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Ataensha Productions : Line Romain Descombes et Komi Gbekou

Elle est huronne-wendat, il est d’origine togolaise. Ensemble, ils conçoivent des spectacles où les percussions et les rythmes du monde servent de véhicule à un noble idéal: l’union des peuples. Discussion avec Line Romain Descombes et Komi Gbekou, cofondateurs d’Ataensha Productions.

Voir: Ataensha Productions, c’est quoi?

Komi Gbekou: "Une compagnie qui conçoit des spectacles multiculturels interactifs, où les gens sont invités à participer. Ataensha, ça signifie "main dans la main" en wendat. Ce qui nous tient à coeur, ce sont les tambours, les percussions du monde. Le tambour, ça a été le premier moyen de communication, le premier cellulaire. On veut lui rendre sa place, car il peut apporter plus de paix et de compréhension entre les peuples."

Votre mission?

Komi: "Toucher le coeur des gens, entre autres par la culture amérindienne, car c’est sur celle-là que se basent toutes les cultures que nous représentons dans notre compagnie."

Comment a germé l’idée?

Komi: "Line et moi nous sommes rencontrés dans un cours d’entrepreneuriat il y a quatre ans. Puis on est allés en Europe, aux Rencontres de folklore internationales, qui réunissent des peuples minoritaires. Après notre prestation, où on mélangeait la culture amérindienne et la culture africaine, le président du festival a dit que le Canada était un exemple unique de l’union des peuples."

Line Romain Descombes: "J’étais en coulisses, et étonnamment, je me suis mise à pleurer. Tout le long du retour, j’ai laissé mijoter cette phrase. En descendant de l’avion, je savais que je voulais mettre de l’avant ce côté multiculturel."

Pourquoi avoir choisi l’organisation de spectacles?

Line: "Dans la culture amérindienne comme africaine, la danse est presque innée. Ta famille te transmet ça très jeune. C’était donc en moi, tout comme en Komi."

Quels spectacles avez-vous conçus dernièrement?

Komi: "On a fait un grand spectacle réunissant plusieurs nationalités à l’ouverture de l’Espace 400e en 2008, puis un autre à l’inauguration du Potager des visionnaires au Musée de la civilisation. L’année dernière, on a travaillé avec Robert Lepage sur un spectacle de canotgraphie. On est aussi allés aux Jeux de Vancouver deux fois l’hiver passé."

Proposez-vous d’autres activités?

Komi: "On fait beaucoup de "corporatif" [consolidation d’équipes par les tambours] en plus de donner des cours de percussions et de danse. Le tambour est au centre de nos activités, mais on veut surtout mettre l’accent sur les rythmes. On offre des cours de hip-hop, de danse cubaine, parfois de baladi, et pas seulement aux gens de la réserve huronne-wendat, ce qui est une première."

Line: "On organise aussi des mariages d’inspiration traditionnelle amérindienne. Je veux vraiment développer ça."

Quels sont vos projets?

Line: "On aimerait amener des activités récurrentes à Loretteville. On a de beaux endroits ici, mais les gens ne les connaissent pas. Je pars aussi pour Haïti en janvier pour enseigner les chants traditionnels dans une école et pour monter un spectacle avec des orphelins. Je vais aussi faire reconnaître des grottes où des esclaves rebelles amérindiens et africains ont été envoyés pour finir leurs jours. On travaille beaucoup sur le dossier de l’esclavage."

Il y a donc une dimension sociale à votre travail?

Komi: "Oui, sociale et humanitaire. Par exemple, quand on est allés en Afrique récemment, on a fait des dons à des orphelins grâce à des fonds qu’on avait amassés ici à Wendake."

Line: "On travaille aussi avec les enfants autistes. Komi a développé une technique de communication avec eux par les tambours. C’est vraiment impressionnant!"

Votre bureau se trouve sur la réserve huronne-wendat. C’était important pour vous?

Line: "Oui! Mes racines sont ici, même si je veux faire connaître ma culture à l’international. C’est mon enfance, ma vie. J’y ai connu les chemins de terre, les trottoirs de bois, les chevaux, le train à vapeur… Je compte mourir ici et être enterrée avec mes ancêtres. Peut-être que la vie va m’amener ailleurs, mais normalement, je devrais rester enracinée ici. Komi, de son côté, a été très bien adopté par la communauté. Tout le monde le connaît."

Komi: "La première fois que j’ai mis le pied ici, on m’a dit qu’on m’attendait depuis 300 ans! J’ai posé des questions, mais dans la culture amérindienne, on ne demande pas pourquoi. Si tu es là, c’est que tu devais être là. Et il y a ici des ressemblances avec les traditions africaines. Ça m’a donné envie de faire partie de cette communauté, même si je n’y passe pas inaperçu… (Rires.)"

Ataensha Productions
93, boulevard Bastien, 2e étage
www.ataenshaproductions.com