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Québec doit être densifiée : Influencer la dynamique urbaine

Une prémisse: la trame urbaine de Québec doit être densifiée. Une question: comment? Plusieurs réponses. Et cette semaine, un second regard, qui propose une vision plus globale de la ville. Mieux comprendre sa dynamique pour mieux l’influencer.

Où densifier Québec? Question complexe. Sans solution miracle. C’est que, selon le géographe Rémi Guertin, tout dépend du lieu à densifier, de sa position, de sa dynamique. "Il faut penser différemment la densification, la voir autrement qu’en fonction de l’architecture urbaine. Il faut être capable d’établir des types, selon le rôle des lieux dans l’urbanité, de les voir dans une perspective globale, intégrée."

En ce sens, les lieux n’existent qu’en fonction de leur position dans la ville. En relation les uns avec les autres. Une dynamique qu’on peut influencer par des gestes catalyseurs. Exemple? Le quartier Saint-Roch. "Il y avait un immense terrain vacant. La Ville a valorisé le lieu par un parc, a rendu cet espace plus attrayant", illustre Johanne Brochu, professeure à l’École supérieure d’aménagement du territoire et du développement régional de l’Université Laval. On a tenté de créer une nouvelle dynamique urbaine. De redéfinir l’esprit du quartier. Autre exemple? "À Sainte-Foy, la valeur foncière des terrains est en train d’augmenter. Résultat? Certaines interventions deviennent rentables parce que le coût des terrains a augmenté. Ça peut être payant, à Sainte-Foy, de mettre un bungalow à terre pour en faire un triplex. Mais la même opération à Val-Bélair ne serait tout simplement pas viable actuellement", note Rémi Guertin.

Ainsi, un quartier qui lève, qui attire, se développera, se densifiera. Et ce, dans une perspective tout sauf uniforme. Une progression marquée par des ruptures et des continuités. "Et, qui sait, si on densifiait à Saint-Nicolas, à la tête des ponts, peut-être qu’on aurait plus d’impact sur la densification, sur les déplacements, sur l’automobile que si on travaillait sur d’autres secteurs à Québec", poursuit Mme Brochu. "Peut-être même, ajoute Rémi Guertin, que cette idée serait plus intéressante qu’un projet qui vise un secteur plus proche du centre, comme D’Estimauville, mais dont personne ne veut."

Le défi? Ne pas avoir peur du vide. Cesser de voir la capitale comme un centre-ville et sa périphérie. "On a tendance à projeter sur l’agglomération une vision de la ville concentrique, médiévale. Ce type de centralité unique, dans une agglomération urbaine, ça n’existe plus. Aujourd’hui, il y a différents types de centralités qu’on pourrait caractériser dans la structure de l’espace urbain", remarque Johanne Brochu. Québec, c’est donc une multitude de centres, plus ou moins gros, à développer. Chaque quartier à sa manière, selon son esprit et son échelle. "Ce type de perspective n’est pas suffisamment pris en compte", ajoute-t-elle.

Au final, pour bien densifier la ville, il s’agit d’abord et avant tout d’en saisir la dynamique plutôt que d’essayer d’y placer des modèles déjà établis. "Ce qu’il faut, c’est un ensemble de paramètres qui permettront de trouver des solutions sur mesure", estime Johanne Brochu. "Il faut être capable d’établir des types, fait valoir le géographe, et, selon les lieux et leur rôle dans la structure urbaine, de les voir dans une perspective intégrée, d’établir les ressources disponibles et de moduler les interventions."