Lors de la première édition de La Nuit de la philosophie en 2005, des centaines de participants affluaient à l’UQAM pour prendre part à la centaine d’activités proposées en 24 heures. La soif des Montréalais de différents horizons pour ce genre d’événement ne s’est pas démentie lors des quatre éditions qui ont suivi. Même son de cloche pour l’UPAM (l’Université populaire à Montréal, née dans la foulée de la grève étudiante de 2007) qui attirait un impressionnant nombre d’intéressés.
À la tête de ces deux projets "amis d’esprit et de coeur", les équipes choisissent en 2009 de faire front commun pour créer un lieu d’échange et de diffusion du savoir "plus permanent". "Les structures institutionnelles ont des contraintes et des objectifs précis: on cherche à obtenir des crédits, des diplômes. Avec l’UPop Montréal, on voulait sortir de la forme d’enseignement traditionnelle pour proposer un lieu d’échanges et de réflexion en dehors des institutions", résume une des fondatrices, Marianne Di Croce.
Pour ce faire, le comité organisateur s’est inspiré des universités populaires (UP) implantées depuis de nombreuses années en Europe. Une petite délégation se rendait d’ailleurs en France en juin dernier pour visiter des UP en France (Lyon, Grenoble, Aix-en-Provence, Arles…) avant de créer un modèle québécois. "L’accessibilité, le fait que ce soit gratuit et multidisciplinaire sont les principes fondateurs du projet. On espère que puisse se créer une communauté autour du projet. Il n’y a pas d’orientation générationnelle, mais il y a certes l’idée de développer un regard critique sur la société", résume Mme Di Croce, professeure de philosophie au cégep.
Horaire de cours
Au fil des rencontres, les neuf fondateurs – âgés de 25 à 35 ans – établissent les principes de l’UPop Montréal, avant de s’attaquer à l’os: le calendrier de cours de la première session. "Nous nous sommes penchés sur des dossiers qui nous interpellaient particulièrement et qu’on jugeait pertinents. Par exemple, un cours d’économie qui nous permettrait de mieux comprendre la crise économique et ses impacts, mentionne Mme Di Croce. Le cycle Démocratie et espace public relève d’un intérêt que j’avais d’examiner différentes facettes de l’espace public. Des gens de notre connaissance ont aussi manifesté leur intérêt en nous suggérant des thèmes intéressants: le cinéma et les arts, les dynamiques du désir, le hockey et la philosophie."
Offerts dans des lieux conviviaux – la Grande Bibliothèque, le Café-bar de la Cinémathèque, le Bar Populaire… -, les cours s’inscrivent dans un cadre dynamique et libre de toute contrainte. "On espère que les cours permettront de mieux comprendre le monde qui nous entoure et qu’ils donneront envie aux participants de s’engager un peu plus dans leur communauté", explique Mme Di Croce.
L’interaction est aussi une pierre d’assise de l’université populaire. "La participation du public est centrale dans le projet. Les professeurs apportent certes une expertise, mais on veut laisser la place à d’autres qui peuvent apporter la discussion plus loin. C’est pourquoi la portion théorique est toujours suivie d’un temps pour la discussion et le débat."
Le comité demande d’ailleurs à ses professeurs invités – non rémunérés – d’ajuster leur séance en fonction des groupes… "On leur demande de faire appel à l’intelligence des gens tout en employant un vocabulaire accessible. Je pense que pour eux, c’est une occasion de donner un cours dans un cadre plus libre, sans les contraintes des notes et des évaluations, ce qui rend la discussion plus riche à bien des égards."
Adresse /
UPop Montréal: 514 317-0359, www.upopmontreal.com
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À l’agenda
À l’horaire des cours de l’automne, le cycle sur les arts et le cinéma abordera notamment les thèmes de la trame sonore et du cinéma vérité; le cycle sur les dynamiques du désir abordera le désir de reconnaissance et la pornographie féministe; le cycle sur l’économie abordera l’origine du néolibéralisme et le rôle de l’État dans l’économie mondiale; le cycle Démocratie et Espace public aura pour thèmes Art et Espace public et Émeute et Action directe. La série Hockey et Philosophie propose pour sa part les séances Le Sport, deux solitudes, La Religion du Canadien et Violence gratuite… payante? "On trouvait que c’était intéressant de montrer que la philosophie pouvait être actuelle et accessible, note Marianne Di Croce. La série de conférences s’inspire de l’ouvrage collectif La Vraie Dureté du mental. Hockey et Philosophie de Christian Boissinot (qui donne les cours) et Normand Baillargeon. On y met en relation des questions philosophiques ou sociologiques par le biais de thèmes sous-jacents au hockey." Surveillez aussi la liste des cours de la session prochaine qui promet d’aborder des sujets des plus diversifiés, dont certains toucheront différentes disciplines artistiques et la science pure.