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Taxis montréalais : Toits d'affiche

Alors que la Ville de Montréal annonçait récemment les lauréats du concours pour les nouvelles aires d’attente des taxis montréalais, le projet de dôme publicitaire continue de susciter des réactions mitigées.

Le public et les chauffeurs de taxi montréalais ont encore jusqu’au 30 août pour voter pour leur coup de coeur parmi les cinq lauréats dont les propositions d’aires d’attente pour taxis ont été retenues par le jury du concours d’idées Le taxi prend ses aires! de la Ville de Montréal. Si ce concours n’implique aucune réalisation concrète pour le moment, en revanche, un autre projet a des effets bien réels. Lancé le 3 mai dernier par l’entreprise TAXICOM, l’affichage publicitaire sur les taxis de Montréal se poursuit. Aujourd’hui, 340 taxis sont équipés d’un panneau publicitaire (conçu par Alto Design) de 42 pouces de long sur 12 pouces de haut. "Il devrait y en avoir 300 autres d’ici septembre et notre objectif est d’atteindre 2000 taxis à Montréal en 2011", commente André H. Martel, directeur général de TAXICOM. Cela représenterait moins de 50 % d’un parc d’environ 4500 taxis. "C’est un objectif réaliste, étant donné que nous souhaitons avoir des dômes en activité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", explique André H. Martel. Car ces dômes ne font pas l’unanimité. À Montréal, la majorité des chauffeurs sont propriétaires de leur véhicule. Ils l’utilisent donc aussi pour leurs déplacements personnels et ne souhaitent pas nécessairement avoir un panneau publicitaire en permanence sur leur toit.

En fait, les tentatives pour transformer les taxis montréalais en véhicules publicitaires ne datent pas d’hier. Déjà en 1997, l’agence Cossette faisait un premier essai, sans succès. D’autres initiatives du genre n’ont pas eu plus de réussite dans les années suivantes. "C’est grâce à un consensus de l’industrie du taxi que nous avons pu mener ce projet à bien. La situation économique difficile que traversent les chauffeurs de taxi leur a fait prendre conscience de l’importance de s’unir pour faire front commun", rapporte le directeur général de TAXICOM.

Cette volonté d’adopter une politique commune (qui s’est traduite aussi par les manifestations de l’an dernier) explique l’adoption d’un lanternon standardisé depuis le début de l’année et l’engouement pour de nouveaux outils comme des aires d’attente plus visibles et le nouveau panneau d’affichage publicitaire. Il faut dire aussi que le 30 % des revenus publicitaires que TAXICOM reverse aux propriétaires des taxis a dû également peser dans la balance. Reste à savoir si ces nouveaux espaces publicitaires ne viennent pas ajouter à la pollution visuelle de la métropole. Comme le soulignait Scott Burnham, commissaire de la dernière Biennale de Montréal, "la ville est devenue un immense panneau d’affichage publicitaire".

Bien sûr, Montréal est loin d’avoir le monopole de l’affichage sur taxi. La dernière décennie a vu naître dans le monde entier des agences spécialisées dans la publicité sur taxi. Toutes les grandes villes américaines ont mis des panneaux publicitaires sur le toit de leurs taxis, lorsque ce n’est pas les véhicules entiers qui sont maquillés aux couleurs d’une marque commerciale. À Londres ou à Paris, on placarde carrément les publicités sur les côtés des véhicules. À Montréal, on semble y échapper. "Le marquage des taxis n’est pas légal ici et je ne pense pas qu’il le soit un jour", confirme André H. Martel. Cela dit, même si les dômes publicitaires des taxis montréalais conservent des dimensions "raisonnables", certains dénoncent l’idée d’ajouter à la pollution visuelle existante. Michel Dallaire, l’incontournable designer montréalais qui faisait partie du jury du concours d’idées des aires d’attente de taxis, estime que "le taxi est un service public et doit à ce titre respecter l’environnement visuel. Il est important de le considérer comme une institution d’intérêt public et non pas comme un panneau publicitaire".

www.taxicom.ca
Pour découvrir les lauréats du concours d’idées Le taxi prend ses aires!: http://www.realisonsmontreal.com/fr/projet/49