Depuis la revitalisation du secteur urbain de la rivière Saint-Charles, les gens y viennent. En grand nombre. Simplement besoin d’aller s’y promener par une belle journée pour le constater. Année après année, depuis les aménagements, les citoyens et citoyennes se réapproprient, peu à peu, leur rivière. Des chiffres? Difficile à dire. Les organismes responsables ne font la comptabilité qu’en un seul endroit: sur la passerelle qui enjambe la rivière Lairet, au coeur du parc Cartier-Brébeuf. Résultat? En quelque six mois, 500 000 passages individuels. "C’est clair que, dans le secteur, il y a plus d’intérêt visuellement, avec des espèces indigènes qui ont été réintégrées, ce qui a amené les animaux à fréquenter à nouveau les lieux, notamment les canards. Et les gens ont suivi aussi, bien entendu!" note le directeur des opérations de la Société de la rivière Saint-Charles, Gérome Deschamps.
Joggeurs, marcheurs, cyclistes, ornithologues amateurs sont donc nombreux à y passer, longuement ou rapidement. Mais ils pourraient aussi être plus nombreux: "Quand on parle de la rivière, il y en a encore pour n’avoir à l’esprit que ce lieu pollué. Mais, si on réussit à les convaincre de s’y rendre une fois, ils risquent bien de vouloir y revenir!" constate M. Deschamps. Et la Société tente de promouvoir son lieu, sa rivière. Animation. Fêtes. Visites guidées. Plusieurs activités ont été introduites au fil des années. "On est partis avec une ou deux activités organisées annuellement sur les berges. Aujourd’hui, il y en a une quinzaine."
Et, nécessairement, hausse de la fréquentation dit hausse des visées liées à l’habitation. La revitalisation de la rivière, mise au côté de celle du quartier Saint-Roch, amène ainsi une belle croissance immobilière. "Dans les années 1990, ce quartier était en train de mourir, son attrait, avec la rivière bétonnée, était devenu négatif. Aujourd’hui, dès qu’on a un produit à cet endroit, les gens veulent y aller, parce que c’est abordable et parce qu’on y trouve une qualité de vie qu’on ne pouvait vendre à l’époque", explique Christiane St-Jean, directrice d’agence pour Re/Max Accès. Proximité de la ville. Beauté renouvelée des lieux. Sans oublier le boom immobilier actuel. "Présentement, le marché est très, très actif: il y a deux, trois, quatre acheteurs potentiels pour le même immeuble, il y a effervescence."
Bien entendu, les propriétés prennent ainsi de la valeur. Le secteur reste abordable, mais s’y loger coûte tout de même plus cher qu’auparavant. "Les valeurs des bâtiments ont beaucoup augmenté dans les huit ou neuf dernières années", remarque Sylvain Lacasse, responsable de la division de la capitale pour le Club d’investisseurs immobiliers du Québec. Une réalité qui a amené, au fil du temps, un changement dans le paysage urbain: la multiplication des condos. "À Limoilou, les appartements s’y sont convertis énormément, et c’est la même chose à Saint-Sauveur. C’est un changement qui a introduit une nouvelle clientèle dans le secteur." Et pour pousser un peu plus loin l’intérêt? La clef est dans l’animation du coin, selon M. Lacasse. "Si on accentue le dynamisme de ce secteur-là, un peu comme on le fait pour la rue Saint-Joseph, dans Saint-Roch, on va faire redécouvrir l’endroit, ce qui va amener un intérêt encore plus grand pour l’endroit."
Pour ce faire, il n’en tient qu’à la population, indique Gérome Deschamps. "Dans l’organisation d’activités, on y va à la pièce, et, surtout, selon les demandes des gens: ce sont les utilisateurs qui décident de ce qui se passe dans le parc linéraire." Ouverture aux projets donc. Reste à voir ce que l’avenir réserve à l’endroit.