Vie

Salon des métiers d’art : Main-d'oeuvre de Noël

Dans l’imaginaire collectif des enfants, les lutins travaillent sans arrêt dans un immense atelier au pôle Nord pour fabriquer les présents de Noël. Une fois l’âge de raison atteint, on sait que le père Noël va plutôt en sous-traitance directement chez les artisans qui se retrouvent au Salon des métiers d’art. Mais la magie est quand même au rendez-vous….

Autant le Salon des métiers d’art de Montréal peut nous rappeler la frénésie d’un mythique atelier de père Noël, autant une visite dans le repaire d’un artisan est source de plénitude. Ces deux énergies complètement opposées nous forcent à croire en la magie du temps des Fêtes, tant il semble impossible que tous ces chefs-d’oeuvre aient été confectionnés à la main. Sceptique? Une visite de l’atelier de Charles Valcourt, dont la beauté des lampes est réputée, vous redonnera la foi dans les petits miracles de Noël. Dans son local du quartier Pointe-Saint-Charles, l’ébéniste met la dernière touche à ses nouveaux tableaux magnétiques en marqueterie. "Je reviens d’un salon à Chicoutimi et c’était la folie, j’ai presque manqué d’inventaire", explique-t-il, encore surpris de l’enthousiasme suscité par son travail. Top chrono, il lui reste 12 jours pour produire de nouvelles pièces pour son kiosque à la Place Bonaventure. Surtout que pour son dixième anniversaire de présence au Salon des métiers d’art de Montréal, il a hérité d’un emplacement avantageux dans l’allée centrale. Si sa salle d’exposition dispose de quelques modèles, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de la faisabilité de l’objectif avant la date d’échéance. L’artiste ne semble toutefois pas s’en formaliser: "C’est sûr que je m’enligne pour des journées de 15 heures dans l’atelier d’ici là, avec de la bonne musique pour m’accompagner", indique Charles Valcourt, complètement zen. Bien conscient de ses capacités de production, il n’a pas l’intention de pousser la machine au-delà du raisonnable. Cette humilité devant la création va de pair avec son désir d’offrir un service personnalisé. "Une fois le Salon entamé, j’essaie de ne pas revenir travailler dans l’atelier. Je veux être présent pour parler avec les visiteurs et les guider dans leurs choix", explique celui qui pourrait avoir un carnet de commandes beaucoup plus rempli. À mettre très tôt sur votre liste de cadeaux! Stand no 725, www.charlesvalcourt.com

Utile, l’art?

Solitaire, la vie d’artiste? Pas si on se fie à l’agenda des prochaines semaines de la céramiste Marie-Joël Turgeon qui va partager son temps entre Montréal et Toronto, à la rencontre de clients potentiels. "Je ne dirai pas que c’est un mal nécessaire parce que ce serait trop négatif comme vision, mais c’est sûr qu’après la période des Fêtes, je serai contente de retrouver le calme de mon atelier Tréma à Sainte-Adèle", confie la jeune femme qui profite d’un dernier blitz pour assembler ses pièces de céramique. Ayant choisi l’art décoratif plutôt qu’utilitaire, le quotidien d’un salon ouvert au grand public n’a pas le même impact pour elle. "Je n’attire pas nécessairement les gens qui sont à la recherche d’un cadeau à offrir, mais plutôt ceux qui veulent se faire plaisir en achetant une pièce pour eux." Ainsi, il n’est pas rare qu’elle entende des commentaires un peu désobligeants. "Il y a parfois des gens qui passent devant mon kiosque en demandant à voix haute à quoi ça sert!" raconte en riant l’artiste qui ne se formalise pas d’atteindre un public plus restreint avec ses poires décoratives, ses bouées suspendues et ses courtepointes murales. Cela ne l’empêche pas de songer dès la création aux futurs propriétaires encore inconnus de ses oeuvres. "C’est au coeur de mon travail! Si je fabrique une pièce, c’est pour que quelqu’un l’achète en bout de ligne. Je songe aux couleurs et aux tendances qui pourraient plaire à mes clients avant chaque période de création". Stand no 717, www.ateliertrema.com

Noël en février

Pour éviter de se transformer en une chaîne de montage industrielle de boules de Noël à l’approche du mois de décembre, l’artiste verrière Nicole Trudel-Marion se met en mode production dès février. Abonnée au Salon des métiers d’art depuis longtemps, elle a fait ce choix pour préserver l’aspect artistique de son travail. "Je dois faire une centaine de boules en verre, alors je veux que ça reste de la création et non seulement de la production", explique la résidente de Saint-Donat qui s’installe à Montréal pour tout le mois de décembre. Malgré ses bonnes résolutions, il lui est déjà arrivé de devoir quitter son kiosque en plein salon pour souffler en catastrophe de nouvelles pièces! Confiante en son inventaire, les derniers jours avant son départ seront consacrés à la signature de chacune de ses créations uniques dans l’espoir de les voir orner un sapin de Noël dès cette année. Loft no 3

Salon des métiers d’art du Québec
Du 3 au 22 décembre
Place Bonaventure, 800, rue de La Gauchetière Ouest, Montréal
www.metiers-d-art.qc.ca/smaq/