"Le plus important lorsqu’on vit avec une allergie alimentaire, c’est de briser l’isolement. Il faut entretenir son réseau social, en parler ouvertement avec ses amis et bien s’organiser pour ne pas s’empêcher de faire les mêmes activités que les autres", mentionne Stéphanie Pernice, nutritionniste spécialisée en communication à l’Association québécoise des allergies alimentaires (AQAA). C’est le défi de taille que doivent relever quelque 300 000 Québécois qui souffrent d’une allergie alimentaire.
Selon une récente étude, les cas d’allergies alimentaires auraient augmenté de 18 % en 10 ans. Bien que les recherches soient nombreuses, on nage encore dans l’inconnu en ce qui a trait aux causes de cette hausse. Certaines hypothèses pointent du doigt les sociétés industrialisées, qui sont plus aseptisées qu’auparavant. Notre ouverture de plus en plus grande envers le monde ainsi que l’intégration de nouveaux aliments dans notre assiette pourraient également offrir une piste. L’arrivée croissante de produits transformés sur le marché n’aide pas non plus la communauté allergique. "Une personne allergique doit éviter le plus possible les produits transformés, car ils peuvent contenir des allergènes masqués, c’est-à-dire que le produit peut avoir été en contact avec l’allergène pendant le processus de transformation", mentionne la diététiste Catherine Lefebvre, auteure du livre Les carnivores infidèles (Éd. Cardinal).
Intolérance vs allergie
Il ne faut pas confondre "intolérance" et "allergie". Par exemple, certaines personnes sont intolérantes au lactose, ce qui ne signifie pas qu’elles sont allergiques au lait. "Ces personnes manquent d’enzymes qui servent à digérer le lactose. Les gens allergiques au lait, eux, font une réaction immunitaire face à une protéine du lait", mentionne Catherine Lefebvre. Il est donc important de consulter un spécialiste lorsqu’on soupçonne une allergie alimentaire. Il faut éviter de s’autodiagnostiquer et d’éliminer sans raison de notre diète des aliments qui peuvent constituer une source importante de vitamines.
Principaux allergènes
ARACHIDES: L’arachide est l’allergène numéro un dans la Belle Province. C’est si important que les écoles ont adopté des politiques de collations et repas "sans arachides". Ces petits "pois de terre" ne peuvent donc plus se retrouver dans la boîte à lunch des écoliers. "Ce qu’on souhaite à l’Association, c’est que les écoles soient dotées d’un plan uniformisé, que tous les établissements aient en leur possession un auto-injecteur et que des membres du personnel soient formés pour l’utiliser en cas de besoin", explique Stéphanie Pernice de l’AQAA.
Substitution: L’arachide n’est pas un aliment essentiel, mais si l’on désire la remplacer, il est possible de tartiner notre pain de beurre de soya ou de garnir nos recettes de graines de soya.
LAIT: De 2 % à 5 % des bébés sont allergiques au lait. Toutefois, c’est une allergie qui disparaît très souvent vers l’âge de 5 ou 7 ans. Lorsqu’on est allergique au lait, on réagit à la protéine contenue dans le lait: la caséine. Elle se retrouve également dans les fromages.
Substitution: La boisson enrichie de soya ou de riz constitue une source alternative de calcium. On retrouve également cet important minéral dans certains légumes feuillus et dans le saumon en conserve avec les os et les arêtes.
OEUFS: Certaines personnes sont allergiques aux oeufs crus seulement et peuvent tout de même manger de petites quantités d’oeufs cuits. Toutefois, certains allergènes contenus dans les oeufs résistent à la chaleur.
Substitution: Les oeufs sont très commodes pour servir de liant en pâtisserie. Osez la purée de bananes ou la purée de graines de lin pour donner du moelleux à vos desserts. Pour ce qui est de faire lever un gâteau, plus de poudre à pâte suffit.
BLÉ: Il ne faut pas confondre l’allergie au blé et la maladie coliaque, soit l’intolérance au gluten. Les personnes atteintes de la maladie coliaque réagissent au blé, au seigle, à l’avoine, à l’orge et au triticale. Les produits "sans gluten" vont donc convenir aux personnes allergiques au blé.
Substitution: Avec la variété de produits importés qui existent maintenant sur le marché, les substitutions au blé sont nombreuses. On n’a qu’à penser aux nouilles de riz ou de quinoa, aux tortillas de maïs ou de grains entiers.
POISSONS/FRUITS DE MER: L’allergie aux fruits de mer ou aux poissons se développe souvent à l’âge adulte.
Substitution: Pour retrouver les précieux oméga-3 contenus dans le poisson, on peut se tourner vers une source végétale comme la graine de lin. Certains produits contiennent des oméga-3 ajoutés, mais il faut être très prudent et bien lire les étiquettes car cet ajout est plus souvent qu’autrement de l’huile de poisson.
Information /
Association québécoise des allergies alimentaires: 6020, rue Jean-Talon Est, bureau 315, Montréal, 514 990-2575, www.aqaa.qc.ca
Santé Canada: 1 866 225-0709, www.sc-hc.gc.ca
Blogue de Catherine Lefebvre, diététiste spécialisée en allergies alimentaires: www.lethnogourmande.com
Pour répondre à vos questions, allergologues, nutritionnistes et chefs seront présents au Colloque de l’AQAA, le 28 mai à l’hôtel Delta Montréal. www.aqaa.qc.ca