Un condo à aire ouverte, bien éclairé. Un client approche Nicolas Brassard afin qu’il y crée un vitrail. Un paysage hivernal. Quelques mois plus tard, après des rencontres et beaucoup de réflexion, la pièce est livrée. À travers elle, l’artisan a saisi l’essence de l’hiver, ses couleurs, son esprit. Il s’est imaginé couché, en pleine forêt, regardant le ciel. Autour, des teintes plus sombres, l’ombre des arbres. Au centre, le ciel, à la clarté diffuse. Une impression de l’hiver, constamment changeante, au gré des humeurs du soleil. Sans trop de coloration. Sans excès. "Mon approche? Garder les choses simples, laisser parler la matière", explique celui qui, après une formation en lutherie, a troqué sa guitare pour le verre.
Un cours aura suffi pour lui faire aimer cette matière. Cinq ans chez les Artisans du vitrail, à Limoilou, pour apprendre le métier. Comprendre comment travailler le verre et, surtout, saisir son interaction avec la lumière. "Sans cela, le verre, c’est presque sans intérêt. Mais avec la lumière naturelle, alors là, il est à son meilleur. Il change pendant la journée, tout dépendant de l’endroit où est placée la source lumineuse. Le verre, c’est un filtre entre nos yeux et la lumière."
Passionné, il veut pousser plus loin l’art du vitrail. En 2009, il fonde Brass Art, son atelier, à Saint-Nicolas. Et se lance, en solo. Il joue avec la matière et, surtout, avec les ambiances que celle-ci peut créer. "Le vitrail peut s’appliquer à tout style de lieu, mais pas à tous les lieux", indique-t-il. Une oeuvre d’envergure ou un vitrail discret pourra changer l’esprit d’un lieu bien éclairé. Sinon, il faudra penser à d’autres options liées à l’éclairage artificiel, comme des luminaires.
Des objets aux accents design que Nicolas Brassard se plaît d’ailleurs à créer. "Le luminaire, c’est l’endroit où je définis mon style et, ensuite, dans le vitrail, je le confronte. Ici, le défi, c’est de concevoir l’objet. C’est un travail plus solitaire, pour lequel on passe plus de temps sur la table à dessin, à travailler les proportions." Il aime travailler avec une palette restreinte. Quelques couleurs seulement. Question de garder l’unicité de chaque pièce. "Ce que j’aime, c’est que je puisse simplement changer les couleurs et faire autre chose, en gardant une belle simplicité appuyée par des motifs asymétriques qui s’approchent légèrement de la symétrie." Une fois le cadre défini, il choisit les couleurs et se lance. Il fait du "jazz". "Le motif en tant que tel, c’est le standard. Le jazz, l’improvisation, c’est ce qu’on va faire dedans", précise-t-il.
La pratique fonctionne particulièrement bien avec le travail en mosaïque, un peu à l’image de celles qu’il a réalisées pour la maison Kinsmen 2009. "Quand je travaille, j’essaie de ne rien jeter. En fait, je ne jette que des grenailles de verre. C’est beau de garder tout ça, mais il faut en faire quelque chose!" L’inspiration est venue au gré de ce projet. Des fenêtres en vitrail. Des morceaux épurés, vierges. D’autres, en mosaïque, aux couleurs bien ramassées: brun, beige, teintes orangées. Tout en équilibre.
Dans tout cela, le défi que s’est donné Nicolas Brassard, c’est d’aller chercher le marché des designers, des architectes. De s’assurer que le vitrail entre résolument dans la modernité. De briser l’idée que certains peuvent avoir du vitrail, à mi-chemin entre le passe-temps et l’esprit religieux. "Plusieurs corps de métiers se sont adaptés au fil du temps. Est-ce que le métier de verrier traditionnel peut lui aussi être actualisé?"
Brass Art
418 953-7350
www.brassart.ca