"Les vidanges des uns sont les trésors des autres", lance d’emblée Carole Haché, une passionnée des ventes de débarras. Pour elle, c’est un rituel. En période estivale, chaque samedi, le départ se fait à 7 h 30 le matin, café, bouteille d’eau et pomme en main. Et pas question de sauter une semaine! "La semaine dernière, on a dû s’absenter et manquer un week-end de ventes… Ça m’a fait de la peine car j’ai eu l’impression de perdre des trésors que j’aurais pu trouver", raconte-t-elle. Des trouvailles, ça, elle en fait toutes les semaines. Une semaine, c’était des chaudrons en cuivre vendus par un chef dont la cuisine débordait, une autre, un foyer électrique acheté un an auparavant ou encore une brouette pour sa fille qui venait d’emménager. Selon Carole, ce qui rend l’expérience des ventes de garage encore plus stimulante, c’est le fait d’être bricoleur. "Mon mari aime faire du neuf avec du vieux. Souvent, il suffit d’un peu de sablage, d’un vernis ou d’une peinture pour redonner vie à une merveilleuse antiquité", mentionne-t-elle.
Voir au-delà de l’objet
Selon Christine Doyon, co-créatrice du site www.ventedegaragemontreal.com, les valeurs environnementales et éthiques font partie des préoccupations de plusieurs adeptes des ventes de garage. "L’hyperconsommation, c’est de ne pas donner de valeur aux objets. C’est important qu’un objet perdure et qu’il soit réutilisé, pour respecter sa création également", affirme-t-elle. Ce concept de récupération est également bien important pour Alexandre Baldwin, propriétaire du bar Baldwin Barmacie et de la Taverne Square Dominion. "Presque aucun des éléments qui composent le décor du Baldwin n’a été acheté neuf. J’ai tout trouvé dans des ventes de garage, dans des bazars ou même dans les poubelles", raconte-t-il.
Alexandre a une réelle passion pour les anciennes textures et les anciens matériaux. Il trouve que le look est plus chaleureux, plus vrai. "Pas besoin de créer un décor broche à foin avec ces objets. On peut réellement rendre le tout très design", mentionne le propriétaire qui a déjà gagné un prix de design pour le Baldwin. Selon lui, lorsqu’on court les ventes de garage, il faut aller au-delà de l’objet, le réinterpréter. "Ça arrive souvent que des clients me demandent où j’ai déniché mes lampes, où ils peuvent en acheter. Ils sont très surpris quand je leur dis: dans les poubelles!"
Christine Doyon a, elle aussi, cet oil qui voit plus loin que l’objet. En plein été, elle a acheté une luge de bois pour 5 $ – un vrai coup de cour pour elle. L’hiver suivant, elle créait un club de luge à Montréal!
Contact humain
Au-delà de la trouvaille et de l’utilité de l’objet, c’est le contact humain qui prime dans les ventes de débarras. Selon Christine, il y a un aspect communautaire bien présent dans ces réunions de quartier. Les amateurs proviennent de tous les milieux, de toutes les cultures, sont de jeunes hipsters, des familles ou des personnes âgées… "On rencontre des gens qu’on n’aurait peut-être pas croisés en temps normal. On effleure leur intimité en côtoyant les objets qui leur appartiennent", explique-t-elle. Elle mentionne aussi que ça permet de visiter des quartiers qui nous sont éloignés ou inconnus et de participer à une belle activité extérieure et gratuite! C’est pour faciliter la vie aux amateurs de ventes de garage qu’elle a créé le site Web avec deux de ses amis. On y répertorie les dates et les lieux des ventes sur l’île. "Le Web est l’outil parfait pour rejoindre le plus de gens possible et ça évite d’errer dans les rues à la recherche des traditionnelles pancartes", explique-t-elle.
Pour la plupart des gens, la vente de garage demeure une activité récréative et ponctuelle. Pour certains toutefois, la volonté de ne pas trop consommer se transforme en obsession d’accumulation. "Avant, tout ce que je voyais et que j’aimais, je devais l’avoir. Aujourd’hui, j’essaie de faire attention car je n’ai plus d’espace pour accumuler et entasser. Je n’ai pas assez de temps pour faire tout ce que je veux entreprendre avec mes objets amassés. J’ai encore un problème… mais c’est un beau problème, selon moi", confie Alexandre. "La règle d’or, souvent difficile à observer lorsqu’on devient adepte, c’est de se demander si on a besoin de l’objet avant de l’acheter", conclut Christine.
Pour dénicher les ventes de garage sur l’île et pour publier une annonce: www.ventedegaragemontreal.com
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Comment réussir sa vente de garage
Voici pour les novices quelques trucs à ne pas oublier si on veut faire de sa vente de garage un succès:
– Informez-vous sur les règlements municipaux. À Montréal, la Ville tolère les ventes de garage, sous certaines conditions. Dans certaines banlieues, les ventes ne sont permises qu’à certaines dates seulement!
– Attention! Un permis est exigé dans tous les arrondissements de Montréal pour tenir une vente de garage. Les frais varient d’un secteur à l’autre, mais la plupart des permis sont gratuits. Pour connaître les différentes règles des arrondissements, allez sur le site Web de la Ville, puis dans l’arrondissement désiré et dans la section Services aux citoyens.
– Préparez une enseigne qui soit claire et brève pour annoncer votre vente. Vous pouvez aussi utiliser les sites Web ou les journaux locaux pour afficher votre événement.
– Nettoyez les objets et videz les poches des vêtements à vendre.
– Placez les objets de manière ordonnée sur des tables et apposez des étiquettes avec les prix.
– Soyez prêts à négocier!
– Ayez assez de monnaie et apposez une étiquette VENTE FINALE car certaines personnes pourraient exiger un service après-vente!
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Règles d’or du parfait glaneur
– Pour faire les trouvailles les plus merveilleuses, le glaneur arrive très tôt en matinée.
– À l’opposé, s’il cherche à trouver des aubaines, il doit arriver vers la fin de la vente de garage, alors que les vendeurs veulent se départir des objets restants.
– Selon les pros du glanage, on ne peut négocier qu’une seule fois par objet. On ne demande pas un rabais sur un article qu’on a déjà négocié sous prétexte qu’on en achète un autre.
-On traîne de l’argent comptant avec soi.
– On reste courtois et on ne vole pas un article déjà convoité par un autre. Le tout doit demeurer amical!
– Les parents doivent être vigilants avant d’acheter des articles pour bébés, comme des sièges de voiture. Santé Canada ne recommande pas l’achat de ces articles dans des ventes de débarras car avec les années, la législation a changé.
– Avant d’acheter un objet, on se demande si on en a vraiment besoin!
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Carnet d’adresses
Un aperçu des sites à consulter pour bien connaître la vente de garage:
www.ventedegaragemontreal.com: le site a été créé par trois amis passionnés des ventes de garage. On y retrouve la majorité des ventes qui ont lieu sur l’île de Montréal. On peut également y publier son annonce et y trouver des trucs et astuces pour faire une vente de garage réussie!
www.ventedegarage.ca: des annonces venant de partout au Québec y sont publiées. On y retrouve des conseils et des informations sur les dates auxquelles sont permises les ventes de débarras dans certaines municipalités.
www.ville.montreal.qc.ca: pour connaître les différentes conditions qui doivent être respectées lorsqu’on organise une vente de gara
ge à Montréal. On se rend dans son arrondissement, dans la section Services aux citoyens / Réglementation et procédures.