Vie

La ville est musique

La fièvre des séries passée, la folie des festivals approche à grands pas pour transformer Montréal en une scène à ciel ouvert. On peut repiquer le slogan des Glorieux sans gêne en affirmant que la ville n’est plus hockey: la ville est musique.

Pas besoin d’être musicien dans la vague des Arcade Fire et autres groupes qui ont fait la renommée artistique de Montréal pour y vivre en musique. En voici la preuve en quelques lieux urbains où la musique est reine.

Se balancer en musique

À tout seigneur tout honneur, l’ADN musical de la ville prend maintenant racine au coeur du Quartier des spectacles sur cette place des Festivals qui fait office de temple pour les mélomanes. En attendant les premières prestations des FrancoFolies, la musique se manifeste par le biais d’une nouvelle installation artistique sur le boulevard De Maisonneuve. Pour enterrer le concerto des travaux à la nouvelle Adresse symphonique, les passants peuvent s’arrêter sur des balançoires sonores installées sur le terre-plein. 21 balançoires, des artistes Mouna Andraos et Mélissa Mongiat, est un projet qui vise la coopération musicale. Les gens qui y prennent place déclenchent différentes notes selon la manière dont ils se balancent. Pour arriver à une certaine musicalité, il faut donc la collaboration des autres personnes qui se trouvent à nos côtés. Chaque balançoire représente un instrument différent, mais il n’y a aucun chef d’orchestre!

33 tours en ville

À l’ère des iPod et autres lecteurs MP3, le disquaire indépendant Phonopolis fait figure de résistant en préférant l’expérience de groupe à l’individualisme musical. On y organise des listening parties, des séances d’écoute pour un nouveau disque particulièrement attendu. Une vingtaine de personnes y prennent habituellement part, comme l’explique la disquaire Celia Perrin-Sidarous: "Il y a deux semaines, nous l’avons fait pour la nouveauté de tune-yards. Juste avant d’entamer l’écoute du disque, nous avons lu un courriel qu’elle nous avait fait parvenir pour ses admirateurs." Il n’est pas rare que des artistes viennent également jouer dans la boutique, comme ce sera le cas de Jennifer Castle le samedi 14 mai. Outre ce genre d’activités, la survie de ce magasin de disques à l’ère numérique tient avant tout à son large éventail de vinyles. "De plus en plus d’artistes sortent leur album en version CD puis en version 33 tours. Nous avons développé une spécialité dans ce rayon." Après avoir fait le plein d’albums, rendez-vous à La Quincaillerie (bar avantageusement situé à deux pas de La Banquise) pour partager vos goûts musicaux tous les mardis à la soirée Apporte ton vinyle. Une platine est à la disposition des disc-jockeys d’un soir.

1-2, 1-2, test micro

À voir la popularité des auditions pour Star Académie, force est d’admettre que plusieurs Québécois sont dotés d’un organe vocal mélodieux (ou d’une oreille musicale déficiente, c’est selon). Cette réalité est proportionnelle au nombre de bars karaoké dans la métropole, qui ont tous leurs habitués. Que ce soit l’Astral 2000 rue Ontario ou Chez Françoise rue Sainte-Catherine, on ne sait jamais comment la soirée va finir ni avec quels spécimens sur la scène. Ceux qui préfèrent se réserver à un public plus restreint seront bien servis dans l’intimité des cabines du Pang Pang rue Mackay, dans la pure tradition asiatique du karaoké. Les plus romantiques se tournent plutôt vers l’aspect authentique des soirées à micro ouvert, communément appelées open mic dans la langue de Shakespeare. Si la tradition est bien établie chez les anglos, le Arts Café, avenue Fairmount, propose une soirée "franglais" (ou "Molespeare") tous les mardis. Les aspirants artistes doivent trouver le courage de s’inscrire à 19h30 pour une performance à 20h.

Concerto métro

Saviez-vous que les trois petites notes entendues avant le départ des trains de métro sur certaines lignes sont le fruit d’une opération du système électrique? Ce sont les hacheurs de courant qui libèrent à faible dose le voltage nécessaire pour faire avancer le train. Pour toute autre trame sonore, ce sont les musiciens du métro qu’il faut remercier. Soixante-cinq emplacements leur sont réservés dans les stations du réseau. Difficile de repérer les meilleurs musiciens puisque leur lieu n’est pas garanti. Tous les matins dès 5h, ils doivent se rendre sur place pour réserver une plage horaire dans la journée. Les stations Berri-UQAM et Jean-Talon sont parmi les plus prisées pour leur achalandage. "Ça ne veut pas dire que le musicien sera meilleur, il y en a qui réservent tôt, mais qui arrivent avec un chaudron et une cuiller de bois. À l’opposé, un excellent musicien peut choisir de répéter dans une station de métro plutôt qu’à la maison et il ira dans une station plus calme comme Plamondon", explique le président du Regroupement des musiciens du métro de Montréal, Stéphane Lemieux. Au-delà du son des pièces de monnaie qu’on lui lance, ce qu’il aime le plus, c’est de voir un passant retirer ses écouteurs. "On devrait avoir une redevance sur la vente d’écouteurs, ça nuit beaucoup au travail des musiciens du métro!"

21 balançoires: boulevard De Maisonneuve, entre Saint-Urbain et Jeanne-Mance, www.quartierdesspectacles.com

Phonopolis: 207, avenue Bernard Ouest, 514 270-4442, www.phonelopie.blogspot.com

Astral 2000: 1845, rue Ontario Est, 514 523-1447

Bar Chez Françoise: 3785, rue Sainte-Catherine Est, 514 527-8198

Bar Karaoké Pang Pang: 1226, rue Mackay, 514 938-8886

Arts Café: 201, avenue Fairmount Ouest, 514 274-0919, www.artscafemontreal.com

Regroupement des musiciens du métro de Montréal: 514 729-MUSI, www.musimetromontreal.org