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Aménagement urbain sur la santé : Le facteur géographique

Et si votre ville pouvait vous aider à combattre l’excès de poids? C’est ce que suggère une nouvelle étude de l’Institut national de santé publique du Québec en proposant de prendre en considération la problématique du poids dans l’élaboration des plans d’aménagement urbain.

Alimentation et activité physique sont toujours pointées du doigt quand vient le temps de parler de la problématique de l’excès de poids. Pour la première fois, un nouveau coupable figure au banc des accusés, selon les experts en santé publique du gouvernement: le facteur géographique. Ainsi, vous n’êtes plus le seul responsable quand vous choisissez de prendre la voiture plutôt que de marcher pour faire vos courses: c’est aussi la faute de votre quartier! Le raccourci est peut-être un peu fort, mais plutôt que de déresponsabiliser complètement le citoyen, l’étude intitulée L’Impact de l’environnement bâti sur l’activité physique, l’alimentation et le poids propose une réflexion intéressante sur l’aménagement des municipalités et la facilité d’accès aux services.

Transport actif

Concrètement, prenons l’exemple d’un enfant qui doit se rendre à l’école tous les matins. S’il doit traverser une artère achalandée sur son itinéraire ou si les voitures circulent trop rapidement dans son secteur résidentiel, il y a de bonnes chances que ses parents lui interdisent de marcher jusqu’à l’école. Résultat, seulement 30 % des enfants se rendent à l’école à pied de nos jours, comparativement à 80 % en 1971. En favorisant l’aménagement de dos d’âne ou d’avancées de trottoir, on sécurise les lieux et on facilite le transport actif. C’est exactement le genre d’initiative menée par la Coalition québécoise sur la problématique du poids dans son projet de quartiers verts et actifs à Montréal. "Nous avons quatre projets pilotes en branle à Montréal en collaboration avec le Centre d’écologie urbaine. L’étude que vient de publier l’Institut de santé publique du Québec représente un grand pas en avant pour nous. Pour une fois, un groupe de scientifiques d’ici démontre que l’aménagement du territoire a un impact sur le poids. Avant, on ne se fiait qu’à des études de l’étranger", explique Suzie Pellerin, directrice de la Coalition.

Parmi les données confirmées par l’étude, on note une corrélation entre la proximité d’un supermarché et la facilité de s’approvisionner en fruits et légumes. À Montréal, près de 40 % des citoyens ne résident pas à une distance de marche d’un supermarché. Dans le même ordre d’idées, la problématique de la restauration rapide à proximité des écoles est soulevée dans l’étude. 37 % des écoles publiques sont à moins de 15 minutes de marche d’un établissement de restauration-minute. On cite l’exemple de Los Angeles où un moratoire a été imposé sur la construction de restaurants-minute dans certains quartiers défavorisés.

Toutes ces statistiques sont soulevées dans le but d’en arriver à une conclusion, soit la possibilité d’améliorer la situation par le biais d’une collaboration entre la Santé publique et les responsables du plan d’aménagement urbain. On pourrait, par exemple, faciliter la construction de supermarchés dans un quartier où le besoin se fait criant en implantant des mesures incitatives ou modifier le règlement de zonage pour prévenir la multiplication des restaurants-minute. "Il ne faut pas que ce soit seulement le ministre de la Santé qui s’occupe de la santé, tous les ministres devraient avoir cette préoccupation en tête pour chacune de leurs décisions", croit Suzie Pellerin.

Quartiers verts et actifs

La Coalition québécoise sur la problématique du poids est plutôt optimiste quant aux différentes avancées sur le territoire de Montréal. Le projet domiciliaire Griffintown est vu d’un bon oeil grâce à sa densité et à son ratio logements / places de stationnement. "Pour 1375 logements, seulement 300 places de stationnement seront offertes, et les bicyclettes auront une grande aire d’entreposage", résume Suzie Pellerin. Au chapitre des réussites, figure également le cas de Mercier-Est, l’un des premiers projets pilotes des quartiers verts et actifs. Cinq écoles primaires ont participé à l’élaboration du projet "Mon école à pied", qui a permis d’identifier les points dangereux aux abords de ces écoles et d’améliorer la signalisation pour sécuriser le trajet à pied ou à vélo.

Coalition québécoise sur la problématique du poids
4126, rue Saint-Denis, Montréal
www.cqpp.qc.ca