La délégation montréalaise, présidée par Helen Fotopulos du comité exécutif de la Ville, vient de rentrer de Chine, où elle a convaincu les délégués des 32 pays présents au 47e congrès de la Fédération internationale des architectes paysagistes (IFLA) de faire de Montréal l’hôte du congrès international en 2017. Cette nomination s’inscrit dans la volonté de la métropole de confirmer sa désignation de Ville UNESCO de design obtenue en 2006. Rappelons, comme le souligne Marie-Josée Lacroix, responsable de Design Montréal, qu’une "Ville UNESCO de design n’est pas comme Paris ou Milan, c’est une ville qui veut se donner les moyens de se développer par le design". Cette nomination constitue également, selon Mme Fotopulos, "une excellente vitrine pour notre plan d’action 2007-2017 – Montréal, métropole culturelle".
Or, cette élection fait surtout partie d’un des projets phares du tout nouvel organisme de valorisation des professions du design au Québec, Mission Design. Comme l’annonce son directeur, Alain Dufour: "Nous sommes heureux d’avoir remporté cette première étape permettant d’envisager la réalisation d’un événement interdisciplinaire d’envergure dans le domaine." Car Mission Design veut faire de Montréal un véritable carrefour international du design en 2017, en regroupant cette année-là l’ensemble des congrès internationaux en architecture, en design et en urbanisme au sein d’une série de congrès interdisciplinaires. Pour reprendre les termes d’Alain Dufour, le nouvel organisme, qui vient combler le manque créé par la disparition du très critiqué Institut de Design Montréal, veut faire du design "une véritable force économique qui va agir comme un moteur de développement pour l’ensemble de l’industrie québécoise".
Anniversaires majeurs
Malgré tout, même si l’IFLA a choisi Montréal, on est en droit de se demander s’il en sera de même pour les autres fédérations internationales du design. Il se trouve d’abord que Montréal héberge déjà toute une série d’organismes internationaux, comme l’International Council of Graphic Design Associations (ICOGRADA), l’International Council of Societies of Industrial Design (ICSID) et l’International Design Alliance (IDA). Selon le président de l’Association des designers industriels du Québec, Mario Gagnon, qui est déjà en pourparlers pour la tenue du congrès de l’ICSID à Montréal en 2017, "l’ICSID n’attend que ça, que Montréal crée un événement international, pour donner son appui à la métropole".
En outre, 2017 correspond à plusieurs anniversaires majeurs, comme le 150e de la fondation du Canada et le 375e de Montréal. Mais c’est surtout le 50e anniversaire d’Expo 67 qui est important "parce que c’est l’événement majeur qui a mobilisé les architectes et designers québécois autour d’un projet d’aménagement urbain, montrant ainsi le potentiel de développement que représente le design au sens large", observe André Bourassa, président de l’Ordre des architectes du Québec.
En route vers Montréal 2017
La tenue d’un congrès international multidisciplinaire ne fera toutefois pas pour autant de Montréal une ville de design au même titre que les grandes capitales comme New York ou Milan. En fait, même s’il faut éviter un rapprochement trop rapide avec Expo 67, la vocation de Montréal 2017 est d’être à la fois un événement rassembleur et le moyen de créer un momentum autour de l’importance du design au Québec. Car en la matière, malgré le chemin parcouru, la route à faire est encore longue. "Ce n’est pas normal que l’on construise des condos au Québec sans passer par des architectes, avec toutes les aberrations que cela entraîne", déplore André Bourassa en évoquant l’absence de réglementation dans la construction résidentielle. "Les professions de l’aménagement sont celles qui sont le moins bien comprises par nos dirigeants. Il suffit de penser aux discours sur les PPP ou à la façon dont on traite certains chantiers de travaux publics", ajoute-t-il. "Un tel événement international nous donnera une légitimité auprès du public, mais aussi auprès des donneurs d’ouvrage, dont les municipalités qui sont encore trop peu nombreuses à faire appel à des architectes de paysage", estime aussi Yvan Lambert, président de l’Association des architectes paysagistes du Québec.
Ce sera donc un événement de sensibilisation du public et de nos dirigeants, mais aussi un catalyseur d’énergies autour de l’importance du design pour le développement du Québec. "C’est en quelque sorte un prétexte pour mobiliser les professionnels du design pour la construction de Montréal et une façon de poursuivre le dialogue nécessaire entre les disciplines du design", commente Marie-Josée Lacroix, de la Ville de Montréal. Un dialogue déjà amorcé depuis quelques années, avec la création de la Conférence interprofessionnelle du design du Québec, une série de rencontres informelles entre les présidents des différents ordres professionnels du design québécois. Un dialogue qui a trouvé son nouveau point d’appui avec Mission Montréal. Un dialogue qui s’est donné un nouvel objectif avec ce Montréal 2017…