Vie

Semaine sans voitures : La rue est à nous

Cette année, la journée sans voitures se bonifie pour devenir la semaine sans voitures. Deux événements montréalais se mettent au diapason pour inciter la population à se déplacer autrement.

Après sept années d’existence, la journée En ville sans ma voiture organisée par l’Agence métropolitaine de transport (AMT) se transforme cette année pour devenir une semaine sans voitures. "Devant le succès qu’ont connu les sept derniers événements et à la suite des commentaires de la population nous invitant à étoffer cette manifestation autant dans sa durée que dans son contenu, il nous est apparu souhaitable de lui donner plus d’importance", explique le président-directeur général de l’AMT, Joël Gauthier. Du 20 au 24 septembre, une série de journées thématiques auront ainsi lieu au complexe Desjardins. On y parlera d’environnement, de santé, de sport et de transports collectifs et actifs.

En parallèle, le Centre d’écologie urbaine de Montréal et le Goethe-Institut de Montréal lancent la Semaine Quartiers sans voitures. "Nous estimions qu’une journée sans voitures n’était pas suffisante. Par ailleurs, la problématique d’une ville sans voitures va au-delà de son centre-ville, il faut intéresser aussi les autres quartiers de Montréal", rappelle Luc Rabouin, directeur général du Centre d’écologie urbaine de Montréal. Du 20 au 26 septembre, plusieurs quartiers montréalais vont vivre le rêve d’une vie sans voitures. Il y aura des expositions (Berlin: En chemin vers une ville conviviale pour les piétons), des symposiums d’experts européens, des conférences, des ateliers et des visites de quartiers. Certaines rues devraient devenir piétonnes dans plusieurs arrondissements (Plateau-Mont-Royal, Notre-Dame-de-Grâce, Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles, Ville-Marie, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et Sud-Ouest)…

Une toute petite semaine sans voitures…

En fait de semaine sans voitures, les Montréalais devront se contenter d’une version édulcorée de ce que l’imaginaire collectif peut se représenter lorsqu’on évoque l’idée de ville sans voitures. L’essentiel des deux événements se fera sous forme de conférences et d’expositions en intérieur. Pour ce qui est du centre-ville, la partie "sans voitures" à proprement parler, c’est-à-dire la fermeture effective des rues à la circulation automobile, sera limitée au mercredi de 9 h à 15 h 30. Si on gagne une demi-heure par rapport aux années passées, le créneau horaire "sans voitures" exclut toujours les heures de pointe, réduisant ainsi considérablement l’impact de l’événement. Pour Joël Gauthier, la raison de ce choix d’horaire est double: "Il faut savoir d’abord que le réseau de transport en commun est déjà presque à pleine capacité. Par ailleurs, il faut comprendre qu’on ne peut pas fermer impunément à la circulation le coeur économique de Montréal. Ce projet de fermeture est le fruit de discussions avec la Ville de Montréal, l’arrondissement Ville-Marie et les commerçants…"

Pour ce qui est des autres quartiers, l’événement ne risque pas de gêner beaucoup plus les automobilistes. La piétonisation de certaines rues n’est en fait qu’un projet. Une quinzaine de comités de citoyens ont entrepris des démarches en ce sens auprès des arrondissements mentionnés plus haut, dont les résultats ne seront rendus publics que le 21 septembre. L’objectif est d’interdire des bouts de rues le mercredi ou un jour de la fin de semaine suivante. "C’est une démarche bureaucratique assez complexe dont il est difficile de prévoir l’issue", souligne Luc Rabouin.

Problèmes de freins

Malgré tout, il ne faudrait pas enterrer trop rapidement une initiative qui a le mérite d’exister. "C’est d’abord un objectif de sensibilisation", précise Joël Gauthier. "Nous voulons capter l’imaginaire de la population et lancer un appel à la réflexion pour faire de Montréal une ville écologique", renchérit Luc Rabouin. Quels sont alors les freins à un Montréal sans voitures? Culturels, dans une métropole nord-américaine où 70 % de la population prend la voiture pour aller travailler, alors qu’un tiers des travailleurs d’Amsterdam se rendent en ville à vélo? "Avec 66 % des travailleurs du centre-ville qui vont au boulot en transports collectifs, Montréal se rapproche davantage des villes européennes que de celles d’Amérique du Nord", réfute le PDG de l’AMT.

Politiques alors? Joël Gauthier rappelle que les choses vont en s’améliorant: "La STM a acheté 200 nouveaux autobus articulés; 160 nouvelles voitures ont augmenté la capacité des trains de banlieue de 70 %; on projette trois prolongements de métro et, pour la première fois depuis les années 1970, l’utilisation de l’automobile a baissé de 1 %…"

D’autres, comme Luc Rabouin, voient plus grand. "Il faut de la vision et une volonté qui va au-delà du discours politique. On rate des occasions de limiter les places de stationnement dans de nouveaux quartiers, comme autour du métro Rosemont. On manque de projets d’envergure…", conclut-il.

En ville sans ma voiture, toute la semaine!
Du 20 au 24 septembre
Au complexe Desjardins
www.amt.qc.ca/comm/enville/index.asp

Semaine Quartiers sans voitures
Du 20 au 26 septembre
www.ecologieurbaine.net