À l’angle des rues Notre-Dame et Saint-Jean, à deux pas de la place d’Armes, il y avait un immeuble de stationnement de huit étages, construit en 1955, capable d’accueillir quelque 300 véhicules. Avec son système automatisé de rangement des voitures, le Pigeon Hole Parking Garage était le premier du genre à être construit à Montréal. Ce stationnement étant devenu obsolète, son propriétaire a finalement obtenu l’autorisation de le démolir. Mais, faute de projet immobilier, le terrain du Pigeon Hole est resté vacant, une petite verrue urbaine grumelée de blocs de béton et flanquée de quelques places de stationnement.
Alors, las de voir cette laideur bétonnée injurier les belles pierres de la rue Notre-Dame (et causer du tort au commerce), un commerçant du quartier a pris l’initiative de redonner une vocation à ce petit bout de terrain. L’été dernier, Patrick Lalonde, propriétaire de la boutique SportingClub, mettait sur pied une équipe de bénévoles pour créer un aménagement paysager temporaire qui serait financé par la SDC Vieux-Montréal et l’arrondissement Ville-Marie. Il ne s’agissait alors que d’habiller le périmètre du terrain de quelques carrés d’herbe, bancs et fenêtres symboliques sciées dans des panneaux de bois peints en vert.
Encouragés par le succès de cette première initiative, les concepteurs du nouveau Pigeon Hole ont reconduit l’expérience cet été, mais avec un budget doublé, bien que restant modeste (30 000 $), et une idée plus aboutie. "Pour traduire l’opposition qui existe entre ce terrain abandonné et la valeur patrimoniale des édifices environnants, nous avons joué sur une double thématique: Friche et Célèbre", explique Olivier Lapierre, porte-parole du projet. Le côté "célèbre" est évoqué par une longue passerelle jaune (un catwalk en plein air) qui traverse l’espace en diagonale et par une arche faisant office d’élément architectural signalétique. Au sud de cette ligne, une broussaille de vivaces donne un air de friche sympathique et humain à l’ensemble.
Car, outre cette métaphore amusante, l’intérêt de l’aménagement est de constituer, comme le souligne Olivier Lapierre, "un projet de réappropriation d’un espace urbain par le citoyen". En effet, ici, tout est fait pour que l’on y reste: des bancs pour paresser, des allées de gravier pour jouer à la pétanque, une longue table champêtre pour festoyer… D’ailleurs, dans cet esprit, de nombreuses festivités sont prévues en septembre. Tous les jeudis midi, un groupe de jazz vient animer l’espace. Et le week-end des 11 et 12 septembre risque de voir le Pigeon Hole se transformer en véritable fête de quartier. Le samedi, des ateliers de création nous initieront à l’écodesign, et l’on pourra acheter des produits maraîchers biologiques. Et le dimanche, tout le monde est convié à un grand banquet gratuit en plein air sur fond de jazz…
Friche et célèbre: 240, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
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