AVANT L’INCENDIE
Bien avant que le centre-ville de Sherbrooke devienne un agglomérat de restaurants de tout acabit (de la cantine à la fine cuisine), le Pizzicato y avait son enseigne. "Au départ, il n’y avait que le pub Chez Ronnie, le Bla-bla et moi, confirme François Pichette. Le mouvement n’était pas vers le centre-ville. C’était "Go west!""
De 1994 jusqu’au fameux incendie d’août 2009, le resto aux pizzas fines et carrées a partagé un mur avec la Maison du cinéma. "Quand j’ai vu ce local pour la première fois, j’ai compris que j’allais avoir un restaurant. Le lieu me parlait; il avait une âme." De 40 places, l’endroit est rapidement passé à 80. "Encore là, on manquait souvent de places. Toutefois, il n’y avait pas un autre resto qui faisait des tablées comme les nôtres et qui se libérait complètement à 19h, juste à temps pour les films. C’était remarquable."
Au-delà de la localisation, différents facteurs contribuaient à l’ambiance urbaine de ce resto chouchou des Sherbrookois, où régnait un joyeux brouhaha. "Pour la musique, c’était les trois B: Brel, Bach et Brubeck. Quant au staff, il a toujours fait partie de l’équation." Mais la principale constante du Pizzicato relève de son menu. "Les pâtes sont arrivées en 1997. Avant, ce n’était que des pizzas avec une ou deux salades, plus deux sortes de bouteilles de vin. D’ailleurs, la carte des vins, c’est la seule affaire qui a changé au fil des ans…"
APRÈS L’INCENDIE
On ne doit pas changer une formule gagnante. Ainsi, 18 mois après l’incendie, le Pizzicato a rouvert ses portes dans un nouveau local, à quelques mètres du précédent. C’est plus grand, mais chaque section (le rez-de-chaussée, la mezzanine et la "cave") propose une intimité comparable à celle d’autrefois. L’ambiance y est jazzée, surtout grâce au pianiste Sylvain Daigneault, qui y joue du jeudi au samedi accompagné d’amis musiciens.
Alors que les restaurateurs vantent habituellement leurs nouveautés afin d’attirer les foules, François Pichette claironne que rien n’a changé… "Pour moi, "rien n’a changé", ça veut dire: "Venez me rejoindre. Ça fait un an et demi qu’on ne s’est pas vus!"" Les anciens habitués ont bien saisi l’invitation. "Il y a des gens qui venaient le même jour, à la même heure et qui s’assoyaient toujours à la même place pour manger la même chose. Des clients comme ça, il y en avait plein, et ils sont pas mal tous venus depuis l’ouverture… Ils cherchent encore leur place par contre!"
Le seul "scandale" au menu: l’absence du plat des trinettes, ces pâtes qui ressemblent à des retailles de lasagnes! "Des trinettes, il n’y en a plus! Pas capable d’en trouver. Il n’y en avait déjà plus avant l’incendie. Là, j’ai une nouvelle marque de pâtes qui s’en vient. C’est la plus vieille compagnie de pâtes italiennes. J’ai dit au gars que s’il me trouvait des trinettes, je signe pour 10 ans!"
Si la stabilité est de mise pour la réouverture, François Pichette promet quelques surprises une fois la période de rodage complétée. "Je ne voulais pas quelque chose de fini. La cuisine est équipée pour que je puisse arriver avec du nouveau dans six mois. Le menu va évoluer. D’ailleurs, le poulet s’en vient."
Pizza, pâtes et poulet? Une nouvelle triangulation qui devrait trouver sa place dans un centre-ville de Sherbrooke dynamique comme jamais quant aux propositions gastronomiques. "J’ai toujours cru au centre-ville; je ne me suis jamais vu ailleurs qu’ici."
Pizzicato
47, rue King Ouest, Sherbrooke
819 575-4335