On chasse tout de suite l’image de femmes au foyer réunies dans un salon autour d’une tasse de thé et de biscuits secs discutant du dernier Danielle Steel. C’est fait? Maintenant, vous êtes prêts pour entendre parler de clubs de lecture à l’image des membres qui les forment selon les règles que chacun veut bien établir. Sophie Fouron et ses copines ont fondé leur club de lecture il y a maintenant 14 ans, et les six filles ne voudraient pour rien au monde manquer l’un de leurs cruciaux rendez-vous mensuels. À tour de rôle, elles suggèrent une lecture qui fera l’objet de discussion lors de la prochaine rencontre. "Au départ, je voulais faire cet exercice pour m’attaquer aux classiques de la littérature que je n’avais pas encore lus, du Balzac par exemple. Mais au fil du temps, on est passées à travers plusieurs styles, des livres que je n’aurais jamais lus autrement", explique Sophie Fouron. Au chapitre des lectures qui lui sont restées en travers de la gorge, la biographie de Madonna et un essai intitulé Je t’aime qui a finalement mérité sa place dans le palmarès du club. "Quand une des filles l’a proposé, je ne me voyais tellement pas lire un essai avec un titre comme ça! Mais finalement, il a fait l’objet d’une de nos discussions les plus enflammées." Parce qu’il faut l’avouer, lorsqu’un club est formé d’amies de longue date, il n’est pas rare que la discussion sur le livre soit rapidement éclipsée par un autre sujet. Le club de lecture n’en demeure pas moins une façon agréable de partager le plaisir de la lecture. "Je me souviens que pour Ensemble, c’est tout d’Anna Gavalda, ma soeur et moi nous appelions presque à toutes les pages pour nous dire à quel point on aimait ça. Quand le film est sorti, tous les membres du club sont allés le voir ensemble."
Le conseiller en placement Sébastien Saint-Hilaire a plutôt imaginé un club de lecture destiné aux gens d’affaires se spécialisant dans la littérature et les essais économiques. Vaillant lecteur, il a pris l’habitude de faire un résumé en quelques pages des différents livres qu’il parcourait pour en retenir le message essentiel. Depuis deux ans, il ouvre son bureau le dernier vendredi du mois pour accueillir d’autres entrepreneurs ou gestionnaires qui présentent le résumé d’une lecture aux autres membres. "Il n’est pas nécessaire que tous les participants aient lu le livre puisque la présentation du lecteur du mois est très complète et vise à synthétiser le message de l’auteur", explique Sébastien.
Après Oprah, Bazzo
La formule club de lecture a connu un regain de vie quand Oprah Winfrey a adapté l’idée à son talk-show dans les années 90. Au Québec, Marie-France Bazzo se fait un devoir d’inclure un club de lecture dans son émission, mais ici s’arrêtent toutes comparaisons avec la reine de la télé américaine, explique la recherchiste en chef de Bazzo.tv, Carole Bouchard: "Peu d’émissions font place à la lecture au Québec. On trouve primordial d’aborder la question en choisissant une grande variété de maisons d’édition." La clé du succès de ce club réside aussi dans la diversité des lecteurs, de Jean Barbe à François Avard. "Les échanges sont toujours intéressants et c’est rassurant pour le téléspectateur de voir qu’ils ne sont pas les seuls à avoir aimé ou haï un ouvrage." Les téléspectateurs peuvent participer en effectuant les mêmes lectures et en votant pour le palmarès sur le site Web de l’émission. "Nous recevons des suggestions de nos auditeurs. Par exemple, l’an passé, nous avons découvert l’auteur Marc Séguin grâce à un courriel du public." Les livres qui feront l’objet de ce rendez-vous bimensuel de lecture sont annoncés à l’avance sur le site, mais les capsules sont aussi offertes en baladodiffusion, pour ceux qui préfèrent respecter leur propre rythme de lecture avant de comparer.
Bazzo.tv: Dès le jeudi 9 septembre à Télé-Québec, www.bazzo.tv
Côté blogue: www.coteblogue.ca
Goodreads: goodreads.com
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Échanges virtuels
Les clubs de lecture ont aussi leur équivalent sur la Toile. Les sites de réseaux sociaux sont tout à fait désignés pour échanger avec des lecteurs aux goûts semblables aux nôtres, si notre cercle d’amis immédiat est moins enclin à ce genre de loisir. Certains sites entièrement consacrés à la lecture se sont aussi imposés comme des références sur le Web. C’est le cas de goodreads.com, qui répertorie les critiques des lecteurs sous différentes catégories rigolotes, telles que les plus belles couvertures pour les livres les plus mauvais, les livres qui font pleurer, ou encore tout le monde les a lus sauf moi! Il existe également des catégories plus formelles où les livres sont classés par genre littéraire. Au Québec, le groupe Archambault a aussi fondé un café littéraire virtuel via le site coteblogue.ca, qui offre des privilèges aux membres qui s’inscrivent.