Le site de la Maison Saint-Gabriel en est un d’importance pour l’histoire du Québec au temps du Régime français. Acquise par Marguerite Bourgeoys en 1668 pour y héberger les Filles du Roy, la maison tricentenaire a conservé son apparence d’antan, typique de l’architecture de la Nouvelle-France. Aujourd’hui transformée en musée présentant quelque 15 000 artefacts de la vie quotidienne des 17e et 18e siècles, elle est flanquée d’une grange qui met en valeur divers objets et oeuvres lors d’expositions. Toutes deux présentant un cachet et une signification historique certaine, elles ont été déclarées monuments historiques en 1965. L’ajout du nouveau pavillon Catherine-Crolo fait de cet îlot paisible situé à Pointe-Saint-Charles une véritable fresque historique. Le pavillon, ancienne résidence des soeurs de la Congrégation de Notre-Dame, a été réaménagé pour accueillir les visiteurs du musée.
Hommage aux métayères
À l’ombre d’arbres matures et encerclées de clôtures de perches qui contiennent avec peine l’avancée du monde moderne, les résidences avoisinantes se font oublier rapidement dès que l’on foule le sentier du Jardin des Métayères.
Entrée officielle du site, l’allée plantée d’une variété d’espèces végétales et ornée d’oeuvres d’art s’intégrant à la nature invite au calme, à un recueillement tout à fait propice. Aussi appelée "ferme de la Providence", la métairie était indispensable à la survie des soeurs de la Congrégation dont les activités agricoles et éducatives étaient concentrées en ces lieux. Par définition, une métairie est un domaine agricole dont le propriétaire confie l’exploitation à des cultivateurs en échange d’une partie de la récolte. Sur les dalles du chemin menant à la métairie, les noms des 86 premières métayères ont été gravés en mémoire de ces 86 femmes qui y travaillèrent avec acharnement de 1668 à 1964.
L’énergique directrice générale de l’établissement, soeur Madeleine Juneau, se réjouit de pouvoir rendre hommage à des femmes qui ne pensaient certainement pas faire l’histoire. "Ces femmes ont permis que l’histoire se rende jusqu’à nous, c’est pourquoi j’imaginais ainsi le sentier: des dalles gravées du nom de la plus ancienne jusqu’à la dernière, en mémoire de leur travail infatigable."
Le bâtiment récemment libéré par les résidentes de la Congrégation a été rénové pour offrir une salle multimédia, une boutique, un restaurant-réfectoire pour savourer "pain et potage", selon l’adage de Marguerite Bourgeoys, et des salles de conférences. Le tout respire l’histoire en présentant des artefacts au fil des pièces d’une grande sobriété. Une terrasse attenante propose une vue sur l’ensemble du site, une bonne tisane d’herbes cultivées sur les lieux et présente un diptyque d’acier et de bronze signé Michel Goulet.
Catherine Crolo
Toutes ces améliorations ne pourraient avoir lieu sans la persévérance de soeur Juneau, une dame dynamique dont on devine la poigne de fer et la vision précise concernant le projet. "Je suis très exigeante et je sais ce que je veux. Il était important pour moi que cet endroit soit habité d’une présence, pas seulement d’une plaque commémorative." Le pavillon est nommé en l’honneur de Catherine Crolo, la première métayère recrutée en France par Marguerite Bourgeoys, qui commença ses tâches "de ménage", c’est-à-dire de gestion de la ferme, en 1668. La ferme atteignit son maximum d’exploitation en 1731 avec 212 arpents; cette zone se trouverait aujourd’hui entre le pont Champlain et le pont Victoria. "Ces femmes vivaient selon des règles très strictes, 28 règles pour être exacte. L’une d’elles m’a immédiatement touchée, relate soeur Madeleine Juneau: une soeur doit avoir l’oeil sur tout, tant dedans que dehors."
Maison Saint-Gabriel
2146, place Dublin, Pointe-Saint-Charles
514 935-8136
La Maison Saint-Gabriel offre une série de conférences culturelles et gourmandes. Surveillez le calendrier au www.maisonsaint-gabriel.qc.ca.