Vie

Agriculture urbaine : Métropole agricole

Au centre-ville de Montréal, les potagers fleurissent. Tomates, laitues, aubergines et plantes exotiques, le Coeur des sciences de l’UQAM nous balade dans ces jardins extraordinaires rescapés du béton. Suivez le guide…

À l’angle De Maisonneuve/Saint-Denis, point de départ de la balade guidée sur le thème de l’agriculture en ville, on a du mal à croire, ce matin-là, qu’il existe autre chose que béton, grisaille et pots d’échappement. On nous a pourtant promis du vert, des potagers florissants à tous les étages et du dépaysement, "une randonnée pour en apprendre davantage sur les différentes approches et techniques de culture potagère et rencontrer des jardiniers et jardinières passionnés". Diantre.

L’année dernière, le parcours dans Villeray a connu un engouement énorme auprès du public, prévient Sophie Malavoy, directrice du Coeur des sciences de l’UQAM, initiateur des balades en partenariat avec la Conférence régionale des élus. "Quand on a arrêté, on avait encore 250 personnes sur la liste d’attente." Cette année, le programme s’est étoffé: deux circuits – Villeray et centre-ville – et des supplémentaires. Autant dire que la formule a du succès auprès des Montréalais qui découvrent, ahuris, que leur ville est un terreau fertile pour cultivateurs de tous poils.

Fonction sociale

Premier arrêt au sixième étage du pavillon de Design de l’UQAM. "On vient d’Europe pour visiter nos jardins de ville, lance Ismaël Hautecoeur, architecte paysagiste et guide pour l’occasion, et pourtant les Montréalais ignorent qu’ils vivent dans une métropole agricole." Autour de nous, salades, tomates, fraises et concombres; ça fleure bon le basilic. Un jardin collectif entretenu par six jardiniers bénévoles. "On se paie avec les légumes", précise Ismaël, qui n’a rien contre les étudiants resquilleurs: "Ça fait partie du principe", dit-il, avant de s’emballer: "Jardiner, c’est comme se lever, boire et manger. En plus, ça relaxe!"

Six étages et quelques coins de rue plus loin, direction la cour arrière d’une petite maison des Habitations Jeanne-Mance. Le propriétaire, qui vient du Bangladesh, ne se fait pas prier pour parler de ses plantes exotiques, et explique que ses graines proviennent tout droit du pays. "Portugais, Italiens, Bengalais, Chinois, les émigrants cultivent dans leur jardin ce qu’ils ne peuvent pas trouver sur le marché, explique Ismaël Hautecoeur. Du coup, ils importent aussi un savoir-faire extrêmement riche. L’agriculture urbaine a aussi une fonction sociale." À deux pas de là, le jardin communautaire Maisonneuve confirme: les 57 parcelles allouées aux citoyens débordent littéralement d’une variété extraordinaire de plantes aux noms imprononçables.

"Le phénomène est en pleine explosion", dira Ismaël en cheminant vers le jardin du pavillon du Coeur des sciences, juste au-dessus de la Place des Arts. Aubergines, salades, oignons, tomates s’épanouissent entre les allées. "Une nouvelle génération d’étudiants s’intéresse aux enjeux liés à l’agriculture urbaine." Enjeux écologiques, mais aussi économiques et politiques: à l’UQAM comme à McGill et bientôt Concordia, les légumes récoltés sont donnés à des oeuvres caritatives. "L’agriculture urbaine est un outil de réinsertion sociale", résume Jean-Philippe Vermet, du collectif Crapaud (www.crapaud.info).

L’agriculture en ville – centre-ville:
Le 17 août, de 12 h à 13 h 30
Le 23 août, de 17 h 30 à 19 h 30
Départ: métro Berri-UQAM, angle Saint-Denis et De Maisonneuve (présentez-vous 10 minutes à l’avance). Arrivée: métro McGill. Gratuit. Réservation obligatoire au 514 987-0357 ou www.coeurdessciences.uqam.ca