Une bande de filles qui partent à la pêche… voilà un reportage qui promettait d’être rempli de clichés. À commencer par le douanier américain qui croit bon nous demander si nous oserons mettre les vers de terre sur nos hameçons. "On pêche à la mouche, Monsieur!" Et toc, 1 à 0 pour les filles. Un pointage qui ne cesse d’augmenter dès que l’on fait la rencontre de Nancy Murphy, propriétaire de la boutique The Fly Shop aux abords de la rivière Ausable à Wilmington. Cette pêcheuse aguerrie fait tomber tous les a priori au sujet des femmes et de la pêche au complexe récréotouristique Hungry Trout. Ici, la première règle à respecter, c’est celle du "catch and release". Sur un territoire de 11 kilomètres, il faut remettre le poisson à l’eau après l’avoir pêché. "Nous appliquons cette règle depuis 15 ans. La pérennité de l’écosystème de la rivière en dépend. Les humains en veulent toujours plus et certains pêcheurs gaspillaient les ressources de la rivière. Comme la pêche à la mouche est plus difficile, on restreint automatiquement le nombre de prises." Mais alors, d’où proviennent les succulentes truites panées aux amandes servies au restaurant Hungry Trout? "Ces poissons proviennent d’un élevage en Ohio. Si on servait le poisson de la rivière, il n’y aurait plus de truites ici!"
Le plus dommage dans tout ça, ce serait de perdre les histoires de pêche. À ce chapitre, Nancy est la reine, à commencer par sa propre histoire. Ancienne consultante en marketing, elle s’est initiée aux joies de la pêche à la mouche par amour pour un homme. Quatorze ans plus tard, un seul des deux amours a tenu le coup. Je vous laisse deviner lequel! Une passion contagieuse qu’elle transmet aux visiteurs désireux de manier la canne à pêche de noble façon. Il faut voir ses clients débutants pratiquer le lancer fouetté dans le vide pendant une heure sur le gazon devant la boutique avant de se jeter à l’eau! Une fois la technique acquise, c’est l’heure d’essayer la salopette imperméable qui nous permettra de nous enfoncer jusqu’au milieu de la rivière. Si l’habit ne fait pas le pêcheur, il permet à tout le moins d’y croire un peu plus. Sous la supervision d’un guide pour deux pêcheuses, on part à la conquête du poisson que l’on relâchera quelques minutes plus tard. Le corps enfoui au milieu de la rivière avec une vue magnifique sur le mont Whiteface, difficile de se sentir plus en symbiose avec la nature. Prise, pas prise, les trois heures passées à perfectionner la technique de pêche à la mouche valent amplement le détour.
Hungry Trout (excursion, restaurant et hôtel)
5239, route 86, Wilmington
www.hungrytrout.com
Office du tourisme de Lake Placid, Adirondacks
www.lakeplacid.com
Truc de pêcheur /
Quand vient le temps de prendre la photo officielle d’une prise, il faut s’assurer de mettre le poisson à l’avant-plan loin devant soi, pour le faire paraître plus gros. Il faut aussi cacher les pouces derrière le poisson pour ne pas donner d’indicateur de comparaison. Mais malgré toutes ces astuces, un petit poisson reste un petit poisson.
De la rivière à l’assiette /
Harmonie avec la nature ne rime pas avec privation dans l’assiette. La truite est au menu d’à peu près tous les restaurants de Lake Placid. Les clients qui en attrapent une (aux endroits où cela est permis) peuvent même la rapporter au restaurant Generations (2559 Main Street, Lake Placid, www.golden-arrow.com) où le chef l’apprêtera pour eux. Toute la philosophie du restaurant est axée sur un approvisionnement en produits locaux et un grand souci de l’environnement. Le toit vert de l’établissement est l’une des nombreuses initiatives mises de l’avant pour obtenir prochainement une certification officielle de "green restaurant".
Pour s’équiper /
Boutique Salmo Nature
110, rue McGill, Montréal
www.salmonature.com
Sail Baron Centre-ville
932, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
www.sailbaron.com