"Ça a déjà été la mode et ce l’est de moins en moins, cette idée que chacun passe son checkup annuel, tranche d’emblée le Dr Serge Dulude, directeur planification et régionalisation à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Pourquoi un jeune homme ou une jeune femme athlétiques de 25 ans devraient-ils passer un examen annuel? Il n’y a pas de raison pour justifier cela. L’approche s’est personnalisée ces dernières années vers les examens périodiques: l’enfant sera vu à 2, 4, 6 et 12 mois, puis à 5 ans; le jeune adulte sera vu lors de la contraception; la femme enceinte sera suivie; certains examens comme la mammographie sont indiqués après 50 ans, etc."
Pour les soucis de santé qui pourraient survenir dans les intervalles, les examens et analyses se font de manière beaucoup plus ciblée, précise Dr Dulude. "Je vais vous donner une image qu’un patron m’a déjà servie: en médecine, tu peux aller à la pêche et tendre ta ligne à l’eau sans voir le poisson que tu vas attraper ou si tu vas attraper quelque chose. Si tu vas à la chasse, tu vois le gibier et ce que tu veux aller chercher. La médecine actuelle cible ce qu’elle veut aller chercher: les médecins suivent des lignes directrices bien définies selon l’âge, le sexe, le poids, les facteurs de risque, les antécédents, etc."
L’argument économique joue aussi en défaveur de l’examen annuel pour tous. "Il y a le point de vue du patient qui manque une journée de travail, qui engage une gardienne, sans parler du stress qui y est associé… et il y a un coût pour le système aussi. Dans les années 70, on hospitalisait les gens pour leur bilan de santé! Évidemment, on ne voit plus ça de nos jours…"
"De nos jours", le Québec vit une pénurie de médecins de famille sans précédent, et c’est à eux que revient ordinairement les bilans de santé… "Ce n’est pas évident aujourd’hui de trouver un médecin de famille. C’est un véritable travail d’enquête auprès de ses proches, de son voisinage, des appels dans les CLSC, les CSSS. On peut aussi faire appel aux guichets d’accès."
"Par ailleurs, il y a aussi des cliniques avec laboratoires qui fonctionnent par système privé et qui font des bilans VIP. Je ne porte pas de jugement là-dessus, certaines personnes ont les moyens de se l’offrir ou se le font offrir par leur entreprise. Ça rend service, c’est indéniable, mais à la Fédération, nous croyons au service public et nos efforts vont en ce sens."
Cliniques privées
C’est justement sur les facteurs de la rapidité et de la qualité du service que misent principalement les cliniques privées offrant des bilans de santé, tel que le souligne Fadila Remmouche, directrice de la Clinique de médecine industrielle Brunet. "Entre cinq minutes avec un médecin qui vous pousse pratiquement hors de son bureau alors que vous lui posez encore des questions et une heure de consultation complète, certaines personnes préfèrent la seconde option", plaide-t-elle. Desservant majoritairement les entreprises (à 90 %), cette clinique offre un service des plus personnalisés. Lors du rendez-vous (qui se fixe dans un court délai), le patient subira dans un premier temps les prélèvements de la FSC ou formule sanguine complète et une analyse d’urine. Un petit-déjeuner lui sera ensuite servi dans une salle avec journaux et téléviseur. Suivent les tests de dépistage qui comprennent l’optométrie, l’audiométrie, la spirométrie, l’électrocardiogramme et la radiographie pulmonaire. Un bilan biochimique et lipidique sera dressé, en plus de la mesure de la taille, des signes vitaux et de la masse corporelle. L’infirmière révisera les résultats le lendemain et fixera un rendez-vous avec le médecin le jour suivant. "Les personnes âgées de 50 ans et plus devraient faire un bilan de santé annuel, alors que les adultes en bonne santé de moins de 50 ans peuvent le faire une fois tous les deux ans", recommande pour sa part Mme Remmouche qui a constaté que "dans 75 % des cas, le médecin recommande une nutritionniste, en raison des taux de lipides et de glucose alarmants".
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec: 514 878-1911, fmoq.org
Service Info-Santé: 8-1-1
Réseau des CSSS: msss.gouv.qc.ca/reseau/rls/
Clinique de médecine industrielle Brunet: 315, boulevard Brunswick, bureau 303, Pointe-Claire, 514 630-7450, groupesantebrunet.com
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Sans médecin de famille
Deux millions de Québécois seraient sans médecin de famille. Ces patients orphelins devront prendre leur mal en patience puisqu’il faudra encore quelques années pour remédier à la situation. On suggère à ces familles de se tourner vers les cliniques-réseau, encore méconnues d’une grande partie de la population. Celles-ci sont situées partout à Montréal et sont ouvertes sans rendez-vous, sept jours sur sept, douze heures par jour (huit la fin de semaine). Des services de prélèvement sont offerts sur place. santemontreal.qc.ca
Les Centres de santé et de services sociaux (CSSS) peuvent aider les personnes vulnérables à se trouver un médecin de famille en priorité. Ils aideront les personnes âgées de plus de 70 ans, souffrant d’une maladie chronique (diabète, hypertension, cancer), les femmes enceintes ou les personnes recevant un congé de l’hôpital et nécessitant un suivi médical.
msss.gouv.qc.ca/reseau/rls/