Vie

Spas urbains : Havres naturels en ville

Si les spas urbains cherchent à se différencier par la gamme de soins offerts, ils misent aussi sur le design pour étaler leur personnalité propre. Visite guidée de trois havres naturels à Montréal.

Scandinave Les Bains: la nature en ville

Ouvert depuis le début de l’année 2009, ce spa reproduit l’esprit de son grand frère de Mont-Tremblant. Dans cet ancien entrepôt du début du 20e siècle, les architectes Saucier + Perrotte sont parvenus à nous donner l’impression qu’ici, tout est plus grand, non pas en imitant la nature, mais en la suggérant. Lorsqu’on pénètre dans les vestiaires, on est enveloppé par une intimité très masculine: meubles noirs, plancher brut, vasques des toilettes et des lavabos d’un blanc nacré; la simplicité d’un cabanon pour se changer, mais dans un esprit de luxe… Lorsqu’on en sort, on est frappé de se retrouver en pleine nature ou, plutôt, en pleine montagne. L’espace est pourtant modeste, mais il paraît immense. En jouant, au plafond, sur une succession de plans inclinés et, aux murs, sur l’absence d’angle droit, les architectes ont su reproduire l’esprit des strates géologiques qui composent les dénivelés naturels. À son insu, on se laisse attirer par le bruit assourdissant de la "cascade" du bain à hydrojets, en passant devant le hammam dont seule la forme cylindrique trop parfaite trahit la présence de l’homme. Car ici, tout semble "taillé" dans la matière brute, des bancs autoportants fixés sur les murs, aux Fatboy informes qui ponctuent l’espace. Même la lumière artificielle participe de cette authenticité. Blottie derrière les plafonds de toile tendue des salles de massage, ou dissimulée sous les bancs du sauna, elle nous paraît naturelle tant elle semble ne venir de nulle part, tout en nous enveloppant de sa chaleur intimiste.

Strøm spa nordique: écrin boisé en extérieur

Lorsqu’on arrive dans ce nouveau spa inauguré en juin 2009, on se croirait à la campagne… C’est que l’endroit, bordé par le lac des battures de l’île des Soeurs, semble avoir été épargné par le tumulte de la vie urbaine, pourtant si proche. Les architectes Chevalier Morales ont disposé les différents corps du bâtiment principal de façon à constituer un écrin au coeur duquel une succession de terrasses en pierre, avec leurs épinettes, leur chute d’eau et leurs bassins d’eau chaude ou froide, amène à une plateforme herbagée meublée de transats. À défaut d’être vraiment créatif, le design du spa a le mérite d’être efficace: on a privilégié la luminosité, avec des murs blancs, des planchers de bois clair, des baies vitrées omniprésentes; on évoque la nature à grand renfort de dallage en pierre, de plantations autochtones et de bois pour l’intérieur des espaces, le mobilier ou les terrasses… Mais qu’importe, car ici, l’intérêt est de pouvoir vivre dehors, alors qu’on est en ville. Le spa vient d’ailleurs juste d’inaugurer trois plateformes en bordure du lac où l’on va pouvoir se faire masser en extérieur à l’abri sous des tentes de toile. Et le must, c’est sans doute d’y venir en hiver. Car des foyers ont été construits un peu partout, dans les salles de repos comme à l’extérieur. D’ailleurs, si la large fenestration de plusieurs salles de relaxation a tendance à créer une chaleur étouffante, l’effet de solarium qu’elle produit doit être très appréciable pendant la saison froide…

Spa Orange II: une cabane perchée à Montréal

Il ne paye pas de mine ce petit spa perché sur le toit de l’hôtel Best Western. La peinture écaillée du comptoir rouge écarlate de l’entrée et l’usure des boiseries qui composent l’espace trahissent sa faillite en fin d’année dernière. Et pourtant, en entrant ici, on est touché par un charme indéfinissable qui tient sans doute autant à la configuration de ce petit espace qu’au contraste qu’il établit avec la grisaille urbaine environnante. On sent bien qu’on a voulu donner au lieu un esprit zen qui était très à la mode à l’époque. On sent bien aussi que ça devait être raté, dès le début: des matériaux qui sentent l’imitation, des arches maladroites caricaturant l’architecture asiatique… Et pourtant, il y a dans cet échec une réussite indéniable! Il ne faut pas y voir un espace zen, mais plutôt une sorte de cabane dans les arbres. Le petit chemin de lattes de bois, qui parcourt le spa, compartimente l’endroit sans pour autant le fermer. Car avec toutes ces cloisons à claire-voie et ces fausses tonnelles, on a l’impression que les micro-espaces qui forment les salles de relaxation, de massage ou d’entraînement se démultiplient pour n’en former qu’un, beaucoup plus vaste. Et partout, la lumière naturelle se fait diffuse, comme si elle avait du mal à se frayer un chemin à travers les planches ajourées. Il y a une poésie et une justesse dans la maladresse de cet aménagement que le nouveau propriétaire gagnerait à conserver.

Carnet d’adresses /

Scandinave Les Bains, 71, de la Commune Ouest, Montréal. 514 288-2009, www.scandinave.com

Strøm spa nordique, 1001 boul. de la forêt, Île-des-Soeurs, 514 761-2772, www.stromspa.com

Spa Orange II, 1240, rue Drummond, Hôtel Best Western Europa, Montréal, 514 866-1772, www.spaorange.ca