Constat général: dans le domaine immobilier, la situation à Québec est favorable. L’économie se porte bien, le marché de l’emploi aussi, avec un faible taux de chômage. Résultat? Bien des ménages font le choix d’acheter une maison. Ajoutons à cela le fait que le taux directeur de la Banque du Canada, à son plus bas depuis 1960, était gelé jusqu’en juin dernier, sans oublier les mesures de contrôle des taux hypothécaires en vigueur jusqu’au 20 avril. Bref, tous les ingrédients étaient en place pour un début d’année explosif. "Ce contexte a fait que des gens qui ne pensaient pas acheter tout de suite ont décidé de passer plus rapidement à l’action", explique Elisabeth Koulouris, principale analyste pour le marché de Québec à la Société canadienne d’hypothèques et de logement. "Le début de l’année a été très actif. On a continué à battre des records, ce qui n’est pas rien, considérant que, des records, on en bat chaque année depuis 2003!" note de son côté Gina Gaudreault, directrice générale de la Chambre immobilière de Québec.
Pourtant, le prix des propriétés est tout sauf à son plus bas. Il faut dire que le marché immobilier de la grande région de Québec est serré. "Lorsqu’il y a de 8 à 10 propriétés à vendre pour un acheteur, on considère que c’est une situation équilibrée. Actuellement, on a 5 propriétés pour un acheteur. C’est donc un marché à l’avantage des vendeurs, ce qui explique d’ailleurs l’augmentation substantielle des prix", souligne Mme Koulouris.
Après un début d’année explosif, le marché a considérablement ralenti en septembre: 27 % moins de ventes. Pourtant, pas de baisse de prix à l’horizon: le prix moyen d’une maison unifamiliale en septembre était de 220 000 $, et celui d’une copropriété, de 170 000 $. "Habituellement, lorsque l’offre augmente et que le nombre de propriétés vendues diminue, on devrait arriver avec une baisse de prix, mais ce n’est pas ça qu’on a vécu", remarque Mme Gaudreault. Pourquoi? À cause du taux directeur. Les acheteurs sont prêts à payer plus cher pour leur maison afin de profiter de sa faiblesse. "Prenez une maison de 220 000 $, financée sur 20 ou 25 ans. Si vous payez pendant une partie du terme un intérêt de 3 à 5 % plutôt que de 13, 14 ou 15 %, la différence à l’autre bout est énorme!"
Mais pourquoi cette hausse constante dans le marché? Selon Gina Gaudreault, elle est aussi attribuable à la relation à la propriété qui change chez les consommateurs. Ceux qui, auparavant, auraient loué un appartement préfèrent maintenant acheter. Quitte à revendre. "C’est un phénomène relativement nouveau: les gens n’achètent plus pour la vie, mais pour leurs besoins du moment." Dans un contexte où le nombre de ménages est en hausse et où le marché locatif est peu favorable, avec un taux d’inoccupation de 0,6 %, on s’explique bien l’intérêt renouvelé pour l’immobilier. "Et cette vague immobilière, c’est tout simplement impossible de dire à quel moment elle s’adoucira."