"On s’est dit que si l’on arrivait à relever le défi du climat changeant de Montréal, ensuite, on pourrait le reproduire dans n’importe quelle autre ville d’Amérique du Nord", raconte Mohamed Hage, fondateur des Fermes Lufa dont le rêve est de voir pousser un peu partout d’autres serres comme celle qui se retrouve sur un toit de la rue Antonio-Barbeau, près du Marché Central. Tout ça a commencé quand Mohamed a voulu marier sa connaissance de la technologie avec son amour de l’agriculture. Libanais d’origine, il a grandi dans un village où les potagers étaient omniprésents. Doté d’une formation en informatique, il s’est donné comme défi d’utiliser son savoir-faire technologique pour améliorer l’agriculture urbaine et la rapprocher du consommateur. Et le défi était grand: ériger une serre de 31 000 pieds carrés sur un toit et y faire pousser des légumes à longueur d’année, tout en s’assurant d’une méthode d’agriculture responsable. Aujourd’hui, quatre ans de recherche et d’expérimentation plus tard, les produits de la première récolte des Fermes Lufa viennent tout juste d’être distribués aux clients.
Agriculture responsable
Construire une serre sur un toit comporte son lot d’embûches. "Pour moi, c’était tout naturel de construire la serre sur un toit. C’est l’agriculture de l’avenir, il ne reste que les toits comme espace libre dans les villes pour faire des serres urbaines", explique Mohamed. Il fallait tout de même trouver un immeuble dont le zonage permettait d’y ajouter cette structure sur le toit. Plusieurs mois suivirent à naviguer sur Google Earth afin de repérer le toit parfait.
Dès que l’on entre dans les serres Lufa, on constate les normes strictes qui doivent être respectées afin de ne pas nuire aux plantes. Les visiteurs doivent passer à la station de lavage des mains et rincer légèrement leurs chaussures pour être certain qu’ils ne viendront pas contaminer les plants. "On n’utilise aucun pesticide, herbicide ou fongicide. Tout s’effectue par contrôle biologique. Par exemple, on va intégrer volontairement certains insectes qui aident à en contrôler d’autres qui, eux, sont nuisibles", explique Mohamed. Les serres sont munies de systèmes de récupération de l’eau de pluie pour l’arrosage et on y recycle l’eau irriguée, ce qui évite que les nutriments des plantes se retrouvent ensuite dans les lacs et rivières, causant entre autres la formation des fameuses algues bleues.
Redéfinir la fraîcheur
L’objectif de cultiver des légumes qui seront consommés le plus frais possible et qui auront fait peu de kilomètres de la ferme jusqu’à l’assiette fait aussi partie de la philosophie d’agriculture responsable des Fermes Lufa. "Comme nos produits sont livrés dans un rayon maximal de 5 km, nous n’avons pas besoin de les rendre plus résistants en y ajoutant des OGM. On peut se permettre de cultiver des variétés plus goûteuses mais plus fragiles, puisqu’elles n’ont pas à endurer la réfrigération et le transport", explique Kurt Lynn, responsable du marketing de l’entreprise. Les légumes Lufa sont livrés trois à quatre heures après leur cueillette. "Je pense sincèrement qu’on redéfinit le mot fraîcheur quand on parle de nos produits", mentionne Mohamed Hage.
Des serres à votre assiette
Pour goûter aux légumes des serres Lufa, il faut d’abord s’inscrire sur le site Web afin de recevoir un panier. Les serres proposent des produits multiples comme différentes variétés de tomates, de verdure, des poivrons, des aubergines, des bok choys et des concombres. Les paniers sont ensuite distribués à des points de chute à travers la métropole, où le client peut venir les récupérer.
Ne soyez pas surpris de déguster des légumes Lufa aux plus grandes tables de la ville! L’entreprise a rencontré plusieurs chefs montréalais qui sont intéressés à les intégrer à leur menu. Parmi eux, Marc-André Royal, chef-propriétaire du St-Urbain et de la boulangerie La Boîte à pain: "J’aime bien le concept de cette agriculture moderne, locale et responsable. Ce sera également très pratique pour s’approvisionner en produits frais cet hiver, une saison lors de laquelle c’est beaucoup plus difficile pour nous, les chefs, de trouver cette qualité d’aliments", explique Marc-André. Le chef dont le resto se situe à moins de 1 kilomètre des serres va également offrir un point de chute pour les paniers fraîcheur à sa boulangerie. Le chef du DNA, Derek Dammann, est lui aussi emballé par le projet. Réputé pour sa cuisine originale, il a déjà l’intention de commander des variétés de légumes exclusives afin d’épater ses clients!
Fermes Lufa: 514 669-3559, www.lufa.com
Visitez le site des Fermes Lufa pour consulter la liste de points de chute toujours en pleine expansion.