Imaginez un monde où vos vêtements interféreraient avec votre humeur… Où votre manteau agirait tel un vecteur de sons, de musique, d’images, visant à vous apaiser lorsque vous êtes anxieux ou à vous requinquer lorsque vous avez la mine basse… Ce monde aux contours avant-gardistes existe non seulement dans l’imaginaire, mais aussi dans le tangible, pour les chercheurs Barbara Layne et Janis Jefferies. Toutes deux professeures – la première à l’Université Concordia, la seconde à l’Université de Londres -, elles présentaient ce printemps le fruit de leurs plus récentes recherches. Intitulé Wearable Absence, le projet présente des vêtements interactifs hautement sophistiqués: des biocapteurs dissimulés dans le tissu permettent de lire l’état physique et émotionnel du sujet par l’analyse de sa température, de son rythme cardiaque, de sa réaction électrodermale (humidité) et de son rythme respiratoire. Ces informations sont enregistrées et transférées à une base de données en ligne qui renverra des souvenirs archivés (messages, chansons ou enregistrements vocaux) qui rappellent une personne chère, absente. "L’idée de départ visait à soutenir les gens dans leurs émotions de tous les jours, explique Barbara Layne, qui dirige le Studio subTela à Concordia. Le vêtement pourrait permettre à la population générale de sentir la présence d’un être cher à tout moment. Il pourrait aussi être utile à une personne hospitalisée qui a besoin du soutien moral de ses proches lorsqu’elle se retrouve seule."
Deux prototypes, un pour hommes, un pour femmes, ont été développés, mais le système n’a pas encore été adapté pour la production de masse, la commercialisation ne faisant pas partie des plans pour le moment. "Ils pourraient éventuellement servir dans l’industrie de la mode, en médecine, pour les disciplines holistiques, etc.", note tout de même la designer textile.
Le vêtement interactif, le prochain gadget haut de gamme à la mode? Une question de temps et de gros sous, semble-t-il. "Nos prototypes actuels sont des objets créatifs uniques créés à la main, en studio. Or, Mark Spencers et IBM examinent présentement le potentiel de la Memory Dress [une de leurs créations antérieures]", laisse planer Mme Layne.
Pour l’heure, les chercheurs en sont à la création et à la recherche et souhaitent exposer leurs projets à d’autres. "Ces vêtements narratifs poursuivent la tradition des textiles de renforcer l’identité culturelle, mais de manière digitale. Nous voulons que les gens reconsidèrent les tissus et les vêtements à travers leur habileté à rappeler des mémoires et à raconter des histoires. Ainsi, pour les deux prochaines années, nous projetons de présenter notre travail dans différents musées au Canada et au Royaume-Uni."
Adresses /
Pour en savoir plus: http://subtela.hexagram.ca ou www.wearableabsence.com