Alors que le cocooning des années 1990 faisait de la maison un refuge pour s’abriter des turbulences du monde extérieur, le hiving consacre, depuis cinq ou six ans, un besoin d’ouverture sur le monde… à partir de chez soi. "On retrouve le plaisir d’être ensemble et de partager des valeurs authentiques, loin des échanges virtuels de Facebook ou Twitter. Dans les années 1990, on allait au restaurant; aujourd’hui, on s’invite à la maison les uns les autres", constate Christian Bélanger, Personnalité de l’année 2010 au Salon international du design d’intérieur de Montréal (SIDIM) et lauréat du prix hommage Pierre-Pagé des prix Intérieurs / Ferdie 2009.
Décloisonner les espaces
Cette nouvelle perspective a profondément modifié la perception de l’intérieur résidentiel, qui devient un lieu d’interactions sociales et d’expérimentation. La salle de bain se mute en lieu de vie et les cloisons qui séparaient la cuisine du salon et de la salle à manger disparaissent. Au coeur de ce vaste espace ouvert, la cuisine devient le point névralgique autour duquel s’articulent toutes les activités d’échanges. Comme le souligne Christian Bélanger, "c’est là que tout commence: on y prend un verre, on discute, on participe même à l’élaboration du repas en donnant son avis ou en évoquant une émission culinaire qu’on a vue".
Par conséquent, la conception traditionnelle de la salle à manger tend à disparaître. "On ne doit plus sacrifier au cérémonial du repas assis. On va manger dans le salon en regardant un DVD ou simplement sur l’îlot de la cuisine", note Christian Bélanger. Du même coup, de pièce fermée, la salle à manger devient une sorte d’extension de la cuisine qui ne va pas être associée exclusivement aux repas, mais peut servir de table de jeu ou de bureau d’appoint. Pourtant, elle ne disparaît pas pour autant.
Plaisirs de la table
D’aucuns annonçaient la mort de la salle à manger. En fait, elle s’est transformée en un espace plus fluide qui propose une véritable expérience gastronomique fondée sur l’échange et la découverte. "On se surpasse; on fait plusieurs plats; on soigne sa présentation; on redécouvre le plaisir de rester à table plus longtemps", souligne Christian Bélanger. Alors, plutôt que d’être associée à une pièce, la salle à manger se limite à sa quintessence: la table. "On revient à la grosse table rectangulaire pour huit à dix personnes, qui permet à tout le monde d’échanger et d’avoir plus facilement accès aux plats", indique le designer.
Même si elle se réduit à sa plus simple expression, la salle à manger devient aussi plus confortable. "Les chaises ont désormais des accoudoirs et l’éclairage propose des nuances d’intensité permettant de créer une ambiance particulière", confirme Christian Bélanger. C’est encore plus vrai avec l’arrivée des Fêtes de fin d’année. C’est l’occasion de se retrouver et de se faire plaisir. Car, comme le dit le designer, "en redécouvrant le rituel du repas, on réinvente une façon de communiquer autour de l’idée de plaisir".