secteurs."
En ce sens, si les grands espaces comme D’Estimauville ou Pointe-aux-Lièvres sont des options d’intérêt, ils sont loin d’être les uniques pistes de densification et de développement. Au contraire. "Il faut arrêter de chercher à tout prix les grands espaces. Il y a plein de petites friches", note Alexandre Turgeon, aussi président de Vivre en ville. Un exemple? Au nord du quartier Limoilou, un corridor de pylônes. Ou encore des terrains le long des boulevards: René-Lévesque, de l’Ormière, Hamel, Laurier… "Il y a beaucoup d’axes structurants qu’on semble avoir mal densifiés, beaucoup de quartiers qu’on pourrait rentabiliser. Et on a parfois l’impression que la Ville préfère raser les boisés pour protéger les stationnements. Pourquoi ne pas densifier les endroits qui sont déjà aménagés et garder ce qu’il nous reste d’espaces verts?" lance Johanne Elsener. Malheureusement, le développement de ces terrains en friche peut parfois être complexe. "Ces terrains-là appartiennent à quelqu’un, et ça, c’est toujours plus compliqué pour un promoteur, note Mme Vachon. Ça peut être plus attrayant d’aller vers des terrains vierges plutôt que de se creuser la tête. Il faudra se pencher collectivement là-dessus, faire un aménagement collaboratif, car refaire la ville sur la ville, ça demande une planification".
À suivre dans notre journal du 10 juin: Comment densifier Québec, partie 2.