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Festival Mode et Design : Le design à la mode de chez nous

L’UNESCO l’a dit: Montréal est une ville de design. Le 10e Festival Mode et Design promet de rendre ce concept abstrait plus concret en confiant une portion de l’avenue McGill College à Rita. Plan de match de ce créatif atelier de design montréalais pour captiver les curieux.

Un immense filet de pêche parsemé d’objets utilitaires comme une table surmontée d’une pierre de curling, du mobilier pour enfants design ou une horloge en papier synthétique, tous made in Montréal.

Voilà ce qui attendra les passants avenue McGill College, entre Cathcart et Sainte-Catherine, pendant cette nouvelle mouture du Festival Mode et Design. Une trentaine de designers émergents et talentueux ont été "attrapés" par le filet de Rita pour exposer leurs créations, lesquelles, plus souvent qu’autrement, trouvent preneur à l’extérieur du pays. "Il y a beaucoup de talents à Montréal, le problème, c’est de trouver un marché d’acheteurs ici", explique Karine Corbeil, l’une des deux designers de Rita.

Rita reçoit

L’idée derrière l’installation grandeur nature est donc de rendre accessibles les créations de leurs collègues directement dans la rue: "On veut s’éloigner de l’idée du musée, même si ça reste une exposition. Par exemple, on va intégrer du mobilier autre que celui qui sera déjà exposé pour que les gens puissent s’arrêter et s’approprier les lieux. L’important, c’est que ce soit convivial et surtout pas aride." Le combat contre une vision élitiste du design semble faire partie des préoccupations de Rita, à commencer par cette appellation quand même assez rigolote. "On voulait un prénom féminin court et un peu kitsch pour personnaliser l’offre de nos services. En fait, Rita peut faire de tout: design graphique ou industriel, scénographie et installation", résume le cofondateur, Stéphane Halmaï-Voisard.

Celui qui revient d’une formation d’un an en design industriel à Lausanne n’aime pas se prêter au jeu des "incontournables" quant au contenu de la zone design du Festival. On a quand même réussi à lui soutirer cette parcelle d’information: "Je pense que c’est une sélection très représentative de ce qui se fait en ce moment. Je n’ai absolument rien à redire sur le choix des organisateurs. Par exemple, Bipède, avec qui nous partageons notre bureau, propose une lampe conçue entièrement avec des tie wraps. J’aime beaucoup la récupération d’objets pour les rendre plus beaux." Aucun objet portant la signature de Rita ne se retrouvera dans cette exposition au grand air. Les deux jeunes entrepreneurs ont fait le choix de se concentrer sur leur contrat d’installation artistique: "Tant qu’à exposer, on ne voulait pas sortir un vieux projet. On ne veut pas s’encrasser dans notre création." Une rigueur qui démontre une philosophie de l’objet très intéressante.

Philosophie du design

Pas besoin de remonter bien loin dans le curriculum vitae de Rita pour comprendre ce qui a motivé leur embauche par le Festival Mode et Design. Lors de la Nuit blanche de 2006, leur installation Chesseuses avait connu un franc succès auprès du grand public. "Nous avions créé des haltes pour que les festivaliers puissent se réchauffer entre deux activités. Il s’agissait d’immenses sécheuses de huit pieds sur huit pieds où les gens s’entassaient sans se connaître", rappelle Stéphane Halmaï-Voisard. La même année, le Salon à Rita avait fait fureur au Salon international du design d’intérieur de Montréal. Plutôt que d’exposer leurs créations d’objets utilitaires, ils avaient transformé l’espace qui leur était réservé en un salon où tous les meubles étaient faits de plywood sérigraphié. Les gens pouvaient s’arrêter quelques instants dans ce lieu intrigant et repartir sans rien acheter. Un pied de nez à la quincaillerie souvent trop présente dans ce genre de rassemblement. "Tant qu’à prendre le temps de développer un produit, aussi bien qu’il y ait une valeur ajoutée. Tout devrait être dans l’expérience plutôt que dans la présentation banale d’un objet", conclut Stéphane.

Pour sa collègue Karine, c’est la meilleure façon de capter l’attention du grand public: "La notion de design n’est pas dans la lignée culturelle des Québécois. Pourtant, un bon design, c’est un ensemble de trucs bien ancrés que l’on ne remarque presque pas et qui rendent notre vie plus agréable. Ne serait-ce qu’une porte posée du mauvais côté et on sent intuitivement que quelque chose cloche." Cette notion d’intuition va en quelque sorte à l’encontre de l’appellation Ville du design par l’UNESCO, selon la moitié masculine de Rita. Stéphane Halmaï-Voisard pense que Montréal sera véritablement une ville de design quand il ne sera plus nécessaire de nommer la chose. "Ça doit aller de soi. En attendant, je pense que c’est une façon d’encourager les gens à encourager le design d’ici. Tranquillement, ils s’approprient l’idée, mais pour l’instant, ce n’est pas encore culturellement intégré." Parions que l’installation de Rita au coeur du centre-ville participera au conditionnement populaire de cette identité design.

Le Festival Mode et Design de Montréal
Du 4 au 7 août
Sur l’avenue McGill College, entre Maisonneuve et Cathcart
www.festivalmodedesign.com

Rita Studio
5445, avenue De Gaspé, studio 215, 514 271-4937
www.ritaritarita.ca