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Sonia Géant et Jany Rosello Paré / Fanamanga : Fanamanga

Lieu hybride, éclaté, animé, Fanamanga rassemble les passionnés de culture populaire japonaise et attire ceux qui rêvent de la découvrir. Discussion au kotatsu (table basse chauffante munie d’une épaisse couverture) avec les deux proprios nippophiles, Sonia Géant et Jany Rosello Paré.

Voir: Fanamanga, en quelques mots, c’est quoi?

Jany Rosello Paré: "C’est Tokyo à Québec. D’abord, c’est une boutique qui touche à plusieurs domaines: mangas, produits dérivés, friandises, vêtements de type mode de rue Harajuku (gothique, lolita). On est notamment les seules au Canada à vendre les produits dérivés des Johnny’s, une compagnie qui "crée" des boys bands. C’est aussi un snack japonais, car on offre des repas rapides faits maison (des boîtes bento et des onigiris, sortes de sandwichs dans une feuille d’algue). Et c’est surtout un lieu de rencontre."

Sonia Géant: "Le bar à bubble tea amène une clientèle différente. Il y a une vie trépidante de soir ici, ce n’est pas une boutique qui ferme à 17h30. Les jeunes se rassemblent autour du kotatsu. Et la cabine de karaoké attire beaucoup de gens qui viennent faire la fête. On veut que ce soit aussi vivant que peut l’être Tokyo la nuit."

Comment a commencé l’aventure Fanamanga?

S.G.: "Jany et moi, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses qu’on aimait du Japon et qu’on n’était pas capables de trouver à Québec. De fil en aiguille, on s’est dit qu’on pourrait monter quelque chose où on trouverait tout ce qu’on cherche."

J.R.P.: "Et grâce à Internet, on a réalisé qu’il y avait une cybercommunauté de gens qui nourrissaient cette passion pour le Japon. Mais on ne travaillait vraiment pas dans ce domaine, alors ça a été une aventure de A à Z. Au début, on était un peu perçues comme deux hurluberlues; le projet semblait farfelu sur papier. Mais les gens ont cru en nous. Après trois ans de préparation, on a finalement ouvert en août 2010, et ça a été un succès instantané!"

Avez-vous la plus grande sélection de mangas à Québec?

S.G.: "Non, mais notre sélection diffère des autres car elle est basée sur les mangas qu’on connaît, qu’on apprécie."

Vos préférés?

S.G.: "La petite forêt et Mushishi."

J.R.P.: "Moi aussi j’adore Mushishi, c’est très contemplatif, poétique. Et la série du moment, Black Butler, mordante et drôle."

Quel est le répertoire du karaoké?

J.R.P.: "Ça ratisse large, il y a environ 12 000 chansons. On a un répertoire japonais, coréen, chinois et vietnamien, mais aussi américain et anglais, récent et plus ancien. Les gens peuvent chanter autant la dernière pièce de Lady Gaga que du Abba ou des Beatles."

S.G.: "Le seul hic, c’est que comme le système est asiatique, il n’offre pas la possibilité de télécharger des pièces en français. Mais on travaille là-dessus."

Vos vêtements sont-ils importés du Japon?

J.R.P.: "Il y a de l’importation, mais certains sont faits ici à Québec, notamment ceux de la griffe Putré-Fashion de la designer Isabelle Drolet, très collés au gothisme japonais. On tenait à collaborer avec des jeunes du coin. On a aussi des exclusivités, comme les chaussures japonaises à deux orteils."

S.G.: "Et les chaussettes assorties, évidemment, sinon vous serez bien embêtés!"

Quelles répercussions a eues la récente tragédie au Japon chez Fanamanga?

S.G.: "Plusieurs personnes sont venues se réfugier ici le jour du tsunami. On a arrêté de diffuser des vidéoclips japonais pour se brancher sur les nouvelles en continu… Je crois qu’on a offert une forme de réconfort. D’ailleurs, on va bientôt s’organiser pour recueillir des fonds."

Pourquoi vous êtes-vous installées dans Saint-Roch?

J.R.P.: "On ne se voyait pas vraiment ailleurs. C’est dynamique, jeune, on sent que l’effervescence monte. Tout est mélangé: les arts, la technologie, les couches socioculturelles… On cadre bien ici. On est une curiosité, jusqu’à un certain point."

S.G.: "On ne cherchait pas un coin qui nous apporterait une clientèle riche, on voulait simplement ouvrir un endroit où chacun se sentirait à l’aise d’entrer. On voulait vraiment s’intégrer, ne pas être en retrait, et je pense qu’on a réussi. Ça colle. Et les gens sont extraordinairement gentils."

Vous avez de bons commentaires?

S.G.: "Énormément! Beaucoup de gens qui sont déjà allés à Tokyo nous disent que ça sent pareil, que ça goûte pareil… Les Japonais nous le confirment aussi. C’est notre plus belle reconnaissance."

J.R.P.: "Et plusieurs clients qui ne sont jamais allés au Japon nous disent: "On dirait que je suis dans Lost in Translation." Surtout à cause de la cabine de karaoké… De beaux compliments, en somme!"

Fanamanga
383, rue du Pont
418 614-5052
www.fanamanga.com