Outre la visite de salons du design comme le fameux Tent London, le but premier de nos neuf "explorateurs" était d’établir des premiers contacts avec des partenaires commerciaux européens. "Ce qui nous a fait choisir ces designers, c’est notamment leur sens du développement des affaires, c’est-à-dire leur capacité non seulement à présenter des produits, mais aussi à les vendre", rapporte Christian Bélair, le directeur adjoint du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, qui est à l’origine de cette initiative. Bien sûr, nos designers se démarquent également par la qualité et l’originalité de leurs créations. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux participent en ce moment à l’exposition new-yorkaise consacrée au design québécois de la relève, FROM QUEBEC – In New York City. "À partir de tout ce que j’ai vu à Londres et à Bruxelles, je peux dire que nos participants n’ont rien à envier aux designers européens", confirme Christian Bélair.
À travers cette mission européenne, on peut entrevoir ce qui participe au succès de certains de nos designers: un pragmatisme commercial, une certaine éloquence, une créativité à la fois opportuniste et originale… En voici trois exemples, à défaut de ne pouvoir parler de tous.
Dringdring: créativité et pragmatisme
"Au sortir de mes études en design, j’avais plein d’idées de produits, mais elles demandaient toutes des coûts de démarrage que je ne pouvais pas me permettre", se souvient Annie Legroulx, la fondatrice de Dringdring. C’est ainsi que, par hasard, la designer se lance dans l’artisanat de sonnettes de vélo personnalisées. Mais, outre l’avantage de pouvoir se passer d’un outil de production coûteux, le fait de peindre ses sonnettes à la main (plutôt que d’utiliser un procédé industriel de transfert à chaud) donne un fini en relief à ses produits. Aujourd’hui, ce sont quelque 10 000 de ses créations qui se vendent comme des petits pains chauds. Malgré son jeune âge, le pragmatisme dont fait preuve la designer donne à penser que son succès ne s’arrêtera pas là. "J’ai été approchée par plusieurs distributeurs, mais je n’avais pas la capacité de production pour répondre à leur demande. Plutôt que d’attendre qu’on copie mon idée, je viens de passer un accord avec un éditeur américain qui peut à la fois distribuer et produire mes sonnettes", confie-t-elle.
Toytoy: opportunisme et générosité
"Avec la crise, les jeunes parents n’ont plus d’argent, mais veulent toujours offrir à leurs enfants des produits de qualité", constate Mikaël Mourgue, le cofondateur de la marque Toytoy. C’est donc l’opportunisme qui est à l’origine des meubles en carton Toytoy, mais aussi la générosité (une générosité qui est aussi très "tendance", ce qui ne gâte rien!). Car Toytoy, comme le dit son slogan, est "un design qui vient du coeur". Ces meubles se veulent responsables, produits au Canada avec des matériaux recyclés. Opportunisme et générosité qui se combinent ainsi pour faire de la marque une réussite sur laquelle elle surfe d’opportunité en opportunité. Après Omer DeSerres, ce sont deux distributeurs européens qui se montrent intéressés. En obtenant les droits de reproduction des personnages de la série Toupie et Binou, Toytoy s’est ouvert les portes de plusieurs distributeurs de jouets au Québec. Le concept va jusqu’à séduire des organismes comme La Maison de la famille du Grand-Portage de Rivière-du-Loup qui veut associer la marque à des collectes de fonds.
Toma Objects: réinterprétation graphique d’objets
En tirant parti de son expérience et de ses rencontres, Anne Thomas est parvenue à imaginer une ligne d’accessoires de maison combinant traitement graphique et réinterprétation d’objets traditionnels. Designer graphique à la base, la fondatrice de Toma Objects s’initie au design industriel lorsqu’elle crée des objets personnalisés pour remercier ses clients. Mais c’est un voyage au Japon qui concrétise ce goût naturel pour le design d’objets. Naît alors une gamme d’accessoires de table donnant une touche graphique à des objets existants. C’est surtout sa nouvelle ligne, Inside Out, qui lui permet de se démarquer. "L’idée était de réhabiliter des objets que l’on ne montre pas en général, en leur apportant un traitement à la fois graphique et ludique", explique Anne Thomas. À l’instar de ses cintres torsadés multifonctionnels ou de ses paillassons combinant jeu des formes et poésie des idées, la designer transforme notre perception des objets les plus banals. Après le Design Tide de Tokyo en 2009, c’est le Type Directors Club new-yorkais qui a été séduit par ses créations et l’intègre dans son exposition itinérante de 2010…
Adresses /
DringDring: www.dringdring.ca
Toytoy: www.toytoy.ca
Toma Objects: www.tomaobjects.com