Marché Nostalgie
Tout d’abord, une impression: celle d’entrer dans une bulle temporelle. Puis, quand on y regarde de plus près: un microcosme grouillant de kiosquaires maniaques des objets, affairés à les restaurer avec respect pour leur redonner une brillance malgré les égratignures et les ravages du temps. Des chercheurs de trésors à temps plein; des archéologues à leur façon. Nous venons de mettre les pieds dans le Marché aux puces Saint-Michel et déjà nous avons le sentiment que nous accéderons à du rare.
Parmi les trésors qui sont jalousement gardés dans l’enceinte du Marché, de magnifiques gramophones Victor. Flash-back, années 30: le boîtier en bois déploie son majestueux cornet de bronze, duquel s’échappe le doux jazz de Duke Ellington. Des microfilms comme celui-là, nous nous en ferons tout au long de la visite. Les kiosques avoisinants ne brisent pas le sentiment de connecter avec nos ancêtres. Certains exhibent des portraits fin 19e dans des cadres dorés mettant en valeur des visages évanescents; nobles, marchands, familles, nouveaux mariés y posent élégamment.
Des armoires antiques, des montres de poche, des breloques, des cartes postales du début 20e… autant de pièces à conviction d’une époque révolue qui s’empilent dans les recoins des espaces marchands. À la vue de tout ceci, nous en venons à la conclusion qu’un pan de notre patrimoine national dort dans le ventre du marché. Et puis, une question émerge: dans cent ans, quels seront les artéfacts de notre époque construite sur de l’éphémère?
Et du kitsch…
Au nord de l’île, les Marchés aux puces de Saint-Eustache (Rive-Nord) et Saint-Léonard proposent du neuf mais bas de gamme: des DVD, des ceintures en cuir, des parfums de marque à rabais, des chemises à motifs démodés, etc. La marchandise disposée sur des rayons éclairés par des néons donne plus l’impression d’entrer dans un supermarché que dans une niche aux trésors. Toutefois, la tournée s’impose pour quiconque recherche l’immersion kitsch; on en sort imprégné d’une expérience sociale authentique. Nous ne saurions bouder notre plaisir devant le spectacle de danse en ligne se déroulant à proximité de la foire alimentaire à Saint-Eustache, où hot-dogs et mets "chinois" se côtoient au menu. Le Marché aux puces Ontario – bazar qui regorge de bibelots de minous et de babioles en tout genre – pourrait aussi plaire aux fanas de kitsch sachant fouiller.
Collectionneur 101
C’est connu, l’île de Montréal pullule d’antiquaires spécialisés. Notre-Dame a hérité du titre de quartier officiel des antiquaires; Saint-Laurent abrite une concentration de petites brocantes plus intéressantes les unes que les autres; Amherst fait le bonheur des mordus de design avec ses boutiques d’ameublement rétro. Des artères à surligner sur votre carte aux trésors, donc. Devant l’abondance de l’offre – et outre les évidences -, quelques coups de coeur.
Plus qu’un simple antiquaire, la Galerie Monastiraki. En plus d’être dénicheur de précieuses vieilleries, l’espace a muté en repaire pour artistes illustrateurs et bédéistes de l’underground montréalais. Vernissages et mini-concerts font régulièrement l’événement dans le local du boulevard Saint-Laurent, angle Saint-Viateur. Tout à fait dans l’esprit du Mile-End.
Chez Léo, rue Ontario, fait l’étalage de vestiges de la culture américaine: juke-box, fauteuils rétro, vélos à trois roues, produits dérivés de dessins animés. Parmi les célébrités ayant défilé dans la boutique, la star française Jamel Debbouze qui y aurait déniché un avatar géant d’Homer Simpson.
La Boutique du collectionneur a de quoi laisser pantois le plus féru des glaneurs. L’antiquaire qui a pignon sur la Main regorge d’artéfacts de la Seconde Guerre mondiale et autres raretés rattachées à des événements historiques du 20e siècle. Un incontournable.
Chic à rabais
Les ressourceries font partie du circuit régulier des chercheurs d’aubaines et d’objets de seconde main. Comme la marchandise provient majoritairement de dons de la communauté, toutes les surprises sont possibles. Le plus motivé des coureurs d’aubaines pourrait voir sa patience récompensée en garnissant son salon d’une chaise style Louis XV ou d’une causeuse en cuir vintage pour une somme modique. Des chances uniques à saisir sur le moment. On peut, entre autres, espérer beaucoup du magasin de l’Armée du Salut rue Notre-Dame, puisque situé à proximité du quartier Westmount. Des pièces de mobilier chic aboutissent parfois entre les murs de l’établissement, une occasion inespérée de donner de la gueule à notre intérieur et faire baver les amis devant autant de style. Les organismes comme Le Chaînon, la Société Saint-Vincent de Paul et Les petits frères des Pauvres sont aussi des repaires truffés de petites trouvailles à faire. Petits conseils avant de partir à la chasse aux trésors: vérifiez les heures d’ouverture des établissements (elles sont souvent restreintes), allez-y fréquemment et ayez de l’argent comptant en poche!
Carnet d’adresses
Marché aux puces Saint-Michel: 3250, boulevard Crémazie Est, Montréal, 514 721-7701
Marché aux puces boul. Métropolitain inc. (Saint-Léonard): 6245, boulevard Métropolitain Est, Saint-Léonard, 514 955-8989
Marché aux puces de Saint-Eustache: 400, rue Hector-Lanthier, Saint-Eustache, 450 472-6660
Marché aux puces Ontario: 1822, rue Ontario Est, Montréal
Quartier des Antiquaires de Montréal: www.qam.ca/qam.html
Galerie Monastiraki: 5478, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514 278-4879, monastiraki.blogspot.com
Chez Léo: 1898, rue Ontario Est, 514 219-1413 (cellulaire de Léo)
La Boutique du collectionneur: 4559, boulevard Saint-Laurent,
Montréal
Magasin de l’Armée du Salut: 1620, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, 514 935-7427, www.armeedusalut.ca/magasins
Le Coffre aux trésors du Chaînon: 4375, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514 843-4354, www.lechainon.org
Société Saint-Vincent de Paul: 1930, rue de Champlain, 514 526-5937, www.ssvp-mtl.org
Les petits frères des Pauvres: 4624, rue Garnier, Montréal, 514 527-8653, www.petitsfreres.ca