En 30 000 avant J.-C., l’homme se taillait des outils dans le verre naturel issu de la lave des volcans ou d’une fusion découlant de l’impact de la foudre ou d’une météorite. 31 970 ans et des poussières plus tard, le verre, cette fois-ci composé chimiquement, permettait l’avènement d’Internet. Entre-temps, le matériau s’est imposé comme un incontournable pour l’industrie, qui lui a découvert d’innombrables vertus. Aujourd’hui, on le trouve partout: sous forme de billes réfléchissantes sur nos routes, de vitre incassable sur nos voitures, de brique (lorsque recyclé) ou de fibre optique plus fine que le cheveu. Pas étonnant alors que le Centre des sciences de Montréal consacre au verre une exposition, dans le cadre de Montréal Ville de verre. De son histoire comme de ses futures applications, nous réalisons que nous savions finalement peu de choses une fois sortis de cette visite conduite, il faut le dire, par de véritables experts en la matière.
Liquide-solide
L’on apprend que le verre, si fragile entre nos mains sous forme de coupe de champagne, peut s’avérer assez solide pour résister à n’importe quel projectile; qu’il est possible, lorsque mêlée à une pellicule de plastique, de rendre une vitre de verre transparente instantanément opaque, et inversement, et ce, au moindre mouvement de notre part; que le verre peut, à loisir, faire office d’isolant – Hydro-Québec en place sur ses poteaux électriques – ou, au contraire, agir comme un fil conducteur. "C’est ce qui en fait l’intérêt", explique Benoît Légaré, directeur du Centre des sciences et initiateur de l’événement Montréal Ville de verre. "On peut presque parler de paradoxe tellement ce matériau peut être changeant. C’est un liquide qui est solide! On peut d’ailleurs le voir sur certains vitraux datant du 14e siècle, qui ont une base plus large parce que, au fil du temps, le matériau a bougé."
Vivant, le verre? "Il ne faudrait pas exagérer, lance Benoît Légaré. Mais mystérieux, oui." Au fil de la visite, on percera donc une partie du mystère, en commençant par les différentes méthodes de transformation du verre: soufflé, moulé, thermoformé ou divisé en filaments. On apprendra aussi qu’une fois recyclé, le verre a trouvé moult utilisations pour embellir nos intérieurs, et qu’il est avisé de ne pas remplir de mégots de cigarettes ses bouteilles de verre vides: "La cigarette, comme la gomme, va fondre au moment de la stérilisation et empêchera donc le recyclage", explique André Nadeau, qui nous fait faire la visite. "Et comme une bouteille fait partie d’un lot de 10 000, ce seront donc les 10 000 qui iront à la poubelle!"
Montréal Ville de verre: www.villedeverre.com
www.centredessciencesdemontreal.com
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Verre couture
Le Centre des sciences de Montréal organise, en marge de l’exposition, un défilé de mode particulier: une quinzaine de designers québécois, parmi lesquels Philippe Dubuc, Marie Saint Pierre, Ève Gravel et Joseph Helmer, ont accepté de relever le défi de concevoir et fabriquer des vêtements intégrant le verre. Les créateurs ont travaillé en équipe avec des artisans du verre et le résultat de leur travail sera révélé le 29 mai lors de la cérémonie de clôture du congrès de l’Association canadienne du verre d’art, au belvédère du Centre des sciences. Les créations seront par ailleurs exposées au Musée McCord du 17 juin au 29 août. Info et billets pour le défilé au 514 496-4724.