Le mois d’août appartient désormais à l’archéologie. Le réseau de diffusion Archéo-Québec a rassemblé, avec de nombreux collaborateurs, plus de 80 activités pour découvrir le patrimoine conservé sous le territoire québécois, dont 12 à Montréal.
"Le Régime français se trouve à deux mètres sous nos pieds." En visitant le sous-sol du musée Pointe-à-Callière, incidemment le lieu de fondation de la ville de Montréal, cet énoncé de la directrice Francine Lelièvre plonge le visiteur dans une réflexion sur le passage du temps et les traces de vie humaine. Ainsi se compressent plus de 300 années: deux mètres. La hauteur d’une porte. Ce soudain rapprochement des ancêtres et de leur réalité est le genre d’épiphanie susceptible de se manifester lors des activités du Mois de l’archéologie.
L’événement, rendu à sa sixième édition, est unique au Canada et fait l’envie de pays européens qui s’en sont inspirés, comme la Belgique. La présidente d’Archéo-Québec, Sophie Limoges: "Nous avons un riche héritage archéologique à partager. Plus les gens seront sensibilisés, plus nous pourrons intégrer ces vestiges du passé dans l’aménagement urbain. Nous aspirons à faire de l’archéologie préventive, au lieu de seulement faire du sauvetage."
Dans les coulisses
Premier arrêt, la visite de la réserve des collections, rue Peel. Sorte de condominium haute technologie pour les musées de la métropole, les espaces de sa superficie sont loués pour y entreposer des pièces qui n’ont présentement pas de vitrine. Lieu habituellement fermé au public, c’est une occasion d’entrer dans les coulisses de l’archéologie de la métropole, guidé par un spécialiste. Les milliers d’objets proviennent de près de 200 sites de 4000 ans av. J.-C. à aujourd’hui. Ils témoignent du règne des Amérindiens ainsi que de l’occupation par les Français et les Anglais. Les vestiges de ces civilisations éloignées, comme cette bouteille de liqueur de marasque de Croatie ou cette assiette ornée de calligraphie arabe datée entre 1819 et 1864, ont été trouvés dans les anciens quartiers populaires montréalais. La réserve des collections est un endroit en soi assez anonyme, mais ses objets renaissent dans les explications détaillées du guide archéologue responsable de la visite.
Les fondations d’une ville
La plupart des gens ignorent que Montréal était une ville fortifiée. Un circuit piétonnier visant à faire découvrir les traces de la fortification aura lieu le 19 août. La balade fait un arrêt au parc du Champ-de-Mars pour visualiser un front complet de l’enceinte qui protégeait jadis la ville. Sur une longueur de 250 mètres, on y constate les techniques de construction classiques d’une enceinte bastionnée. D’une durée de deux heures (deux départs), la visite s’étend dans le Vieux-Montréal, rues Bonsecours et de la Commune, et place Jacques-Cartier.
Pour un endroit nimbé d’une aura énigmatique, une visite de la plus ancienne chapelle du Vieux-Montréal vous laisse savourer toute la magie de l’archéologie. La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, érigée en 1655 sous les soins de Marguerite Bourgeoys, propose une visite de sa crypte et de vestiges des Amérindiens qui occupaient le site avant sa construction. Trois jours seulement, accès limité, les dimanches 1er, 8 et 15 août.
Le musée Pointe-à-Callière est littéralement bâti sur le lieu fondateur de la ville. Son sous-sol exhibe les murs et vestiges de la première ville en une présentation magnifique. Les maquettes dépeignant les diverses époques permettent de saisir l’évolution des changements en un clin d’oeil. Plusieurs activités convergent ici pendant le mois d’août, dont la visite commentée Ici naquit Montréal, chaque jour de la semaine. Une simulation de fouilles est offerte aux enfants gratuitement les 28 et 29 août.
Passé commercial
L’archéologie ne s’intéresse pas qu’aux artéfacts. Le patrimoine industriel est aussi révélateur des modes de vie passés. Une pause commentée par David Ledoyen, de Parcs Canada, à Pointe-des-Seigneurs, un parc verdoyant sur le canal de Lachine, nous transporte dans l’histoire moins bucolique des industries qui naquirent sur ses rives et des éclusiers qui opéraient la lourde machinerie de ce secteur intimement lié au développement commercial montréalais.
Lachine était un arrêt obligé pour les marchands du commerce de la fourrure. De par sa situation géographique près du fleuve et en amont des rapides, les voyageurs convergeaient vers son poste de traite régulièrement pour y vendre leurs prises. Vous pourrez vivre cette expérience en prenant vous-même place à bord d’un canot rabaska pour une balade commentée ainsi qu’une visite du poste en question. La visite se termine au Musée de Lachine, site d’un authentique chantier archéologique. Pour un maigre 7,80 $ par personne, c’est un après-midi qui a tout pour plaire: action, décor et histoire.
Le Mois de l’archéologie
Jusqu’au 31 août
www.moisdelarcheo.com