"Ce n’est pas la lumière qui manque à notre regard, c’est notre regard qui manque de lumière", écrit le philosophe français Gustave Thibon. Assimilons cette citation au premier degré.
On se lève, il fait noir. Puis on sort du travail, le soir. Encore noir. L’automne incendie les paysages d’ambre, d’or et de rouge. Mais il laisse aussi choir une pluvieuse grisaille qui nous prive des heures d’ensoleillement d’été. Un crépuscule hâtif. Toujours trop tôt, trop vite.
L’on ressent indéniablement les effets de cette privation. L’illumination moins intense et plus courte des jours transforme la sérotonine (hormone responsable de notre bonne humeur) en mélatonine (hormone du sommeil). Et ça, c’est pas bon, parce qu’un surplus de mélatonine dans le sang accroît notre lassitude, notre appétit et notre irritabilité.
Notre corps ressent donc un manque, l’automne venu. Comment combattre cette fluctuation d’humeur de façon concrète, à la maison?
Catherine Hovington, conseillère en éclairage spécialisée en luminothérapie chez Boiteau Luminaire, nous rappelle que le choix de l’éclairage de notre foyer est l’élément le plus important, et celui sur lequel nous avons la plus grande emprise: "L’idéal, c’est de s’assurer que notre salon soit orienté au sud, afin de bénéficier d’un ensoleillement toute la journée, tandis que des chambres à l’est permettent de goûter les bienfaits de la lumière matinale." Le bureau de travail? "Le plus près possible d’une fenêtre non voilée." Cependant, si l’orientation fait défaut, il est primordial de sélectionner des lampes avec la plus grande intensité lumineuse possible. "Utilisez l’halogène et les ampoules fluorescentes (le tube à plein spectre étant optimal) plutôt que les bonnes vieilles ampoules à incandescence. Aussi, considérez de peindre vos murs et vos plafonds en blanc ou d’une couleur claire afin d’augmenter la luminosité de vos pièces."
Par contre, Mme Hovington souligne aussi que, malgré notre bon vouloir, "les rayons du soleil d’été nous procurent 10 000 lux [unité de mesure de l’intensité lumineuse], alors qu’une pièce bien éclairée (artificiellement) n’en apporte qu’entre 500 et 700". C’est pourquoi un traitement de luminothérapie peut se révéler le moyen par excellence pour traiter la dépression plus soutenue. "L’utilisation de la luminothérapie consiste en une exposition quotidienne à une intensité lumineuse équivalente à celle que nous procure le soleil. Nous n’avons pas besoin de regarder la lampe, il suffit d’être exposé une trentaine de minutes à la lumière pour qu’elle pénètre dans l’oeil. Le meilleur temps pour effectuer le traitement est le matin. Il est important de le faire tous les jours pendant l’automne et l’hiver dès que les symptômes de la dépression saisonnière se font sentir."
"La distance est aussi un facteur important. Chaque modèle de lampe possède une distance prescrite, qu’il convient de respecter afin de recevoir l’exposition de 10 000 lux nécessaire au cerveau."
De la lumière, donc. Juste de la lumière.
"Non, pas totalement", rétorque Mme Hovington. "Notre maison, c’est notre environnement primaire, celui qu’il convient de bien éclairer pour notre mieux-être. Mais il ne faut jamais sous-estimer le rôle antidépresseur de l’exercice physique et des balades fréquentes à l’extérieur, dès qu’on en a l’occasion." Et le sommeil, lui? "Un incontournable. Bien dormir est essentiel à l’organisme, encore plus en automne et en hiver. On doit se coucher plus tôt, et s’offrir un horaire régulier de sommeil."
Pis faudrait pas oublier qu’un sourire, ça aussi, ça illumine pas à peu près. À partager sans modération. Surtout à la maison.