Dimanche, 22 h 25, Auditorium de Verdun
Rémi Bourget administre ses derniers conseils aux joueurs de son équipe, les Gars de Verdun. "Je veux revenir sur le dernier match, les gars, j’ai vu plusieurs formes d’égoïsme dans votre jeu, je trouve qu’on a manqué d’abnégation", discourt l’entraîneur avec la force tranquille d’un Jacques Martin mais la verve d’un Jacques Mercier dans la première saison de Lance et compte. Victorieuse lors des sept dernières rencontres, l’équipe pourrait voir ce match mettre fin à sa séquence glorieuse, elle qui affronte ce soir les Troopers, la formation du fondateur de la Tony Hockey League. L’intensité du coach n’a d’égale que le plaisir qu’éprouvent les 11 joueurs, pour la plupart des avocats et notaires. Le coach exerce toujours la profession de procureur. "Mon emploi d’entraîneur ne me permet pas encore d’en vivre", précise-t-il sur un ton pince-sans-rire qui rend son dévouement encore plus désarmant. Portant une prothèse à la jambe gauche, le jeune homme de 28 ans a trouvé une façon de vivre sa passion pour le hockey de façon active malgré sa condition.
En plus de préparer les discours d’avant-match et les systèmes de jeu, il rédige un courriel hebdomadaire à ses hommes pour rappeler les points à travailler. Cette semaine toutefois, il a failli à la tâche et n’a pu mener les Gars de Verdun à la victoire. À voir le mécontentement des joueurs alors qu’ils rentrent au vestiaire après une défaite de 5-3, c’est à se demander si le jeu reste un jeu. "Comme disait Jacques Demers, vous êtes payés pour compter des buts", rappelle Rémi en exprimant sa déception. La différence avec les professionnels du Canadien, c’est que les Gars de Verdun paient 430 dollars par saison pour couvrir les frais de location de glace et d’arbitrage. "C’est sûr que ça entre un peu en ligne de compte, je ne peux pas les engueuler s’ils perdent ou les faire "bencher" trop longtemps. Mais en même temps, je leur ai dit, en acceptant le poste, que je les mènerais au championnat et je m’attends à ce qu’ils prennent ça au sérieux", dit celui qui s’appuie, entre autres, sur la biographie de Ken Dryden pour élaborer son style de coaching. Il faut effectivement que ce passe-temps frôle l’engagement pour se coucher tous les dimanches à 1 h du matin, avec le sentiment du loisir accompli!
Lundi, 0 h 15, Auditorium de Verdun
Au même moment dans l’autre vestiaire, Antonin Gosselin-Brisson célèbre la victoire de son équipe contre les Gars de Verdun. Fondateur de la ligue qui porte son surnom, Tony n’avait jamais joué dans une équipe de hockey avant d’être le capitaine des Troopers. "Ça me manquait, c’est comme un rêve de petit gars que je réalise avec cette ligue de garage!" Il y a deux ans, il a rassemblé les joueurs de hockey de son entourage et des amis de ses amis pour former six équipes qui s’affrontent lors de 24 matchs, en plus des séries éliminatoires. L’entreprise a connu un tel succès qu’il a réussi à avoir accès à de meilleures glaces cette année, dont celle du Junior de Montréal à Verdun. "L’avantage, c’est que chaque équipe a un certain lien avec les autres, c’est donc amical même si on joue du bon calibre", explique le fondateur de la Tony Hockey League, savourant encore sa victoire tout en reconnaissant le travail colossal de l’entraîneur adverse, le seul coach de la ligue!
Pendant ce temps chez les filles
Si la place des filles est la plupart du temps dans les estrades quand il est question de ligues de garage, sachez que les organisations plus importantes comme la MHL Nord accueillent aussi une division féminine. Cette année, sept équipes de femmes se font la lutte pour le titre de championne, mais l’an prochain, on compte bien augmenter le nombre à douze. "Je sens qu’il y a un engouement pour ce sport, et l’avantage de notre ligue, c’est qu’on a plusieurs heures de glace intéressantes parce qu’on représente 160 équipes en tout", explique Sandra Éthier, coordonnatrice pour le hockey féminin. Celle qui a commencé à jouer il y a sept ans se rappelle que ses débuts n’ont pas été glorieux. "Je n’étais vraiment pas une très bonne joueuse, mais depuis deux ans, je suis gardienne de but et j’adore ça!" Il y a une bonne mixité entre les débutantes et les joueuses plus expérimentées puisque certaines filles ont même joué pour Équipe Canada. La meilleure façon d’intégrer la ligue est de s’inscrire comme substitut ou de former carrément une équipe pour la prochaine saison.
Va jouer dehors
Pour une expérience différente et surtout moins coûteuse, il est possible de réserver gratuitement du temps de glace sur l’une des nombreuses patinoires extérieures de Montréal. Pour ce faire, il faut demander un permis au service des loisirs de l’arrondissement en envoyant une demande formelle dans laquelle on précise le nombre de joueurs impliqués et la période de temps désirée.
Les Gars de Verdun: Page Facebook: Les Gars de Verdun
Ligue MHL: www.mhl-hockey.com
Pour réserver une patinoire extérieure: Communiquer avec le service des loisirs de votre arrondissement. www.ville.montreal.qc.ca