Présenté chaque été en marge des jardins historiques créés par Elsie Reford, la grand-mère du fondateur Alexander Reford, le Festival international de jardins de Métis montre des jardins qui tiennent plus de l’architecture que du paysage, empruntant souvent au design conceptuel sa poésie. À l’instar du poème de Charles Baudelaire, le visiteur "y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers". Car, l’originalité de Métis est de nous proposer une expérience sensorielle unique, pas seulement olfactive, mais aussi visuelle et intellectuelle, en nous invitant à repenser la perception de nos environnements quotidiens.
Depuis sa création en 2000, ce festival a fait découvrir au public quelque 115 jardins conceptuels imaginés par 200 designers représentant 15 pays différents. S’il est résolument international, ce n’est pas seulement par la diversité des nationalités représentées, mais aussi parce qu’il s’internationalise lui-même. Depuis quelques années, il présente des jardins "extra-muros" à Toronto, à Calgary, en France, en Italie, au Royaume-Uni et… à Montréal.
C’est en fait la deuxième année que les Montréalais ont droit à un jardin en avant-première du festival qui se déroulera cette année du 26 juin au 3 octobre. L’an dernier, ce sont les designers montréalais de NIP Paysage (connus des Montréalais pour leurs installations éphémères insolites, comme les ronds bleus sur le toit de l’édifice Belgo lors de la Biennale de Montréal 2004 ou, plus récemment, pour les orignaux virtuels sur le bord de l’autoroute Ville-Marie et les jardinières géantes ponctuant les déambulations du Festival Juste pour Rire…) qui ont inauguré ce "Métis à Montréal", en posant sur la place De La Dauversière leurs gros "oursins" de deux mètres de diamètre.
Cette année, sur cette même petite place, coincée entre la place Jacques-Cartier et le Musée Ramezay, au sud de l’hôtel de ville, l’architecte Philippe Nolet a composé une métaphore des débuts de la colonisation de la Nouvelle-France. Son jardin Broderie buchée emprunte à la tradition du jardin "à la française" sa rigueur formelle. Mais, au lieu de composer un motif (ou "broderie" paysagère) à l’aide de haies et de parterre de fleur, l’architecte a choisi de simples rondins de bois qu’il a posés sur un tapis d’herbes folles. On obtient ainsi, d’un côté, une évocation de l’esprit de domination des premiers colons et, d’un autre côté, le paysage sauvage des débuts de la Nouvelle-France. Une rencontre entre deux perceptions. Un lieu de rencontre pour nous aussi puisqu’à défaut d’y voir un jardin, les Montréalais les moins attentifs pourront toujours s’asseoir sur les rondins…
Broderie buchée
Jusqu’au 10 octobre
À la place De La Dauversière