La psychothérapie se modernise. Les thérapeutes offrent des rencontres par téléphone depuis longtemps, surtout à leur clientèle existante. Mais joindre le client en intégrant ses allées et venues est certainement un nouveau concept. Jogger côte à côte avec son doc, faire littéralement sortir le méchant à grandes enjambées ou filer dans l’allée des produits congelés en pleine analyse des crises du petit dernier: possible?
L’instigatrice de ce concept est Karine Vézina, une psychothérapeute qui propose depuis peu un service nommé "psycho-to-go", des rencontres adaptées sur mesure à vos habitudes. "C’est une nouvelle façon de travailler. Pour le moment, les rencontres ont surtout lieu dans des cafés." Offrant ses services depuis plusieurs années en cabinet et à domicile, c’est en observant son entourage et en discutant avec sa clientèle qu’elle a eu l’idée. "Souvent, les gens avaient de la difficulté à prendre un rendez-vous à cause de leur horaire chargé. J’ai décidé d’éliminer le plus de contraintes possible." Sa clientèle type est de sa génération, soit des trentenaires avec de jeunes familles et des emplois exigeants.
Or, dans l’ambiance changeante d’un lieu public ou à distance audible de collègues qui dînent à la table d’à côté, à quel point peut-on adéquatement cerner ses bêtes noires? L’environnement peut avoir une incidence sur la neutralité que la rencontre en cabinet permet. "Il faut comprendre qu’une approche sur le terrain est limitée. Je peux faire une mise en situation avec le client, mais c’est ma responsabilité de diriger la personne vers une consultation appropriée à la situation qu’elle souhaite régler." On reste donc relativement en surface au café, question de temps et de manque d’intimité. Est-ce que s’attabler avec le dernier bouquin de psycho pop serait aussi bénéfique? "J’offre une écoute et des outils", mentionne Karine Vézina. Et beaucoup d’expérience.
Session webcam
Jason Phelps est également psychothérapeute dans la métropole. Lui aussi adapte sa pratique de la psychothérapie aux modes de vie de ses clients. Au téléphone, par courriel ou par session webcam, il précise que ses services sont surtout dirigés vers ceux qui ont déjà commencé leur travail en cabinet et qui n’ont besoin que d’un coup de pouce occasionnel. "La session webcam n’est pas très courante, mais avec certains clients qui voyagent beaucoup, c’est pratique." Il considère que les sessions sur mesure sont une bonne idée mais ne s’adressent pas à tous. "Il y a plus de distractions, on ne peut pas explorer des traumatismes profonds. Je vois ça comme du coaching, un soutien plus superficiel mais qui peut répondre aux besoins de quelqu’un qui ne peut y investir plus de temps. En autant que chacun reçoive ce dont il a besoin, c’est l’essentiel."
Récapitulons. Les gens sont stressés. L’aide vient sur le champ de bataille, vaille que vaille, en version allégée pour mettre un patch sur le bobo. N’est-ce pas nourrir le problème? "C’est mon bémol", affirme en soupirant Karine Vézina. "Ce service doit être vu comme une porte d’entrée, une introduction qui donne le goût de prendre du temps pour soi. Impossible de faire un cheminement au café du coin. Mais c’est un endroit où commencer. Les gens veulent des réponses tout de suite, sans réfléchir. Ils veulent savoir en combien de rencontres ils auront des résultats. Chaque personne est unique, il n’y a pas de standard."
Karine Vézina, psychothérapeute: 514 827-7748, www.karinevezina.com
Jason Phelps, psychothérapeute: 514 586-5471, www.jphelps.ca