Tout a commencé à Paris, quand la galerie Arludik a proposé à Ubisoft d’organiser une exposition des illustrations numériques ayant servi à la création des trois tomes du jeu vidéo Assassin’s Creed. L’expo a fait fureur, avec un achalandage de 200 personnes par jour.
À la veille de la sortie du troisième volet, intitulé Assassin’s Creed Brotherhood, le 16 novembre prochain, l’occasion ne pouvait être mieux choisie pour Ubisoft de reprendre ce concept pour le présenter en primeur à Montréal. D’autant plus qu’on sait que la plupart des jeux de la compagnie sont conceptualisés ici.
Si l’exposition qui aura lieu à la galerie Yves Laroche propose une sélection différente de celle de Paris (où les oeuvres ont été vendues, alors que cette expo se veut itinérante), le concept demeure le même: faire connaître au public cette première phase de création méconnue, où les concept artists cristallisent la vision artistique d’un jeu.
Quand le numérique rencontre l’art
Olivier Martin est un concept artist, comme on les appelle, qui a travaillé au troisième volet d’Assassin’s Creed pour Ubisoft. "Les concept artists vont mettre en images la vision artistique du jeu, en dialoguant avec le directeur artistique et les game designers. C’est comme pour construite une maison: on réalise les plans d’architecte au préalable. Donc, avant que le jeu soit mis en 3D, on le dessine en 2D." Pour un seul concept art (illustration), un illustrateur peut travailler entre deux et cinq jours.
Spécialisés en création de personnages ou de décors, les concept artists du volet Brotherhood ont commencé leur travail en effectuant des recherches historiques avec l’aide d’historiens de McGill, le but étant de représenter le plus fidèlement possible l’univers où évolue le protagoniste principal, Ezio. "Brotherhood se déroule à la Renaissance, à Rome. Nous avons reconstitué entièrement la ville, qui fait 30 km2, telle qu’elle était à l’époque, vers les années 1500, avec le Panthéon, le Colisée… Le même processus est suivi avec certains personnages qui ont déjà existé, comme Léonard de Vinci ou Machiavel."
Le but du concept artist est de créer, via son illustration, un moment visuel dont pourront s’inspirer ceux qui conceptualisent le jeu en 3D, comme quand le personnage d’Ezio arrive dans le Colisée ou découvre le Panthéon, par exemple. "C’est vraiment intéressant de se replonger dans l’époque, de suivre les traces du personnage dans Rome et d’essayer de retransmettre ses émotions", raconte Olivier Martin.
Ni gouache ni pinceau, ici, que du numérique. Mais la vision artistique n’est pas moindre pour autant, selon le créateur: "Je crois qu’on peut affirmer que c’est de l’art, en quelque sorte car, même si le médium est numérique, au sens où on ne déplace pas de la peinture mais des pixels, on tente de véhiculer des sentiments, de communiquer des idées, ce qui est le propre de n’importe quelle production artistique."
www.yveslaroche.com
www.ubi.com/fr