Ligne de départ – 14 h 10
À l’extrême sud-ouest de la carte recensant les stations de BIXI figure le Marché Atwater. C’est ici que commence et s’arrête la grande boucle qui me fera voyager à travers la ville de Montréal tout en respectant la limite de 30 minutes par emprunt de vélo. Mon itinéraire doit être précis et mon temps, bien investi. Comme dans toute course, la période de préparation est cruciale. À BIXI, ça commence souvent par l’explication du fonctionnement à un touriste qui se gratte la tête depuis 10 minutes devant la borne. "Oui, vous avez accès aux vélos pour 24 heures. Oui, même si vous ne voulez en faire que pendant une heure. Non, vous ne pouvez pas le rapporter à l’hôtel." Une fois le travail de bon Samaritain exécuté, j’ajuste la selle et hop!, j’insère la clé pour entendre le "dring" du signal de départ. Top chrono, 14 h 08. J’ai 30 minutes pour me rendre au bassin olympique du parc Jean-Drapeau. J’enfourche le BIXI, prête à attaquer la piste cyclable. Le vélo n’est visiblement pas dans le même état que moi, gracieuseté d’une crevaison à l’avant. Je dois replacer le BIXI dans la borne en appuyant sur l’onglet "défectueux". Faux départ. 14 h 10, le Grand Prix BIXI peut enfin commencer.
Premier arrêt – Bassin olympique – 14 h 32
Gloire! 22 minutes pour mon premier trajet. J’ai encore l’énergie de continuer, mais comme je doute qu’une station BIXI trône au milieu du pont Jacques-Cartier, je suis sage et m’arrête à la borne du bassin olympique. En chemin, j’ai pu apprécier la vue surréaliste du terrain rempli de débris de l’ancienne gare de triage avec les gratte-ciels de la ville en arrière-scène. Pause de 5 minutes terminée, je suis de nouveau éligible à la location d’un engin. Alors que j’ai l’embarras du choix des montures, je reprends la même. Serait-ce la superstition des sportifs qui s’emparerait de moi?
Deuxième arrêt – Hochelaga/Orléans – 15 h 04
Ouf! 28 minutes pour cette deuxième portion, quelques mètres de plus et j’atteignais mon objectif du métro Pie-IX. Il faut pointer du doigt la traversée du pont Jacques-Cartier agrémentée d’un vent non collaborateur pour expliquer mon retard. L’effort en valait toutefois la peine, ne serait-ce que pour avoir le loisir d’observer les visages douloureux de ceux qui en faisaient l’ascension pendant ma descente. Comme dirait une certaine compagnie de crédit: "Ça, ça n’a pas de prix."
Troisième arrêt – Fabre/Jean-Talon – 15 h 35
Si mes qualités athlétiques me surprennent à ce stade-ci, c’est le volet planification qui commence à faire défaut. Je mets le cap vers la station de métro Saint-Michel quand, une fois rendue sur les lieux, je n’arrive pas à trouver ladite borne (note à moi-même: il est vraiment temps de télécharger l’application BIXI sur mon téléphone). Le sablier m’indiquant encore un peu de temps en banque, je me dirige vers l’ouest jusqu’au métro Fabre. La vue de l’autoroute Métropolitaine n’inspire bizarrement aucune envie de pédaler davantage vers le nord.
Quatrième arrêt – Métro Outremont – 16 h 03
Problème. Je constate que ma boussole intérieure est sérieusement défectueuse quand je croise la rue Beaubien qui est complètement à l’opposé de mon objectif, le parc Jarry! Je rebrousse chemin et entreprends la montée du très peu "vélo-friendly" boulevard Saint-Laurent pour atteindre la borne à l’angle de la rue Guizot. Heureusement, le chemin du retour via le parc Jarry est plus agréable à l’oeil. Avec un peu de lousse au chrono, je réussis à franchir la frontière d’Outremont pour le changement de BIXI.
Cinquième arrêt – Jean-Brillant et Côte-des-Neiges – 16 h 36
Dernier arrêt avant la fin du Grand Prix improvisé, je prends le temps d’observer l’environnement complètement différent qui s’offre à mes yeux. Cabanes de luxe et arbres matures à perte de vue, la transition est totale avec les quartiers résidentiels que j’ai traversés dans mon périple. Je prends aussi le temps de remercier intérieurement la ville de ne pas avoir encore installé de bornes au sommet du mont Royal. Il y a une limite à ce que mes jambes peuvent pédaler!
Arrivée – Marché Atwater – 17 h 02
Victoire. Moi qui croyais que la descente des avenues du Docteur-Penfield et Atwater serait une partie de plaisir, j’ai réalisé que la notion de sécurité physique prédominait chez moi. N’étant résolument pas amatrice de vitesse, je peux au moins confirmer que les freins du BIXI étaient en bon état. Trois heures après mon départ, les statistiques disponibles sur le site Web de BIXI m’apprennent que j’ai économisé l’équivalent de trois litres d’essence et de dix kilos de gaz à effet de serre, tout cela en ne déboursant jamais un sou. Une belle leçon pour le Grand Prix de Montréal!