Sortir de ses murs pour rejoindre le grand public, voilà l’idée derrière les 5 à 7 de l’École d’architecture. Avec son ambiance décontractée et rassembleuse, Le Cercle s’avérait l’endroit tout indiqué pour attirer un maximum de curieux à ces rencontres participatives. "Les grandes conférences que l’on présente habituellement ont lieu dans notre établissement. Elles s’adressent surtout à des professionnels, à des fonctionnaires, à des urbanistes… J’avais envie d’amener les débats sur l’architecture et l’urbanisme sur la place publique et, surtout, de générer des échanges", relate Tania Martin, professeure à l’École d’architecture et principal maître d’oeuvre de ces 5 à 7 instructifs et interactifs.
Le concept est simple: de trois à cinq panélistes se prononceront sur une thématique pendant environ cinq minutes chacun, puis l’animateur (Matthieu Dugal ou Réjean Lemoine, selon le cas) invitera le public à réagir, à poser des questions, à émettre son opinion, voire à s’obstiner avec les experts… Une formule qui devrait connaître un beau succès, estime l’organisatrice. "L’environnement bâti, c’est notre milieu de vie, ça concerne tout le monde, lance-t-elle avec aplomb. Les gens du public ont sûrement des choses à dire là-dessus. On est en train de former ceux qui vont concevoir, modifier cet environnement. Si les "spectateurs" peuvent participer au débat, pas seulement écouter, tout le monde va apprendre de ça, nous autant qu’eux."
L’apprentissage sera varié, puisque les thèmes ratissent large: "Vivre en ville, en banlieue ou en campagne? La signification du choix résidentiel" (11 novembre), "Architecture à énergie zéro" (10 février), "Patrimoine, paysages et communautés: la Gaspésie à l’avant-garde" (24 mars) et "Construire pour le monde" (21 avril).
Et pour ouvrir le bal, le jeudi 7 octobre, une épineuse question tout à fait à propos pour Québec sera débattue: "Les difficultés de promouvoir une architecture contemporaine de qualité dans un milieu ancien". Force est d’avouer que dans la capitale, les constructions contemporaines intégrées à la trame ancienne se comptent sur les doigts d’une main. Avec le public, les cinq experts invités tenteront de comprendre le pourquoi de ce manque d’audace. "On défend la valeur de Québec par son architecture ancienne, mais on peine à identifier des interventions contemporaines qui contribuent à actualiser la tradition, à manifester au reste du monde comment nous entendons participer à l’évolution d’une culture à la fois locale et mondiale", expose Jacques White, panéliste participant à cette première rencontre en ses qualités d’architecte et de professeur à l’École d’architecture. Bien sûr, précise-t-il, il y a bien le Musée de la civilisation (qui date des années 1980) et la promenade Samuel-De Champlain. "Mais les autres architectures manifestes possibles à Québec ne sont encore qu’en projet, notamment les propositions gagnantes du concours Paysages suspendus (pour la requalification des bretelles de l’autoroute Dufferin-Montmorency) et de celui de l’agrandissement du Musée national des beaux-arts du Québec. Les deux dérangent et apportent, quelque part, une réponse à la question."
Il y aura donc lieu de s’interroger sur la prétendue supériorité de l’architecture traditionnelle par rapport à l’architecture contemporaine, sur le patrimoine que nous laisserons aux générations qui habiteront Québec dans le futur, sur la façon de perpétuer la tradition sans la mimer… Prenez des notes et préparez vos questions, car le micro, si vous le souhaitez, sera à vous!